Les réactions sont vives à Alma au lendemain de la diffusion du reportage de TVA Nouvelles sur ce contrat de Rio Tinto pour une aluminerie du Moyen-Orient.
La population comprend mal la logique de la compagnie d'aider un compétiteur, quand elle déplore l'état du marché mondial.
Alma attend depuis des années la réalisation des phases 2 et 3 de son aluminerie.
«J'ai travaillé à la construction de la nouvelle usine (en 1999), et on nous disait que ces deux phases se réaliseraient rapidement», mentionne une Almatoise
Rio Tinto fabrique depuis deux semaines un équipement qui va permettre à un compétiteur, l'aluminerie Alba du Bahrein, au Moyen-Orient, d'augmenter sa production.
Ce contrat, largement lucratif, semble contredire le message que Rio Tinto martèle depuis des années à savoir que le marché mondial est trop faible pour avancer Alma 2 et 3.
«On n'est pas fou, là...On voit bien qu'ils essaient de nous en conter», ajoute une autre résidente d'Alma.
«Il y a une apparence d'incohérence entre le discours et les actions de la compagnie», note l'économiste Gilles Bergeron.
Le maire d'Alma, Marc Asselin, qui faisait pression sur l’entreprise il y a deux semaines avec le syndicat et le député Alexandre Cloutier, se range aux arguments de la multinationale.
«Ce qu'on me dit, c'est qu'il n'y a qu'en Chine et au Moyen-Orient que des alumineries se construisent. Le contexte n'est pas favorable ici. Je dois me fier à leur expertise.»
L'Association de l'aluminium du Canada rappelle qu'Alba est une société d'État, et affirme que Rio Tinto ne se tire pas dans le pied.
«On n'est pas sur un ilot», relève son directeur-général Jean Simard. «Le Québec a tout intérêt à exporter son savoir et sa technologie.»
L'association soulève un autre point qui freine, selon elle, les phases 2 et 3 d'Alma: les coûts de construction.
Les coûts, en Chine, sont 25% de ceux du Québec», signale M. Simard.
«Dans le contexte actuel, avec un prix de l'aluminium en bas de 2000 dollars la tonne, une surcapacité de production et les pratiques de la Chine, il n'y a pas d'intérêt à le faire à ce moment-ci.»
«Si l'entreprise fixe elle-même des conditions difficiles à atteindre, elle ne prendra jamais le risque d'investir. D'autres le font, pourtant!», déplore Gilles Bergeron.
Selon Jean Simard, si Rio Tinto avait refusé le mandat d'Alba, elle aurait privé Alma d'une importante rentrée d'argent.
Aide à un compétiteur étranger
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