Marre des minorités

Selon un sondage Harris/Décima réalisé pour La Presse Canadienne, 64% des Canadiens souhaitent que le prochain gouvernement du pays soit majoritaire.

Crise politique canadian


Selon un sondage Harris/Décima réalisé pour La Presse Canadienne, 64% des Canadiens souhaitent que le prochain gouvernement du pays soit majoritaire. Ce sentiment domine partout au pays. Au Québec, 63% des électeurs espèrent un gouvernement fédéral majoritaire contre seulement 23% qui veulent un gouvernement minoritaire. Comme les autres, les électeurs bloquistes souhaitent une majorité, même si un tel scénario exigerait que le parti de Gilles Duceppe perde plusieurs sièges.
En somme, les Canadiens en ont marre des minorités. En quatre ans, leur opinion sur le sujet a changé du tout au tout. Pourquoi? Le sondage ne le dit pas, mais on peut avancer des hypothèses. Les Canadiens espéraient sans doute qu'un gouvernement minoritaire serait moins arrogant, tiendrait davantage compte, au quotidien, de leurs préoccupations. Ils souhaitaient aussi, peut-on penser, que les partis politiques seraient amenés à collaborer davantage entre eux.

Or, ce n'est pas ce qui s'est passé. Stephen Harper a choisi de gouverner comme s'il était majoritaire, défiant continuellement l'opposition. Il a fallu son quasi-renversement de l'automne dernier pour le ramener (temporairement) à de meilleures dispositions.
Par ailleurs, les Parlements minoritaires n'ont pas produit moins, mais plus de partisanerie. Depuis cinq ans, les Canadiens ont assisté à une succession de psychodrames politiques qui ont abouti à trois élections générales (bientôt quatre). Les illusions qui leur restaient sur la sagesse des politiciens se sont dissipées.
Marre des gouvernements minoritaires, donc. Selon Jeff Walker, vice-président principal de Harris/Decima, «comme beaucoup de gens souhaitent un gouvernement majoritaire, on pourrait voir davantage de vote stratégique lors des prochaines élections». Il faudrait toutefois un vote stratégique massif pour que le phénomène produise un gouvernement majoritaire. Les plus récents sondages indiquent plutôt que si des élections avaient lieu aujourd'hui, le prochain gouvernement serait minoritaire, conservateur ou libéral.
D'ailleurs, la conjoncture politique n'est pas favorable à la formation d'une majorité. Aucun des deux grands partis nationaux n'est en position de balayer l'Ontario, tandis qu'une majorité des sièges du Québec leur échappe en raison de la domination du Bloc québécois. Or, pour obtenir la majorité des sièges au Canada, il faut ou bien remporter la presque totalité des comtés en Ontario, ou bien gagner dans un bon nombre de circonscriptions à la fois en Ontario et au Québec. Ni l'un ni l'autre de ces scénarios ne semble sur le point de se réaliser.
Le Canada est généralement mieux dirigé par un gouvernement majoritaire que par une gouvernement minoritaire. Un gouvernement majoritaire est davantage capable de prendre les décisions difficiles qui s'imposent et il peut mieux tenir compte des besoins à long terme du pays. Il assure une saine stabilité politique.
Décisions difficiles, stratégie à long terme, stabilité: n'est-ce pas précisément ce dont le Canada aura besoin au sortir de la crise économique?
apratte@lapresse.ca

Featured e9ce29e1df8a56a11b26e68ffd733781

André Pratte878 articles

  • 317 105

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé