Souveraineté

Marois veut des états généraux

États généraux sur la souveraineté


(Québec) Dans l'espoir de calmer la tempête qui souffle sur son parti, Pauline Marois propose de lancer des états généraux sur la souveraineté, a appris La Presse. Elle a demandé en fin de semaine à Gérald Larose, président du Conseil de la souveraineté du Québec, de les organiser.
Proposer des états généraux est «un geste de leadership significatif de la part de Mme Marois», a affirmé à La Presse M. Larose. C'est un bon moyen, selon lui, de réunifier la famille souverainiste.
Une source proche de la chef péquiste a fait valoir que Mme Marois «fait preuve de leadership tout en réussissant à satisfaire une demande légitime des militants». La tenue d'états généraux est en effet réclamée par plusieurs «pressés», une expression que Mme Marois utilise elle-même pour qualifier les militants qui souhaitent une stratégie souverainiste plus agressive.
Samedi, Pauline Marois participait à une activité de financement du Conseil de la souveraineté à la résidence secondaire de M. Larose, dans les Cantons-de-l'Est. Il servait le repas à 101 personnes en échange d'un don de 101$. C'est lors de cet événement que la chef péquiste lui a présenté sa demande. La décision de faire cette proposition a été prise récemment - il y a «quelques jours», nous a-t-on indiqué.
«Mme Marois a été très sobre dans sa proposition. Elle m'a annoncé qu'elle est disposée à élargir le débat et à inclure tout le monde dans la réflexion, a relaté M. Larose. Elle a fait état d'un appétit sur le terrain pour un forum permettant à tout le monde de converger ensemble.» La proposition a été «très bien accueillie». «Tout le monde souhaite voir la famille souverainiste converger», a-t-il ajouté.
«Il faut un mouvement social»
Gérald Larose plaide pour la tenue d'états généraux depuis trois ans. Pour réaliser l'indépendance, «il faut un mouvement social. Ce n'est pas vrai qu'un parti politique seul va la faire. Alors il faut mettre en route les forces vives du Québec», estime l'ancien chef syndical.
Le conseil d'administration du Conseil de la souveraineté se réunira le 9 septembre. Outre M. Larose, le conseil d'administration est composé de représentants de Québec solidaire, du Bloc québécois et du Parti québécois. Ironiquement, c'est Pierre Curzi qui y représentait le PQ avant qu'il ne claque la porte du parti. Luck Mervil et Paul Piché sont également membres du conseil d'administration.
C'est lors de cette rencontre que la décision de tenir des états généraux devrait être prise. Le PQ préfère ne pas diriger l'opération, puisque Pauline Marois ne veut pas donner l'impression de piper les dés. En confiant la démarche au Conseil, elle permet de rallier l'ensemble du mouvement souverainiste, profondément divisé en raison de la crise qui secoue le PQ.
Québec Solidaire, le Bloc québécois, la Société Saint-Jean-Baptiste ainsi que plusieurs autres groupes souverainistes seront concernés. On doit également s'attendre à ce que le Nouveau Mouvement pour le Québec et le Parti indépendantiste soient de la partie.
Ces états généraux pourraient être lancés assez rapidement cet automne. Leur forme sera définie par le Conseil. Le modèle des états généraux a déjà été retenu dans le passé par des gouvernements. Gérald Larose en a l'expérience. En 2000, le gouvernement péquiste lui avait confié la présidence des États généraux sur la situation et l'avenir de la langue française.
À l'hiver 1995, après l'adoption de la loi sur la souveraineté, le gouvernement Parizeau avait eu recours aux commissions régionales pour définir le projet d'indépendance. Une Commission nationale sur l'avenir du Québec avait proposé quelques mois plus tard la séparation, tout en maintenant une entente économique avec Ottawa.
Éviter les déchirements
En demandant des états généraux, le PQ espère canaliser les débats de façon plus constructive et éviter que le mouvement souverainiste ne se déchire encore davantage. Surtout, Pauline Marois veut ainsi rétablir l'ordre au sein du PQ. L'appel qu'elle lance au Conseil de la souveraineté survient d'ailleurs à quelques jours d'une rencontre déterminante pour son avenir à la tête du parti. Les députés péquistes se réunissent en caucus à Saguenay mercredi et jeudi. Plusieurs proposeront des changements au PQ.
Avec la tenue d'états généraux, la chef péquiste remet en jeu sa stratégie référendaire qui a été adoptée par les membres au congrès d'avril. Elle a affirmé à la mi-août que le débat est clos sur la question. Mais la crise a pris une telle ampleur que Mme Marois doit se raviser.
Selon cette stratégie, un gouvernement péquiste chercherait à obtenir des pouvoirs d'Ottawa en attendant de tenir un référendum «au moment jugé approprié». La chef péquiste aura inévitablement à défendre cette stratégie lors des états généraux. De son côté, le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville, serait appelé à défendre le référendum d'initiative populaire, l'un des changements qu'il propose dans son rapport rendu public jeudi dernier.
Le Nouveau Mouvement pour le Québec, qui accuse le PQ d'être «usé» et «confus», condamne la stratégie de «gouvernance souverainiste» de Mme Marois. Lors de sa première assemblée, le 21 août, plusieurs des 400 participants ont réclamé la tenue d'états généraux sur la souveraineté. Certains ont plaidé en faveur d'une élection référendaire comme moyen de réaliser l'indépendance. C'est une stratégie que propose également le député Jean-Martin Aussant, qui a quitté le PQ et envisage de créer un nouveau parti souverainiste.
Pierre Dubuc et Marc Laviolette, président et secrétaire du SPQ-Libre, ont également demandé la tenue d'états généraux pour répondre à «l'éparpillement des forces souverainistes». Dans une lettre ouverte datée du 21 août, ils appelaient Mme Marois à les convoquer.
La députée Louise Beaudoin, qui a démissionné du caucus du PQ en juin, vante les mérites d'une telle mesure depuis quelques semaines. Pierre Curzi et Lisette Lapointe, deux autres démissionnaires du PQ, ont déjà fait savoir qu'ils jugent l'idée intéressante. Rappelons que M. Curzi s'est dit prêt à briguer la direction du PQ si Pauline Marois quitte son poste.


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