Lettre ouverte à Bernard Drainville

Bernard Drainville - la controverse



Aimez-vous ça? Pas la politique. Ça, vous ne le savez pas encore, mais le fait de vous retrouver au banc des accusés. Aimez-vous ça? Devoir expliquer qui a parlé à qui en premier, pourquoi vous avez attendu de savoir ce que vous vouliez avant d'en parler, ou pourquoi vous avez fait votre job jusqu'au bout plutôt que d'abandonner le bateau en pleine mer. Aimez-vous ça?
Vous auriez dû me téléphoner.
J'aurais pu vous aider à comprendre comment Radio-Canada allait réagir à votre folie subite de vouloir passer de l'autre côté. C'était évident qu'on allait vous accuser de double trahison.
Double trahison
La première trahison, c'est celle de quitter cet extraordinaire employeur, (c'est lui qui le dit) qu'est la télévision d'État où tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau et où personne ne souhaite décoller ses fesses de sa chaise de peur d'être immédiatement remplacé par quelqu'un de plus beau, de plus fin ou de plus jeune.
La deuxième trahison, et non la moindre, c'est de ne pas avoir eu l'élégance et l'intelligence de choisir le Parti libéral dans lequel on reconnaît les valeurs profondes qui nourrissent la grande maison radio-canadienne. Ça c'est impardonnable.
Disons qu'on y préfère des journalistes neutres qui votent libéral... Tout le monde n'est pas libéral à Radio-Canada, ce n'est pas ce que je dis, mais si on est péquiste, on ferme sa gueule. Ça continue d'être assez mal vu. Car si votre petit boss est libéral, vous n'avez aucune chance d'avancer si vous vous affichez comme péquiste.
Je vous ai vu faire votre acte de contrition devant le pape lui-même, Bernard Derome. C'était assez triste. Lui vous servant la remontrance, tentant de vous faire avouer que vous aviez manqué d'éthique et vous, vous défendant comme le servant de messe pris au moment où il trempait ses lèvres dans le vin du brave curé.
J'aurais préféré et de loin une rencontre rigolote où on vous aurait servi une sorte de party d'adieu avec le ton des «bien cuits» plutôt que le «sermonage» auquel se sont livrés tous ceux qui s'appellent journalistes de radio ou de télévision.
Mais le mal est fait. En une petite semaine, vous êtes passé de journaliste brillant à candidat suspect. Je me retiendrai de vous dire si vous avez bien fait ou si vous vous êtes trompé complètement.
Je vous ai cru quand vous avez dit que vous avez toujours voulu faire de la politique. Il se peut même que ce soit la seule chose vraie dans tout ça. Tant mieux, car c'est ça le plus important.
Le moment est bien choisi
Pour ceux et celles qui veulent faire de la politique, le moment est parfaitement choisi. C'est maintenant qu'il faut embarquer. La politique qui va se jouer au cours des prochaines années sera passionnante. C'est du moins ce que je crois.
Le seul dossier du réchauffement de la planète et de l'environnement mérite qu'on se jette à l'eau. Mais le dossier de l'éducation n'arrête pas de crier son urgence.
Et puis qu'on le veuille ou pas, il va falloir revoir tout le dossier des soins médicaux et avoir le courage de faire face à la situation telle qu'elle existe, cesser de boucher des trous. Le travail ne va pas manquer. La population appelle le changement. Quel beau moment pour faire de la politique.
Engagez-vous à travailler fort, à ne jamais mentir, à respecter la population et même à démissionner de Radio-Canada. Vous serez alors libre et vous serez en affaires. Laissez râler les confrères... Ils vont s'en remettre.


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