Les victimes de la démographie

Un larbin peut-il écrire n'importe quoi pour plaire à son maître? - Depuis 10 ans les baisses d'impôts pour les riches et les entreprises ont privé l'État de ressources fiscales immenses, privation qui explique cette crise... et les autres qui suivront.


La crise sociale qui nous occupe est bien des choses. Elle est politique, idéologique, économique, sociale. Mais dans ce conflit, on l'oublie trop, il y a aussi beaucoup de démographie.
Au plan démographique, la génération Y, la cohorte de ceux qui sont nés entre 1980 et 2000, celle des étudiants en grève, est véritablement le dindon de la farce intergénérationnelle. C'est un élément dont il faut tenir compte dans la crise actuelle. Un élément qui contribue certainement au sentiment d'indignation des jeunes.
Il y a, au départ, un élément d'injustice évident dans la hausse des droits de scolarité. Cette hausse, malgré les assouplissements apportés par le gouvernement Charest, est raide. Pourquoi n'est-elle pas plus graduelle? Parce qu'on voulait rattraper le temps perdu. La note que les jeunes d'aujourd'hui doivent défrayer est relativement salée parce que ceux qui les précèdent ont été épargnés.
Mais cette hausse, malgré tout acceptable, est loin d'être ce qui arrive de pire aux étudiants. Les données du recensement publiées la semaine dernière par Statistique Canada nous révèlent à quel point le vieillissement de la population canadienne est bien établi. Une proportion croissante de vieux à un bout, et moins de jeunes à l'autre bout pour prendre la relève. Ce choc démographique aura des effets en cascade dont les jeunes seront les principales victimes.
On dit en substance aux jeunes que si on leur demande cet effort supplémentaire, c'est que les choses ont changé, que la prospérité est moins grande, que nous avons moins de moyens, ce qui force l'État à repenser la façon dont il finance les services publics. Les règles du jeu sont en train de changer. Dommage que ce soient les jeunes qui en fassent les frais.
Non seulement l'État sera moins généreux envers cette génération, il lui demandera davantage pour payer les dépenses liées au vieillissement, comme la santé ou les pensions fédérales, et surtout pour rembourser la dette qui nous étrangle. Cet effort sera d'autant plus grand que les travailleurs plus âgés, les baby-boomers, ne seront pas là pour les appuyer, puisqu'ils partent vite à la retraite, grâce à toutes les mesures qui facilitent la retraite anticipée. L'âge moyen de la retraite, au Québec, est de 60,9 ans. Dommage, encore une fois, que les jeunes n'auront pas droit à ces privilèges.
On assiste en effet à un prolongement de la vie active. Les pensions fédérales seront versées à 67 ans plutôt qu'à 65. Le secteur privé abandonne ses régimes de pension à prestations determinées, et quand il les garde, c'est souvent pour ses travailleurs plus âgés. Et tôt ou tard, les régimes publics devront suivre le courant.
C'est pour cela que les jeunes doivent étudier, avoir des diplômes, pour obtenir de bons emplois. Ils en auront besoin, parce que le monde dans lequel ils entreront ne sera pas aussi facile. Une croissance moins forte, notamment à cause des effets démographiques, un accès à la propriété difficile, un fardeau fiscal alourdi, et la perspective, peut-être, d'avoir un niveau de vie inférieur à celui de leurs parents.
Il y a toutefois une chose qui va s'améliorer, et c'est le taux de chômage. Parce qu'il y a plus de gens qui partent à la retraite que de jeunes qui arrivent sur le marché du travail, la population active va baisser. On va manquer de monde, on risque des pénuries. On a donc besoin des jeunes.
Et c'est là le grand atout de la génération Y. Les baby-boomers ont dominé les sociétés occidentales grâce au poids du nombre. L'atout des jeunes, c'est plutôt leur rareté, qui fait pencher le rapport de force en leur faveur.


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