La renégociation de l’ALENA ou un conflit entre les Américains et les Mexicains seraient peut-être des occasions parfaites pour que les sociétés d’ici saisissent la balle au bond et se présentent en partenaires commerciaux de choix au Mexique, un pays de 120 millions de personnes où les exportations québécoises atteignent 1,3 milliard.
Ces propos tenus par des observateurs aguerris surviennent alors que le Mexique, irrité par les menaces incessantes du président Donald Trump, affirme ces jours-ci qu’un désaccord entourant les concessions demandées pourrait l’inciter à quitter la table des négociations et rompre lui-même l’ALENA.
« Pour les entreprises québécoises, je vois une belle occasion de combler le vide laissé par les produits américains » si jamais les États-Unis et le Mexique finissaient par s’imposer des tarifs, estime María Morfín-Gutiérrez, maître d’enseignement à HEC Montréal.
Non seulement les PME d’ici devraient étudier les débouchés potentiels pour leurs produits, mais elles devraient aussi penser aux services ou à l’exportation de leur savoir-faire, croit Mme Morfín-Gutiérrez, originaire du Mexique où elle a travaillé comme conseillère en commerce international pour Banco Nacional de México. Puisque le Mexique est une passerelle idéale s’ouvrant sur toute l’Amérique latine, a-t-elle ajouté, il faudrait rapidement étudier l’idée d’un accord bilatéral si jamais l’ALENA connaissait des problèmes.
Que sont les produits exportés ?
Le Québec est en déficit commercial avec le Mexique, qui a expédié ici des produits totalisant 4 milliards en 2015, selon le ministère québécois de l’Économie. Les produits étaient notamment des voitures, des camions pour transport de marchandises, des pièces aéronautiques, des ordinateurs et des récepteurs de télévision. Alors que les exportations québécoises ont crû de façon régulière au cours des dernières années, les importations du Mexique ont évolué en dents de scie.
De son côté, le Québec, qui a effectué de nombreuses missions commerciales depuis les années 1990, y exporte en bonne partie de l’aluminium, des barres en acier, des pièces aéronautiques, des « alkylbenzènes et alkylnaphtalènes » et des pièces automobiles. Selon un bilan du ministère, le Mexique est le quatrième partenaire commercial mondial du Québec, après les États-Unis, la Chine et l’Allemagne.
« Pour plusieurs de nos membres, le Mexique est important. Ce qu’on constate, c’est qu’il y aura peut-être des occasions d’affaires du côté mexicain s’il y a des modifications dans l’entente actuelle », a dit le président de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Stéphane Forget. « C’est le genre de réflexion que les gens se font actuellement. Donc, des occasions d’affaires, peut-être même des acquisitions. »
De manière générale, a dit M. Forget, la FCCQ surveille trois éléments d’incertitude, dont l’ampleur de la renégociation qui pourrait être mise en oeuvre sur l’ALENA, l’idée d’une taxe à la frontière et la réforme fiscale des entreprises proposée par M. Trump. « Ça serait un défi pour les sociétés d’ici, qui ont un régime fiscal assez différent. »
Secteurs divers
Les sociétés québécoises actives au Mexique sont diverses et les missions commerciales portent sur l’infrastructure ou l’agroalimentaire, en passant par l’environnement et les technologies de l’information.
L’entreprise Plastiques Moore, une société de Saint-Damien spécialisée dans le moulage par injection, participe chaque année à une mission. « Depuis six ans, on a un partenariat avec une entreprise familiale qui est implantée là-bas depuis plus de 20 ans », dit sa présidente, Marie-Claude Guillemette. Le développement du moule et la conception se font au Québec, après quoi la production des pièces est faite au Mexique, où la clientèle se trouve dans l’automobile et l’électroménager.
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