Lettre d'une religieuse québécoise

Les signes religieux apparents dressent un mur

Tribune libre

“Charte des valeurs québécoises - Adieu coiffe, voile, corset, cape, capuche, etc.!”
“Après avoir cru que ce malaise de notre société face au religieux était réglé, voilà qu’aujourd’hui il se présente à travers le phénomène de l’immigration. Jusqu’où devons-nous pousser la tolérance ? L’intolérance ? La pierre d’achoppement me semble être moins la religion que l’expression ouverte de cette religion.
Faut-il pour le pays qui accueille accepter maintenant turban, voile, kirpan, burqa alors que l’on a choisi la mise de côté de nos signes religieux ? Nous avons enlevé le crucifix dans les écoles pour ne pas blesser les arrivants d’une autre confession et nous acceptons le voile. Où est la logique ?
Que nous le voulions ou non, les signes religieux trop apparents dressent un mur et créent un malaise. Je sais de quoi je parle. De chaque côté, nous avons des pas à faire pour aller vers l’autre sans provoquer le rejet comme les religieuses d’autrefois. Au fond, ont-elles été perdantes, ces femmes, en mettant de côté coiffe, corset, capuche ?”.
http://www.ledevoir.com/societe/ethique-et-religion/388881/adieu-coiffe-voile-corset-cape-capuche-etc


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1 commentaire

  • Marcel Haché Répondre

    8 octobre 2013

    Imaginez un type en entrevue dans un service de l’Aide Sociale. Une banale entrevue. Imaginez-le subitement contrarié, croyez-moi, à propos de peccadilles. Imaginez-le qui se pompe et se démonte au point d’insister pour rencontrer le supérieur de l’agente, une Tremblay d’Amérique. L’agente s’effraye devant un pareil pompé aussi récalcitrant, elle est un peu comme « en autorité » elle aussi…mais elle est à ce point effrayée devant le pompé qu’elle enclenche les signaux de sécurité prévus dans les salles d’entrevues. Clignotements des témoins avertisseurs partout dans le bureau. Temps mort pour l’effrayée et le pompé, qui attendent ensemble les secours. Lorsque le pompé réalise que le supérieur de l’agente est aussi une femme, chef d’équipe, il se pompe un peu plus mais, se forçant à rester calme, il demande fermement de pouvoir rencontrer cette fois le supérieur du chef d’équipe, qui, hélas pour lui, se trouve également être une femme. (Comme cela arrive très souvent dans la fonction publique du Québec).
    Maintenant, imaginez le même type (et il y en a plusieurs du même type… je sais de quoi je parle) qui revient un autre jour au même bureau du même service de l’Aide Sociale, pour une deuxième entrevue (il y a parfois plusieurs visites nécessaires pour un même client), cette fois pour une toute autre raison que la première. Le type prédisposé à se pomper s’aperçoit, wow-wow-wow, il s’aperçoit, parce qu’il en a vu une parmi le personnel du même bureau, il en a vu une qui passait, il en est certain : il y a dans le bureau une agente de même foi et de même culture que la sienne. Allez savoir, elle provient peut-être du même pays ! Nouvelle demande… nouvelle insistance… en face tout le bataclan de la parlotte et de la langue de bois sur le vivre ensemble… et un service b.s. qui résiste tant bien que mal devant ce qui devient un assaut.
    Imaginez aussi ( parce l’affaire n’est pas du tout, mais pas du tout un one way…) tous les clients Tremblay d’Amérique du même bureau, témoins ce jour-là de ce qu’une agente Tremblay comme eux a déjà vécu auprès d’un pareil pompé, et qui ont bien vu le manège, qui s’en sont eux-mêmes un peu pompés, imaginez ensuite ceux qui, parmi ces témoins un peu pompés, ceux qui vont devoir traiter avec l’agente, celle-là qui affiche si ouvertement sa foi et son accoutrement…
    Vous croyez peut-être que j’exagère ? À peine. C’est exactement cela le problème de Jacques Parizeau : il croit que Nous exagérons un peu, beaucoup, passionnément, qu’il est grand temps que Nous calmions le jeu.
    Mais, clissss, ce n’est pas Nous qui sommes les plus pompés ! C’est précisément la fonction de la neutralité de l’État de faire baisser la température.