Vous vous souviendrez peut-être que j’avais évoqué l’automne dernier l’intérêt de l’Empire Desmarais pour le Mouvement Desjardins en mettant en lumière une disposition enfouie dans le projet de loi omnibus de l’an dernier qui permettait à une coopérative de crédit comme la Fédération des caisses populaires Desjardins de s’adresser au gouvernement fédéral pour demander une charte de banque.
[->43379]
En effet, j’écrivais alors,
Le] projet de loi C-9 intitulé « Loi portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 4 mars 2010 et mettant en oeuvre d’autres mesures », ou en version abrégée [« Loi sur l’emploi et la croissance économique », [prévoyait] à la toute fin [dans le but de passer le plus inaperçu possible], en Partie 17, art. 1894.1 et suivants, des amendements à la « Loi sur les banques » qui touchent les « Coopératives de crédit » comme le Mouvement Desjardins, et qui leur permettront, sur simple demande au gouvernement fédéral de poursuivre leurs activités en vertu de la loi fédérale. [...]
Et je rajoutais,
Vous voyez le tour de passe-passe ? Un jour un fleuron Québécois, le lendemain une banque fédérale, et astreinte au bilinguisme de la Loi sur les langues officielles en plus !
Ces dernières semaines, à la suite d’un courriel d’une lectrice de mon livre « Desmarais : La dépossession tranquille » qui reprenait cet article, j’ai voulu savoir si ce projet de loi avait finalement été adopté et quelles suites il avait eues.
Un bref tour d’horizon des médias allait me permettre de constater que ce sujet n’avait fait l’objet d’aucun commentaire. Silence radio complet. Tout de même bizarre pour un sujet de cette portée ! Je me suis alors souvenu que le Mouvement Desjardins faisait partie de l’Association des coopératives du Canada, et je me suis dit que celle-ci aurait sûrement des informations à ce sujet sur son site, pour constater, une fois rendu sur celui-ci, qu’on n’y trouvait aucune référence.
Comme il s’agit d’une association canadienne, ce site comporte une version anglaise. Suffisamment au fait des jeux qui se jouent dans les associations « nationales » de par ma propre expérience aux Manufacturiers du Canada, je suis allé vérifier la version anglaise pour voir si le contenu ne serait pas différent de celui de la version française, et comme de fait, c’était bien le cas.
En effet, si vous vous étiez rendu sur ce site comme je l’ai fait le 19 juin dernier, vous auriez trouver un petit encart en haut à gauche qui disait ceci :
Our Top Story
Parliament adopts motion on co-ops
On May 30, Parliament unanimously adopted a motion by Liberal MP Mauril Bélanger to establish a special Parliamentary committee on co-operatives.
CLICK HERE to read the transcript of the debate.
Aujourd’hui, cette information a été reléguée (lire « cachée ») dans les pages intérieures du site et vous la trouverez maintenant ici .
Avec la référence en anglais, je suis parvenu à retracer la version française du Hansard du 30 mai dernier pour découvrir la réponse du gouvernement Harper (livrée par Mike Lake, secrétaire parlementaire du ministre de l'Industrie) dans le débat sur la proposition du député Libéral (PLC) d’Ottawa, Mauril Bélanger :
« Nous prenons des mesures pour maintenir la croissance. Pour faire suite à l'engagement pris dans le budget de 2010 de permettre aux coopératives de crédit de se constituer en sociétés de régime fédéral en vertu de la Loi sur les banques et de mener leurs activités dans toutes les provinces sous une réglementation générale, le gouvernement prend les mesures voulues pour que ces dispositions du budget soient mises en oeuvre, une fois que le règlement sera finalisé. » (1615) à (1620) [mes caractères gras]
Bien qu’un règlement de ce genre soit assez complexe et doive faire l’objet de nombreuses vérifications et approbations avant d’être promulgué, vient tout de même un moment où il est prêt, et vu les délais écoulés depuis l’adoption de la loi, nous ne devrions plus être très loin de la date fatidique.
Pendant ce temps-là, chez Desjardins au Québec, Mme Leroux se prépare à profiter de l’occasion. En effet, on apprenait récemment que le Mouvement Desjardins venait d’émettre pour 1,2 milliard $ de parts de capital en actions privilégiées : http://www.conseiller.ca/nouvelles/desjardins-emet-pour-12-g-de-parts-de-capital-36413
« Il s’agit de la plus importante opération du genre dans l’histoire de Desjardins. Et c’est la toute première fois que la Fédération des caisses Desjardins du Québec s’occupe d’une émission (auparavant, les caisses s’en chargeaient).
Desjardins ne prévoit pas pour l’instant financer des projets particuliers avec l’argent qu’il récoltera. Cette initiative sert essentiellement à répondre aux nouvelles exigences internationales en matière de capital de première catégorie, en lien avec l’adoption des Accords de Bâle III.
Les parts, qui ne sont offertes qu’aux membres des caisses populaires, ont une valeur nominale de 10 $. La souscription initiale est de 100 $. Elles sont vendues par l’entremise du réseau des caisses Desjardins partout au Québec. »
http://www.conseiller.ca/nouvelles/desjardins-emet-pour-12-g-de-parts-de-capital-36413 ;
voir aussi Le Nouvelliste http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/economie/201206/19/01-4536364-emission-record-de-12-milliard-pour-desjardins.php ,
et http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/352782/desjardins-effectue-une-emission-record-de-1-2-milliard
Notez les signes avant-coureurs :
1. C’est la toute première fois que la Fédération des caisses Desjardins du Québec s’occupe d’une émission;
2. Desjardins ne prévoit pas pour l’instant financer des projets particuliers avec l’argent qu’il récoltera;
3. Cette initiative sert essentiellement à répondre aux nouvelles exigences internationales en matière de capital de première catégorie, en lien avec l’adoption des Accords de Bâle III (Desjardins, n’étant pas une banque, n’est pas formellement astreinte au astreinte au respect des accords de Bâle, bien qu’on puisse argumenter qu’il s’agit essentiellement d’une mesure prudentielle. Bien entendu, cela facilitera les choses le jour où Desjardins voudra devenir une banque).
4. Pour l’instant, les parts ne sont offertes qu’aux membres des caisses populaires. Il semble que ce soit suite à une exigence de l’Autorité des marchés financiers du Québec qui a compétence sur les coopératives, ce que Desjardins demeure encore pour le moment. Mais il faut comprendre que le jour où Desjardins s’adressera au gouvernement fédéral pour obtenir une charte de banque, c’est la Loi des banques qui s’appliquera, et cette restriction sur la propriété des actions, imposée par une autorité provinciale, tombera.
La table est donc mise pour que Desjardins devienne rapidement une banque à charte fédérale et que le Québec et les Québécois perdent le contrôle qu’ils détiennent sur cet important levier financier dont ils sont les seuls artisans et bâtisseurs. En effet, l’ouverture du capital de Desjardins à des non membres favorisera l’arrivée rapide d’actionnaires de toutes provenances, et les Québécois se retrouveront rapidement minoritaires en tant qu’actionnaires. Alphonse Desjardins va se retourner dans sa tombe, lui qui avait mis en relief l’avantage pour eux d’en être les propriétaires.
Éventuellement, la composition des équipes de direction et de gestion, de même que celle du personnel, finira par refléter cette nouvelle réalité, d’autant plus facilement qu’à partir du moment où Desjardins deviendra une banque, elle sera tenue des respecter les exigences de bilinguisme de la loi fédérale sur les langues officielles.
Il serait particulièrement intéressant de découvrir comment nous en sommes parvenus à ce point. Ce que nous savons cependant avec certitude, c’est que le virage s’est pris après le départ de Claude Béland en 2000. Son remplaçant, Alban d’Amours, un ancien sous-ministre des Finances et de l’Énergie au Québec, était installé au Mouvement Desjardins depuis 1988.
C’est au début de son second mandat à la présidence en 2004 qu’est recrutée Monique F. Leroux http://www.ppforum.ca/sites/default/files/BIO-Monique_Leroux_FR_2.pdf au poste de « première vice-présidente exécutive et chef de la direction financière du Mouvement des caisses Desjardins ». Et c’est cette dernière qui le remplace en mars 2008 http://affaires.lapresse.ca/economie/200901/06/01-682884-desjardins-8-candidats-pour-succeder-a-alban-damours.php .
Le parcours professionnel de Monique Leroux est révélateur des orientations que le Mouvement Desjardins allait prendre par la suite. En effet, sa biographie nous apprend qu’après avoir occupé d’importantes fonctions au sein du cabinet d’experts-comptables Ernst & Young à titre de conseil aux services financiers, elle allait passer au service de la Banque Royale en 1995 pour en devenir par la suite première vice-présidente à la Direction du Québec.
Et le choix de Monique Leroux comme présidente en 2008, constitue donc une indication de l’orientation que la haute direction du Mouvement Desjardins souhaitait alors prendre. Tout cela au fond pour dire que la décision du Mouvement Desjardins de se rapprocher du secteur bancaire ne nous est pas tombée dessus comme un cheveu sur la soupe.
Si cette orientation pouvait s’expliquer (sinon se justifier) dans le contexte de la course à la maximisation des leviers financiers du début des années 2000, il est loin d’être certain qu’elle demeure aussi pertinente dans celui de la crise économique et financière mondiale que nous connaissons depuis 2007, une crise qui n’a fait que s’amplifier depuis et qui semblerait même sur le point de prendre une tournure dramatique, très peu propice à l’aventurisme, au moment même où ces lignes sont écrites http://www.zerohedge.com/news/roubini-2013s-global-perfect-storm-and-greedy-bankers-hanging-streets .
Non seulement ce n’est pas le temps d’aller risquer les acquis du Mouvement Desjardins et de ses membres sur les marchés financiers, mais la prudence et la sagesse les plus élémentaires lui dicteraient plutôt de se replier sur sa base et de défendre les acquis et les intérêts de ses membres en appliquant les recettes qui ont assuré son succès. Pour être encore plus clair, dans la tempête qui s’annonce, le coopératisme va constituer une des rares voies de salut, et il faut déplorer le manque d’initiatives dans ce secteur au Québec ces dernières années.
Le grand avantage des coopératives, c’est qu’elles ne délocalisent pas leurs activités. Elles sont au service de leurs membres. Et si le modèle coopératif n’est pas nécessairement le plus approprié dans tous les cas, il l’est dans un nombre bien plus important que ceux dans lequel on y recourre à l’heure actuelle.
Si la coopération a pu constituer pour les Québécois un instrument privilégié de solidarité dans la grande crise des années 1930, il n’y a pas de raison de croire qu’elle ne pourrait pas jouer un rôle aussi utile dans la crise actuelle. Encore faudrait-il qu’on y pense, et les dirigeants actuels du Mouvement Desjardins semblent bien partis pour être les derniers à le faire.
Ainsi, si AVEOS, cette entreprise spécialisée dans l’entretien des avions qui s’est récemment mise sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) avait été organisée en coopérative, son sort et celui de ses employés aurait pu être différent. Cela dit, les coopératives comme les entreprises à capital actions n’échappent pas aux aléas de la conjoncture, et elles sont soumises aux mêmes impératifs de bonne gestion. Les bonnes intentions à elles seules ne sont pas un gage de bonnes affaires.
Le Québec compte des succès remarquables au chapitre des coopératives, à commencer par le Mouvement Desjardins lui-même dans le secteur des services financiers. Mais il y en a d’autres, notamment dans le secteur agro-alimentaire, et il pourrait y en avoir bien davantage s’il y avait une meilleure promotion des avantages du modèle coopératif et de sa pertinence dans une conjoncture comme celle que nous traversons.
À ce stade-ci, les exigences de l’honnêteté intellectuelle m’obligent à reconnaître que j’ai longtemps fait montre du plus grand scepticisme à l’endroit du coopératisme qui m’apparaissait comme un modèle de développement plutôt balourd et ringard. Mais devant les excès, les dérives, les scandales et les échecs du modèle capitaliste que nous découvrons tous les jours, je me mets à trouver des vertus à des solutions qui, pour être moins flamboyantes, offrent cependant de meilleures garanties de service à la collectivité et de pérennité.
Dans la crise de système que nous traversons, et je l’ai souligné à quelques reprises au cours des deux dernières années, la solidarité est notre seul rempart contre l’effondrement du système http://www.vigile.net/La-solidarite-nationale-seul . Or les Québécois ont la chance extraordinaire de s’être dotés de l’une des plus fortes institutions coopératives au monde. Et la beauté du système coopératif est qu’il pose en prémisse l’intérêt collectif.
Il reste maintenant aux Québécois à s’assurer qu’ils vont conserver cette institution au service de leurs intérêts et non la laisser dériver au service d’intérêts autres que les leurs, en particulier ceux de l’Empire Desmarais, comme je l’ai démontré dans mon texte précédent sur le même sujet http://www.vigile.net/Les-visees-du-federal-et-de-l. et dans mon livre « Desmarais : La Dépossession tranquille », paru tout récemment aux Éditions Michel Brûlé http://www.michelbrule.com/livre-1620-Desmarais--La-Depossession-tranquille-.php .
J’invite fortement tous les membres du Mouvement Desjardins à faire connaître avec la plus grande fermeté à leurs dirigeants leur opposition vigoureuse à toute demande au gouvernement fédéral d’une charte de banque, et leur souhait de voir s’engager dans les meilleurs délais des initiatives pour la mise sur pied de coopératives dans tous les secteurs d’activités susceptibles d’en profiter.
Les membres doivent en outre porter une attention toute particulière au renouvellement des mandats au conseil d’administration de la Fédération des caisses Desjardins de façon à s’assurer qu’aucune décision engageant aussi définitivement l’avenir du Mouvement ne puisse être prise par des personnes au service d’intérêts particuliers, qu’il s’agisse des leurs propres ou de ceux de toute personne ou groupe externe.
Enfin, ces intérêts utilisent souvent des subterfuges pour parvenir à leurs fins, et leur stratégie préférée consiste à créer des situations de fait accompli avant que qui que ce soit n’ait eu le temps de réaliser ce qui était en train de se tramer. Il est alors trop tard pour intervenir.
L’heure est à la mobilisation générale. Il y a péril en la demeure.
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18 commentaires
Archives de Vigile Répondre
4 mai 2015La décision devrait être votée dans les assemblés.
Respectez les membres SVP
Archives de Vigile Répondre
14 juillet 2012Monsieur Le Hir, merci infiniment de partager avec nous votre généreux travail et vos lumières.
Nous diffusons autant que possible.
Jean Lespérance Répondre
13 juillet 2012Chère Huguette,
Votre idée n'est pas farfelue, dans un autre système que le nôtre, ça pourrait fort bien être le cas. C'est juste que vous ne comprenez pas ou n'êtes pas au courant des rouages compliqués, obscurs de notre infâme gouvernement.
Ici, quand on a le pouvoir, on a le pouvoir de court-circuiter les institutions, de mettre en place ou nommer des filtres sous le titre de chef de commission, chef de police etc, On ne peut pas dévoiler la vérité, on va se faire accuser de diffamation, de porter atteinte ou préjudice à des institutions qui paraissent honorables, mais qui sont dirigées par des gens à l'esprit servile. Attendez-vous à ce que bientôt je vous en donne une petite preuve. Le pouvoir concédé à nos élus est beaucoup plus grand qu'il ne paraît. Juste un petit exemple: La Commission Bastarache, la commission personnelle du Premier ministre, ce fut une vraie honte. On ne lâche pas le pouvoir sans y être obligé. Le pouvoir est trop puissant, surtout dans un gouvernement majoritaire.
Archives de Vigile Répondre
13 juillet 2012Peut être que mon idée est farfelue mais se pourrait il que finalement Desmarais,Charest et les libéraux ne veulent pas tant que ça gagner la prochaine élection pour pour justement faire taire bien des choses?Parce que là beaucoup de choses se rapproche de Charest ce qui se rapproche aussi de Desmarais,Si Charest s'en va(se fait battre)on ne parlera plus ou presque de lui donc pas tellement de Desmarais
Archives de Vigile Répondre
12 juillet 2012Si c'est si sérieux et aussi grave que vous semblez le dire comme aussi l'affaire Sarkozy pourquoi vous n'en parlez pas aillieur?Personne n'en a parlé sur aucun journal.Il me semble qu'il faut que la nouvelle se répande.C'est sérieux et ça ne peut pas rester seulement sur vigile.
Archives de Vigile Répondre
11 juillet 2012Réponse à Alain Maronani.
J'ai bien lu et relu votre commentaire. Il est vrai comme vous avez constaté que nos caisses se comportent comme les banques et que l'esprit de coopération n'est plus ce qu'il était. La différence véritable se situe dans l'actif réel sur papier que possède les Caisses Desjardins.
L'argent liquide que détient les caisses représente pour notre FED déguisée, une possibilité d'accroître ou de diminuer l'endettement ou les profits sur papier. La différence est comptable ou dans la comptabilité.
Nos caisses ont ce que les banques n'ont pas, du liquide, de l'argent réel. Toute autre banque de quelque pays que ce soit ne serait pas bienvenue, mais nos caisses ont ce qui manque aux banques: du liquide, de l'argent réel.
En vertu du système actuel (qui est sans vertu) pour prêter selon les Accords de Bâle, il ne faut qu'un prétendu 8% en caisse pour prêter. Or quand ce 8% ne se résume plus en fait qu'à des hypothèques précédentes, il ne faut pas être un génie pour comprendre que l'argent liquide des caisses vaut de l'or pour notre FED déguisée. Cela représenterait un levier formidable pour accroître notre capacité d'endettement.
Quand les banques font des profits, elles empochent tout, en donnent une partie aux actionnaires et leurs conseils d'administration s'octroient de généreux bonus. Normalement elles devraient se constituer un capital de réserve en cas de coups durs, d'une crise, mais elles ne le font pas. Elles préfèrent acheter d'autres banques qui augmentent la capacité de bonus des administrateurs.
Pourquoi avoir une réserve quand lorsqu'on subit une crise, le gouvernement fédéral nous sort de la crise en endettant le pays, en mettant des obligations sur le marché? En 2008, les banques ont été renflouées par le gouvernement qui a absorbé leurs mauvaises créances via la SCHL.
Ce processus s'appelle privatiser les gains et socialiser les pertes. Toute la société paye les pertes.
Les caisses en entrant dans notre FED déguisée rempliraient
le rôle de soutien du gouvernement grâce à son argent liquide.
En acquérant le statut de banque, nos caisses par l'entremise de la Fédération finiraient par faire comme les banques, prêter avec un prétendu 8% en caisse, d'où le danger. Dans les faits, les banques sont bien contentes de pouvoir montrer 4% en caisse pour prêter, ce qui fait qu'avec 1 million (cash) ou comptant elles peuvent accorder pour 25 millions de dollars d'hypothèques.
J'explique ce système pour faire comprendre à M. Maronani et aux autres pourquoi nos caisses seraient une bouffée d'air frais, un apport inespéré dans le systéme.
Quand un système fonctionne tout croche, pourquoi se surprendre qu'un oligarque comme Desmarais ou même Olivier Sarkosy,(le frère du fugitif) ne chercherait pas à en tirer profit? Le principe est le suivant: on met à découvert une partie du système et on gruge cette partie. Et quand le plan fonctionne bien, on continue. Si ça marche avec Hydro-Québec, ça peut marcher même avec nos caisses populaires qui ont perdu l'appelation de populaires et qui pourraient bien perdre le titre de Caisse.
Archives de Vigile Répondre
11 juillet 2012Merci beaucoup de nous fournir un exemple flagrant de la façon dont opèrent des personnes qui agissent pour le compte d'un groupe je surnomme 'Les Puppeteers'. Il est garanti que je vais en informer mon entourage.
Louis Méthé Répondre
11 juillet 2012M. Le Hir, j’admire vos analyses et je pense que vous avez raison.
Il y a une quarantaine d’année mon père, qui a été pendant de nombreuses années administrateur bénévole au sein des différents comités de la caisse de notre paroisse, me parlait du fait que les caisses déploraient de ne pas avoir tous les privilèges d’une vraie banque. Je me rappelle qu’il me parlait de la bataille qu’avaient livrée les banques contre la possibilité pour les caisses d’émettre des chèques. Ceci avait été contourné en n’appelant pas un chèque un chèque mais en lui donnant un autre nom. De même les caisses ne jouissaient pas des privilèges des banques vis-à-vis de la Banque du Canada. Si j’ai bien compris elles ne pouvaient pas acheter d’argent directement à celle-ci et c’est peut-être encore le cas. C’est ce qui aurait conduit les caisses à acheter la Banque Laurentienne pour pouvoir bénéficier des avantages d’une banque.
Tout cela pour dire qu’au-delà de la conjoncture et des personnes, il me semble que le désir de devenir une vraie banque est peut-être bien inscrit dans les gènes du mouvement Desjardins.
Il y a péril en la demeure, sans doute plus qu’on pense.
Archives de Vigile Répondre
11 juillet 2012MERCI M.Le Hir pour votre travail inlassable, votre surveillance sans répit concernant nos institutions les plus importantes. Vous parlez des visées du fédéral, mais ce sont les moindres. Tous nos banquiers convoitent aussi une autre institution qui viendrait s'ajouter à la leur pour renforcer notre FED déguisée.
Quand il ne faut prétendument que 8% en caisse dilué en 4% en fonds durs (or et argent liquide) et 4% en fonds propres (hypothèques précédentes et une bouillie pour les chats de produits dérivés) pour prêter selon les Accords de Bâle, comment voudriez-vous que nos banquiers ne se réjouissent pas de l'arrivée d'un nouvel acteur dans leur champ d'action qui viendrait renforcer le leur?
Oui, le fédéral se réjouirait de voir une nouvelle banque se joindre aux autres. Cette nouvelle entité se verrait offrir les mêmes privilèges que le gouvernement accorde aux autres en échange d'une faible contribution au maintien de nos institutions politiques (les partis).
Il ne faut pas oublier que dès que le nouveau statut serait accordé, nos dirigeants de la Fédération des caisses se comporteraient comme des banquiers: on se voterait de gros, gros, gros bonus dont seulement 50% seraient imposables.
Alors la tentation est grande d'acquérir un nouveau statut.
Il faut surveiller la Fédération des caisses parce que cette administration pourrait avoir tendance à se comporter comme un fonds mutuel, faire des déficits virtuels pour ensuite se faire rembourser par l'ensemble des caisses.
Le mot Caisse disparaît de plus en plus du paysage, du nom de nos institutions coopératives Desjardins. Caisse a l'air de faire petit, alors que Banque a l'air de faire plus grand. Mais dans la réalité, compte tenu de la faiblesse de nos institutions monétaires, les Caisses sont la meilleure assurance contre le vol économique et financier que nous subissons.
Évidemment M.Le Hir, quand vous dites que certains oligarques ont les yeux rivés sur sur ce capital financier, je n'ai aucune difficulté à vous croire. S'emparer d'une institution qui ne peut pratiquement pas faire faillite, ne serait-ce qu'à 10-15 ou 20%, c'est toujours une bonne affaire.
Le système bancaire actuel est une institution frauduleuse et tout parti indépendantiste qui prendrait le pouvoir et voudrait fonctionner dans ce même système selon la forme actuelle est une tromperie, un leurre, une promesse fallacieuse de réelle indépendance. C'est pourquoi je n'ai jamais cru un seul instant que le Parti Québécois voulait vraiment affranchir les québécois.
Alain Maronani Répondre
11 juillet 2012@Pierre Schneider,
@Françoise Breault,
@andré,
J'ignore si vous avez lu mon commentaire mais....
Réformer ou changer les pratiques actuelles du Mouvement Desjardins est aussi difficile que changer les pratiques du PQ pour la nomination de candidats vedettes (voir les nombreux commentaires de Pierre Cloutier à ce sujet).
Vos commentaires sont sympathiques mais ils sont encore dans la ligne de la MYTHOLOGIE du Mouvement, "quelque chose qui nous appartient", perception soigneusement entretenue et cultivée par les équipes de direction en place.
Les processus de nomination chez Desjardins ne sont ni plus ni moins différents de ceux utilisés au beau temps du Soviet Suprême dans la maintenant défunte URSS, il n'y a AUCUNE place, pour les membres pour réellement faire entendre leurs voix (en-deca de leur caisse bien sûr),en face d'une direction qui à ses propres objectifs et ce n'est pas les propos lénifiants de Monique Leroux, avalés comme la sainte parole, par une presse aveugle, qui puissent me rassurer. Le journal "Le Devoir" dans lequel le Mouvement a investi 11 millions de $, un hasard surement, il y a quelques années, est tout aussi muet que "La Presse" à propos des malversations de Power...
Si comme la majorité des membres vous voulez augmenter ou maintenir les bonis et le rendement il faudra accepter la dérive du mouvement, c'est une question de choix collectifs...pas la faute de l'autre...
En ce qui concerne la théorie du complot du fédéral sur Desjardins, je n'y crois pas. Les banques à chartes fédérales n'ont pas envie d'avoir un concurrent supplémentaire et savent parfaitement faire entendre leur message à Ottawa (ils ont assez à faire avec ING par exemple et bien d'autres qui n'ont pas la possibilité, législation différente, et le désir de venir au Québec).
@Richard Le Hir
Je ne fais pas confiance à Desmarais et consort mais pas plus aux équipes de direction actuellement en place et quand Belland dit qu'il ne reconnaît plus le Mouvement, il parle d'or...
Archives de Vigile Répondre
11 juillet 2012Tout d'abord, monsieur Le Hir, vos lecteurs vous sont très reconnaisants de vous voir appliquer la même rigueur d'analyse envers l'évolution du Mouvement Desjardins que celle appliquée aux manoeuvres de l'Empire Desmarais.
Je sentais, depuis plusieurs années, cette volonté des dirigeants de Desjardins de devenir une banque, avec leur insistance sur les critères de performance des banques. Vous éclairez avec précision cette dérive.
Je suis persuadé que la formuule coopérative est souple et bénéfique pour la communauté et les travailleurs. Il suffit de voir, par exemple, le dévelopement de la Coop Mondragon au pays basque. Celle-ci employait récemment près de 85 000 personnes.
La bonne gestion est à la base de toute réussite: coop ou capitalisme.
Sur le plan pratique, ce serait un bon moment de lancer une autre banière de coopératives de crédit. Pourquoi ne pas le proposer(e.g.) à La Capitale afin de profiter de la dérive de Desjardins. Il est facile d'imaginer d'autres organisations qui pourraient le faire de façon crédible. Je serais le premier à devenir membre.
Les dirigeants de Desjardins comprendraient bien ce message.
Je suis un lecteur assidu de vos chroniques. Votre livre récent, était de loin, mieux que de la fiction.
Archives de Vigile Répondre
11 juillet 2012L'heure est très grave.
Bonne idée de Pierre Scheider de créer un groupe Facebook pour signifier à Mme Leroux et autres dirigeants de Desjardins qu'il n'est pas question de laisser aller ce joyau collectif, même si ces dernières années, il avait déjà beaucoup trahi l'esprit coopératif et par le fait même son fondateur.
Toutefois, ce n'est pas suffisant ce groupe Facebook. Invitation à chaque citoyen à écrire une lettre à Mme Leroux et autres dirigeants de Desjardins.
De plus, il faudrait voir à ce que chaque Caisse convoque une Assemblée générale spéciale des membres, afin que ceux-ci puissent s'opposer une fois pour toutes à ce suicide des Caisses.
Toutefois, avant cette convocation, il faut sensibiliser les citoyens à ce qui se passe dans leur dos. Pour ce faire, je verrais très bien Laure Waridel et M.Béland s'associer ensemble pour alerter la population. Ensemble ces deux-là, je crois auraient le pouvoir de sonner la cloche assez fort pour alerter suffisamment la population et réveiller les citoyens.
Pierre Schneider Répondre
11 juillet 2012En tant que membre du Mouvement Desjardins qui refuse que ma caisse devienne une banque comme les autres et relève du gouvernement fédéral, je suggère que nous commencions par créer un groupe sur Facebook pour rassembler les milliers de Québécois qui ne veulent pas perdre cette institution qui nous appartient. Qui est partant ?
Ce serait au moins un début de mobilisation.
Archives de Vigile Répondre
11 juillet 2012Selon ce que la Presse (Desmarais) rapporte ce matin, le déclenchement des élections se fera le 1er août avec des élections le 4 septembre. C'est le temps d'élire n'importe quel autre parti que les libéraux pour que le parti qui prendra le pouvoir intervienne et empêche la CP de demander à devenir à charte canadienne.
Parce que c'est pas les libéraux qui vont empêcher cela. Au contraire, il l'appuiera parce qu'il y verra son avantage. Les libéraux sont d'abord opportunistes avant même d'être fédéralistes. Jean Charest agi comme un gourou au sein du PLQ. Il veut se maintenir au pouvoir coûte que coûte. Et quelle meilleure façon y a-t-il que d'appauvrir un peuple pour mieux l'asservir?
En élisant un autre parti que le PLQ, on d'une pierre, plusieurs coups! Et on éloigne la famille Desmarais du pouvoir...
@ Richard Le Hir Répondre
10 juillet 2012Réponse @ Alain Maronani
Je suis surpris que vous ne me parliez pas du prix du pétrole... ;-))
En ce qui concerne votre scepticisme sur les visées de l'Empire Desmarais, vous pourrez sûrement comprendre que s'il avait la moindre possibilité de me faire taire, ce serait déjà fait. Or il ne le fait pas. Certainement pas pour mes beaux yeux.
Richard Le Hir
Alain Maronani Répondre
10 juillet 2012J'ai été, pendant une longue période, consultant pour le Mouvement Desjardins et ai donc eu l'occasion de pratiquer l'organisation, de l'intérieur si je peux dire...
Desjardins n'est plus, depuis longtemps, une organisation un peu "ringarde" comme vous le décrivez. L'organisation se comporte comme une banque et surtout comme une entreprise financière dont la rapacité n'a pas de limite.
Regroupement des caisses qui ne sont pas assez rentables (le rendement ici est le seul aspect).
Fermeture des points de services des caisses et remplacement par des services automatisés.
Appel à la sous-traitance généralisée afin de plus être obligé à constituer un fonds de pension (je ne me souviens plus exactement du montant en retard qui doit être provisionné ici, mais je pense qu'il est proche du milliard de $), ne plus offrir d'avantages sociaux, etc...
Vente ou délégation de pans complet de l'organisation à des firmes externes (l'informatique est ici un bon exemple, 10 années chez CGI, contrat de 5 ans maintenant avec IBM). Il est amusant de savoir que le personnel informatique, qui travaillait avant chez Desjardins, s'est retrouvé sans maintien de leurs avantages sociaux (pension, etc) de Desjardins chez leur nouvel employeur (c'était ca ou la porte...). Pour ajouter du sel à cette histoire, le personnel travaillait dans des locaux à Montréal (angle René-Levesque,Stanley), ou les firmes comme CGI, CSC, IBM bénéficaient de ce que j'ai appelé les "subventions Landry, un grand gestionnaire celui la", soit 15.000 $ par année et par emploi..ou était donc la création d'emploi ici ?
Et par qui a été construit ce merveilleux immeuble ? Desjardins comme c'est bizarre...bien sûr vous savez maintenant qui collecte les loyers...
Regroupement sous un même toit de tous les pans de l'organisation (Visa Desjardins, Assurances, Caisses, Fiducie, etc...) avec leur cortège d'optimisations (lire licenciements mais toujours dans la discrétion...). Dans le passé le même système a été utilisé pour dissoudre la FMO (une des fédérations) par exemple.
Desjardins sert de vache a lait à de nombreuses (trop) nombreuses firmes de consultants en tout genre et la encore ce qui est visé c'est la flexibilité et la rentabilité de l'organisation au dépends de l'ensemble des salariés, car ces firmes n'offrent aucun plan de pension, et ont peu ou pas d'avantages sociaux. Passons aussi sur les soit-disant "partenariat" avec les représentants locaux au Québec de multinationales américaines...qui n'ont de québécois que leurs adresses à Montréal ou à Québec...
Bien entendu tout ceci se passe dans l'ignorance totale de la quasi totalité des membres...
Les tentatives de se projeter à l'extérieur du Québec ne datent pas d'aujourd'hui et leur dernière aventure (Rapprochement avec les Caisses du Manitoba, de la Saskatchewan, etc) c'est soldé par un lamentable échec (une des premières décisions de Monique Leroux a été d'arrêter ce projet).
Qu'est-ce qui entraîne Desjardins à vouloir grandir et s'échapper du Québec ?
L'idéologie capitaliste du profit, appelons un chat un chat, le mythe de la croissance.
La demande des membres des Caisses (rapacité) pour une rentabilité de plus en plus élevé (trop long ici d'expliquer les bonus des Caisses et leur injustice...).
Une équipe de direction, malgré le baratin servit a une presse mal informée ou paresseuse ou aux ordres, et à un public indifférent, qui se trouve à l'étroit au Québec et ne rêve que d'aventures extérieures.
Le manque total de démocratie de l'organisation (qui va voter aux réunions annuelles de sa Caisse ?) et comment sont choisis les administrateurs ? Pourquoi les frais de gestions exigés des caisses par les organisations centralisées (CCD, Fédération) sont de plus en plus élevés...sinon pour capter une partie des profits réalisés localement...au profit de qui d'ailleurs ?
L'impossibilité de trouver des investissements assez rentables, tout au moins pour l'équipe de direction en place, mais là encore la rapacité des membres pousse l'ensemble de l'organisation vers plus de risques...
"C’est la toute première fois que la Fédération des caisses Desjardins du Québec s’occupe d’une émission", c'est inexact et la CCD (Caisse Centrale Desjardins), qui sert aussi d'organisme de compensation, a déjà procédé a cette type d'opération dans le passé. L'organisation doit de toute facon, meme si elle n'y est pas obligé (ce n'est pas une banque), s'aligner sur Bale III car ceci lui permet d'emprunter dans des conditions plus favorables.
"Éventuellement, la composition des équipes de direction et de gestion, de même que celle du personnel, finira par refléter cette nouvelle réalité, .....les exigences de bilinguisme de la loi fédérale sur les langues officielles"
Vous êtes en retard...l'équipe est en place....et laissez moi vous dire que les projets d'expansion a l'Ouest ne se passaient pas en francais...
Desjardins maintient, habilement, le mythe à la papa, de l'entreprise bien de chez nous, proche de nos gens. Rien n'est plus faux et si j'avais le temps et l'envie j'aimerais écrire un livre à leur sujet, j'ai déjà le titre "La pieuvre verte".
Je vous laisse à vos appréciations sur l'oncle Paul, une fixation, et sur votre affirmation que Aveos aurait pu être sauvé par un système coopératif (surement pas) mais si vous demandez aux membres de Caisse de se réveiller je crains qu'ils vous parlent plutôt de leur bonus annuel...en un mot on a l'organisation que l'on se mérite....
Alexandre Cloutier Répondre
10 juillet 2012Je suis de très près ce que vous avancer à ce sujet M. Le Hir. Mon père a travaillé comme directeur de caisse dans mon village durant toute mon enfance. J'ai alors eu la chance d'apprécier l'impact positif qu'une telle institution pouvait avoir dans un milieu rural.
Toutefois, déjà à l'époque, il est entré des dans conflits aux dimensions quasi épiques avec la Fédération qui voulait tout centraliser les services.
Le cas advenant, j'ai l'intention de «croiser» toute ma famille et mes connaissances. No pasaran!
Archives de Vigile Répondre
10 juillet 2012Les banques sont en faillite tout comme les états, d’ailleurs! Les empires financiers comme les banksters rodent comme des loups affamés cherchant qui dévorer. Le Mouvement coopératif des caisses Desjardins est une proie alléchante, car il repose sur une multitude de petits et moyens épargnants que la crise économique mondiale n’a pas encore casser les reins. Oui, il est temps d’alarmer la population sur les dangers de nous faire bouffer tout entier par les puissances financières qui contrôlent nos gouvernements.
Marius MORIN