Dans son billet du 6 septembre (…ça rapporte, des morts…), Ivan Parent nous confie l’inquiétude de son amie de France : peut-on se fier aux chiffres sur l’analphabétisme au Québec livrés au journal Le Devoir le 3 septembre par la p.-d.g. de la Fondation pour l’alphabétisation? Il est vrai que pour un peuple qui se vante facilement d’être « le meilleur au monde » dans bien des domaines, on peut s’étonner d’entendre les révélations de Mme Maryse Perreault.
« Les enquêtes internationales instituent 5 niveaux d’alphabétisation, le niveau 3 étant établi comme le seuil souhaité pour naviguer aisément dans la vie de tous les jours en tant que travailleur, citoyen, parent , consommateur… Or l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA, 2003) a révélé que, AU QUÉBEC, près de LA MOITIÉ, de la population n’atteint pas CE NIVEAU 3, que 16% des 16-65 ans (800,000 personnes) se classent au niveau 1 de l’échelle de compréhension des textes, donc considérés ANALPHABÈTES. Seules les maritimes affichent des statistiques plus inquiétantes dans l’ensemble du pays. Résultats en relative stabilité depuis plusieurs décennies. »
Simple consultation Google sur l’organisme et sur la professionnelle en poste nous confirme qu’il n’y a pas lieu de douter des chiffres de cet article du journal rédigé par H. Roulot-Gansmann.
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Quand j’y faisais référence en commentaire à mon billet « Lettre à Benoît Aubin » (merci aux 600 lecteurs), c’était pour illustrer la perfidie d’un système politique culpabilisant. Les canadianisateurs s’efforcent de nous démontrer notre incapacité à nous développer. Ils font la liste de tout ce qui est déficient dans les domaines provinciaux, surtout dans ceux où la performance des Québécois est inférieure à celles d’autres provinces pour conclure à notre incompétence génétique…
On cultive la peur (l’anesthésie) des Québécois : on ne sera peut-être pas capables… Ce qu’on ne dit pas, dans les grands médias, c’est que nos performances médiocres, nous les connaissons justement dans le fédéralisme canadien!
Les politiques de peur ont tellement bien fonctionné durant les dernières décennies que nous élisons à répétition des gouvernants qui ont à cœur l’unité canadienne, donc le rapetissement de la nation québécoise. Christian Rioux (Le Devoir à Paris), titrait ces jours-ci : « Je ne connais pas un peuple au monde qui se méprise au point d’accepter une telle aberration. » Car depuis l’Hexagone, rien ne lui échappe des récentes provocations harpériennes : art québécois remplacé par photo d’Élizabeth, forces militaires royales à la suite des visites anglaises et de celle qui s’en vient, et enfin, un chef des communications raciste anti-Québec.
Et il n’échappe à personne que le gouvernement Charest ferme les yeux sur la confirmation statistique de la dégringolade de la langue française, noyée par une immigration « canadianisée » d’une déferlante inégalée.
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Les États généraux de l’Indépendance, s’ils sont menés de façon non partisane, seront l’endroit pour mettre le doigt sur les causes de notre résignation à disparaître dans le grand tout « mondialisé ». Analphabétisme, pauvreté (25% sous seuil pauvreté), PEUR!
Le philosophe Dominique Desroches a produit sur Vigile.net une centaine de textes, souvent métaphoriques, pour exprimer sa conception de la peur viscérale qu’on a su implanter dans la nation québécoise. Il a élaboré sur la « réserve », « vie en cage », « maison hantée, spectres sortis du manoir d’Ottawa », «Nef des fous »… D.D. écrit encore récemment, dans « La décomposition du Québec mythique » : « Nous assistons à la décomposition lente d’une société qui s’est proclamée libre avant l’heure. »
Nombreux sont les auteurs, dans un site comme le nôtre ici (inconnu des analphabètes), qui expriment en toute lucidité la dépossession intentionnelle qui nous est infligée en représailles (backlash) pour avoir tenté d’exercer notre droit à l’autodétermination. Cette forme préméditée d’isolation du Québec nous mène droit au statut de Réserve.
Provoquer la colère pour susciter des désordres mène droit à l’invasion justifiée et appuyée par la communauté internationale.
Nous serons plus fins. Par le moyen des ÉGI, nous allons unir tous les indépendantistes militants, réveiller les anesthésiés et reprendre notre destinée à la base en repoussant la pauvreté, matérielle comme spirituelle. C’est la seule route vers la LIBERTÉ.
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5 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
11 septembre 2011@ tous les participants, merci de soutenir la discussion,
Cependant, voudrons-nous toujours minimiser le fléau de l’analphabétisme après avoir lu ceci :
« Aujourd’hui, la population traditionnelle d’Hochelaga-Maisonneuve, c’est-à-dire les francophones pauvres sous-scolarisés, se retrouve sur le bord du chemin… parmi les emplois manufacturiers, ceux à forte valeur ajoutée…(sont) incompatibles avec un niveau 2 : faire un rapport de production, planifier son travail lui-même ou même, manque des compétences pour accéder à la formation continue qui lui permettrait d’évoluer vers de nouvelles pratiques… …un héritage qui se transmet et qui dit que l’école, ce n’est pas pour nous… les parents décrocheurs scolaires ne vont pas pouvoir suivre les progrès de leur enfant. Ils restent très loin de l’école… l’analphabétisme engendre l’analphabétisme. Notre système scolaire est formaté pour la classe moyenne, or 25% des Québécois sont proches du seuil de la pauvreté! »
On ne parle pas, ici, de la Révolution française, où les sans-culotte réagissaient instinctivement pour cesser de crever de faim… On n’est pas non plus dans l’ultra conservatrice Confédération helvétique, État autonome, où le fossé entre les riches et les pauvres serait occulté. On parle d’une province isolée, dans un ensemble unificateur, très agressif dans les mass média, sur une minorité vulnérable au chant des sirènes canadianisantes. Les indigents, protégés de la famine par la sécurité sociale, se préoccupent plus de pain et de jeux que de révolution sociale. Il paraîtrait pour le moins frivole d’entreprendre une reconstruction du Québec sans tenir compte de ces votants absents. Quand on souhaite contrer « les votes ethniques unifiés» en ratissant tout le vote des parlant français, on en abandonne ici une grosse portion… On ne peut continuer de les ignorer comme des douleurs fantômes de membres amputés.
p.s. la menace du statut de réserve, ce n’est rien de farfelu. À la lecture de Dominique Desroches, on s’en persuade vite. Et la vitesse à laquelle M. Harper dresse la palissade autour de nous… nous aurons bientôt, comme le souligne M. Marineau, «ces flammes qui illuminent les yeux des chefs des nations autochtones lorsqu’ils se portent à la défense des intérêts de leur nation. » Comme les charbons ardents dans les yeux des Saints Martyrs Canadiens…
Archives de Vigile Répondre
11 septembre 2011En Suisse 16 % des gens sont considérés comme des illetrés fonctionnels suivant l'office fédéral de la statistique, ce qui n'est pas brillant, mais surement pas 42 %....Un pays que je connais bien et dont le système d'éducation, géré, canton par canton pourrait-être une modèle pour le Québec, en lieu et place du ministère de l'éducation...
http://www.tsr.ch/info/suisse/1097995-en-suisse-un-adulte-sur-six-ne-sait-pas-lire.html
Jean-François-le-Québécois Répondre
10 septembre 2011@ Ouhgo:
«Cette forme préméditée d’isolation du Québec nous mène droit au statut de Réserve.».
Intéressant, que vous parliez ainsi de réserve, comme dans le cas de nos concitoyens autochtones...
Pourquoi, me direz-vous...? C'est que je me disais hier, que justement, ils vont peut-être un jour envisager de nous pousser dans des réserves, à Ottawa! Qui sait? Je suppose qu'alors, certains journalistes tenteraient de nous convaincre que ce serait un signe de «maturité» ou je ne sais quoi, que de bêtement accepter.
Est-ce qu'il faudra que nous soyions finalement face à une telle menace, pour qu'enfin la masse québécoise se mette à se soucier un peu plus de son sort, et réagisse?
Archives de Vigile Répondre
10 septembre 2011Si ma mémoire est bonne, selon ces critères assez "restreints" merci, 42% des Québécois sont considérés comme analphabètes fonctionnels. D'ailleurs le fendant de consors nous l'a rappelé dernièrement.
Ce que le fendant n'a pas dit c'est que selon les mêmes critères, c'est 43% en Suisse.
Jeannot Duchesne Répondre
10 septembre 2011Je ne crois pas que l’analphabétisme soit la raison de notre lenteur à accéder à l'indépendance; les révolutions française et russe ne se seraient jamais réalisées s'il n'en avait tenu qu'à l'alphabétisation des ces peules.
Oui, il y a une peur pathologique chez le peuple québécois et elle n'est pas encore occultée. Nous avons été trompés pendant toute notre histoire à commencer par la France, même avant la défaite de 1759. Nous avons été trompés à maintes reprises par notre élite autant religieuse, que politique et civile.
C'est maintenant le P.Q. qui est en train de nous tromper, s'il ne nous a pas trompé depuis le début.