« MAÎTRES DE CHEZ-NOUS ! »

Tribune libre

Lors du lancement, à Cap-aux-Meules, de la Coalition Saint-Laurent*, une jeune dame originaire d’Old Harry, canton de la municipalité anglophone de Grosse-Île aux Îles de la Madeleine, s’est adressée dans un excellent français aux quelque 200 personnes réunies par l’événement. Madame Clark a utilisé une expression qui, je l’avoue, m’a fait tressaillir et m’a ému au plus haut point. Elle a dit : « maîtres de chez-nous ».
Je pense avoir saisi à ce moment précis toute la portée de cette expression revisitée. J’ignore si elle l’a fait intentionnellement ou inconsciemment, mais ce petit « de » inhabituel entre maîtres et chez-nous était vraiment à la hauteur. Parce que le « de » avant chez-nous donne toute sa signification à ce chez-nous.
Lorsqu’on dit « maîtres chez-nous », on fait référence davantage à notre capacité d’être ou à notre état de détenteur d’un titre de propriété d’un bien personnel ou collectif. Mais lorsqu’on dit, comme Marilyn Clark, « maîtres de chez-nous », on met du contenu dans le chez-nous. On est véritablement actionnaire de quelque chose de concret et d’important dont on assume la responsabilité.
Je crois que désormais je vais adopter cette façon d’exprimer notre droit collectif de jouir de ce qui nous appartient en propre et de décider ensemble comment on veut le faire.
Ne dit-on pas « maître de céans » (le propriétaire, le maître de la maison), « maître de cérémonie » (celui qui dirige une soirée, un spectacle), « maître d’œuvre » (celui qui conçoit et réalise un projet), « maître de chai » (personne responsable de l’élaboration et de l’élevage du vin) ? Pourquoi ne dirions-nous pas « maître de chez-nous » pour signifier, en parlant du territoire où nous vivons et duquel nous vivons, qu’il fait partie de notre butin et que les pirates qui le convoitent sont des usurpateurs ? C’est le cas de ceux qui ont acquis de façon éhontée, avec la bénédiction de nos gouvernements, des droits exclusifs sur notre sous-sol (Gastem) et sur nos fonds marins (Corridor Resources). Parce qu’une loi injuste les autorise à nous déposséder pour s’enrichir.
Notre territoire insulaire, notre mode de vie, nos industries renouvelables, nos ressources et nos droits acquis font partie intégrante de notre chez-nous. C’est pourquoi nous voulons demeurer maîtres de tout cela, donc MAÎTRES DE CHEZ-NOUS !
Raymond Gauthier
PSSST… Le jour où les Québécois se lèveront debout ensemble pour dire MAÎTRES DE CHEZ-NOUS ! nous l’aurons le PAYS.
*La Coalition Saint-Laurent : http://www.coalitionsaintlaurent.ca/#formulaire a été lancée le vendredi 5 novembre 2010, afin de rallier les 5 provinces qui bordent le Saint-Laurent afin d’obtenir un Moratoire sur les activités d’exploration-exploitation d’hydrocarbures et une gestion intégrée des ressources du golfe. Les individus et les organisations sont conviés à joindre cette coalition interprovinciale pour que le gouvernement fédéral et ceux des 5 provinces prennent sans délai une telle décision. On peut s’inscrire en ligne et sans frais : http://www.coalitionsaintlaurent.ca/#formulaire.

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Raymond Gauthier17 articles

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Travailleur social retraité, il a été responsable de l’animation communautaire, de l’alphabétisation et de l’insertion socioprofessionnelle au Centre d’Éducation des adultes (C.S. des Îles). Il est membre fondateur et président du conseil d’administration de la corporation de Développement communautaire Unîle. Environnementaliste de la première heure aux Îles de la Madeleine, il milite depuis plus de 30 ans dans des organisations écologistes et est co-fondateur d’Attention FragÎles. Depuis 2004, il assure une vigilance permanente sur les projets d’exploration-exploitation d’hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent (terrestres et extra-côtiers), ainsi que sur les dossiers connexes touchant l’énergie à la grandeur du Québec.

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