« Le peuple québécois est transhistorique
« Le Québec vit en mode de souveraineté défensive
« Le reste du monde vit en mode de souveraineté offensive
« La souveraineté appartient au peuple lui-même » ([Jean-Luc Deveaux->23568])
***
L’indépendance, bien d’autres pays l’ont faite. La force irrépressible de ce besoin d’être indépendant n’est pas un pis-aller. L’historien Maurice Séguin soutient que :
« Le nationalisme est le contraire de l’isolationnisme. La coopération internationale n’est possible que s’il y a “nation”. »
(Maurice Séguin. Les Normes.)
Dans les faits, voici ce qui se passe. À l’ONU, en 1945, il y avait 51 membres fondateurs ; en 2006, l’organisme international atteignait le cap de 192 membres officiels, soit près de quatre fois plus ! Il y a certainement de bonnes raisons pour qu’il en soit ainsi. Les nations ne sont pas moins interdépendantes parce qu’elles sont indépendantes, car le nationalisme est le contraire de l’isolationnisme et la coopération internationale n’est possible que s’il y a « nation ».
« Ce n’est pas vrai que le référendum est la voie absolue pour l’indépendance du Québec. »
(J.-L. Deveaux)
Au fond, monsieur Deveaux ne fait que constater des faits. Cet étudiant de 3e cycle en droit diplomatique et de l’administration des organisations internationales de l’Université Paris-Sud vient de marquer d’une pierre blanche le nouveau discours de la « souveraineté offensive ». Sa démonstration est claire, limpide et surtout bien structurée.
Grâce à sa démonstration basée sur l’optique indépendantiste, nous sommes loin des sempiternelles lamentations d’un peuple minoritaire au sein du Canada et qui n’a d’attirance que pour l’étapisme et la souveraineté-association, bref pour le raisonnement fédéraliste. A contrario, il soutient la thèse suivante : [« Nationaliser notre souveraineté et l’exercer. »->23568] Il va même plus loin. « Ce n’est pas vrai, écrit-il, que le référendum est la voie absolue pour l’indépendance du Québec. » Quelle hérésie ! Comment ose-t-il s’attaquer à un tel dogme, dira-t-on.
Pour pallier à cette grave erreur stratégique du référendum, il propose ce qui suit :
« Les Québécois pourraient commencer, par exemple un certain vendredi, à un endroit au Québec, à faire des rassemblements de masse et proclamer une fois pour toutes la déclaration unilatérale d’indépendance. C’est tout. On a le droit de le faire, on peut le faire et nous devons le faire. C’est très important pour la santé de notre peuple. »
N’est-ce pas une autre idée qui se rapproche de la création des Académies de l’indépendance tant décriées par les étapistes-souverainistes-associationnistes à tous crins et les souverainistes-confédéralistes ? Aux timides demandes souverainistes, nous connaissons déjà la réponse de l’État impérial canadian : ce sera toujours NON au Québec.
Pour le Canada-Anglais, « le Québec est une province comme les autres ». C’est là le mot à mot d’une déclaration très solennelle de Louis Stephen St. Laurent, ex-premier ministre du Canada, en 1955, en réponse au gouvernement de Maurice Duplessis. Foin de l’autonomie provinciale !
Dans l’ensemble, je ne puis qu’être d’accord avec monsieur Jean-Luc Deveaux sans toutefois partager trop fort son optimisme quant à un appui populaire. La spontanéite d’un mouvement indépendantiste quelconque aura besoin d’une élite pour prolonger l’action. Il faut, malgré tout, être organisés et unis pour y arriver. Malheureusement, notre élite nationaliste est d’une génération en retard sur les événements qui pourraient se produire. Elle vit encore dans les mailles de la souveraineté-association d’Option Québec de 1968 et des États généraux du Canada français de 1969 tissées par les défenseurs de ce que nous appelons la Révolution tranquille.
Quant à monsieur Jean-Luc Deveaux, je l’encourage à continuer sur cette lancée et à faire progresser ses recherches comme il le fait en tenant compte de son idée fondamentale : « Le droit des peuples est un droit inaliénable, imprescriptible, indivisible et incessible. » Il proclame tout simplement que le droit à l’indépendance pour un peuple est un BIEN EN SOI.
Au plaisir de vous relire et de vous rencontrer un jour.
Bruno Deshaies
L’Académie de l’indépendance du Québec
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9 commentaires
Isabelle Poulin Répondre
30 janvier 2010Relire ce texte est un énorme plaisir ! Le Québec est une province comme les autre ! Ah oui ! Et bien, je vous dirais que dire que ceci ou cela est comme les autre, c'est juste une façon de tenter de convaicre ou de dire que c'est la réalité et que vous seriez stupide ou imbécile ou niai ou perdant... de penser autrement. Combien de petites choses accepte-t-on à chaque jour parce qu'on ne les voie pas ! Souvent les choses qui semble sans importance sont des maillons d'une autre qui nous est chère ! Quand on sait pourquoi on est différent, il n'y a pas de gêne à l'affirmer.... Alors soyons avisé, il faut les détecter et réagir avec conviction !
Martin Lavoie Répondre
26 novembre 2009Le message de M. Jean-Luc Deveaux arrive à point et une des erreurs des souverainistes est d'avoir les yeux tournés vers nos supposés "leaders". L'élite de ce peuple n'est pas au sommet des partis politiques ou sous le regard dirigiste des médias. L'Élite de ce peuple est dans le peuple et je crois que M. Deveaux, si son discours commence à être entendu par les médias nous parvient par cette élite, qui je crois, se prépare et a l'avantage de la distanciation, n'étant aucunement préoccupé par le quotidien et le politicaillerie. Depuis plusieurs années, l'argent ou disons l'économie attire l'attention de tous et souvent de façon opportuniste. Nos dirigeants actuels, trop occupés à s'en mettre plein les poches, n'ont aucunement la vision globale de la valeur du Québec et gère dans une notion de l'exploitation du citoyen "payeur". De quelle façon ouvrir les robinets légaux pour amener les sous dans leur poches et le maître à penser de cette démarche est Paul Desmarais. L'Élite est loin d'être visible et je suis convaincu que le jour où elle apparaîtra, la pensée de M. Deveaux aura l'outil d'action nécessaire à sa réalisation.
Bien à vous et pour notre avenir, l'âme du peuple est plus forte que les gens qui tentent de l'arnacher ou de l'obnibuler. Nous sommes sous l'emprise de grands manipulateurs, et l'isolement est notre faiblesse. Un jour et peut-être, pas si loin, quelqu'un ou quelque événement nous reliera, nous joindra, et ce rassemblement du peuple devant l'assemblée nationale sera.
Michel Dionne Répondre
20 novembre 2009Quelque soit les modalités et le moment de l’accession du Québec à l’indépendance, il existe un impératif présent, incontournable : construire une majorité solide d’appui à l’indépendance. Pour ce faire, nous devons entreprendre une vaste campagne d’éducation nationale afin de persuader nos concitoyens hésitants d’opter pour l’indépendance comme l’unique solution pour l’épanouissement de la nation québécoise. Comprenons nous bien. Il ne suffit pas de parler de la souveraineté ou simplement d’en faire la promotion pour espérer dégager une majorité confortable comme par pensée magique. L’appui populaire qui stagne quelque part autour de 40% après 40 ans d’efforts en est l’illustration manifeste. Il nous faut donc adopter une démarche pédagogique commune qui va remonter la séquence logique dont la conclusion mène à la nécessité de l’indépendance du Québec.
LA PÉDAGOGIE DE L’INDÉPENDANCE
C’est dans l’œuvre de l’historien Maurice Séguin, que l’on qualifie de théoricien du néo-nationalisme québécois, et particulièrement dans son livre intitulé Les normes, que nous pouvons identifier la séquence logique à laquelle je fais référence. En fait, Les normes, sont les leçons de l’histoire que Maurice Séguin tire notamment à la suite d’un livre précédent et magistral, Histoire de deux nationalismes au Canada. Quelle est donc la séquence logique qui soustend ce vocabulaire de l’indépendance auquel Bruno Deshaies et Gilles Bousquet font référence ?
Qui sommes-nous?
Les Québécois ne sont pas une nation ethnique mais un État-nation à savoir une nation qui dispose d’un état apte à se gouverner lui-même et pour lui-même selon ses propres fins, ses propres valeurs, sa propre culture, ses propres lois. Conséquemment, les québécois ne peuvent être assimilés aux nations autochtones ou à la nation acadienne et le Québec ne peut être considéré comme une province comme les autres.
Où en sommes-nous?
Dans Les Normes, Maurice Séguin identifie rigoureusement 4 types de nation; d’abord la nation indépendante comme les Etats-Unis ou la France, puis la nation satellite, comme le Canada ou la Belgique, qui sont des nations indépendantes, à proximité d’une superpuissance et qui en subissent l’influence. Enfin, s’ajoute la nation annexée. Tel est le cas du Québec. Quant au quatrième type de nation, il s’agit de la nation assimilée. Or, Séguin tire des leçons de l’histoire une conclusion implacable : l’annexion prolongée conduit inexorablement à l’assimilation.
Quels choix s’offrent à nous?
Au regard de l’histoire, il n’y a que deux voies réalistes qui se présentent aux québécois : l’assimilation ou l’indépendance. Séguin insiste sur le fait que l’assimilation ne constitue pas un cataclysme subit. Il s’agit plutôt d’une assimilation tranquille par laquelle l’attraction que constitue la nation majoritaire érode peu à peu la nation minoritaire.
Archives de Vigile Répondre
20 novembre 2009Monsieur Bousquet,
ce que vous prenez pour du réalisme me semble être plutôt de la soumission commandée par la peur de ne pas obtenir ce que vous désirez. C'est comme l'esclave qui souhaitant son affranchissement mais ne croyant pas pouvoir l'obtenir se soumettait se disant que c'était là la volonté d'un dieu.
Archives de Vigile Répondre
19 novembre 2009« Faudrait juste trouver un moyen d’aller où nous voulons aller. » (Gilles Bousquet)
19 novembre 2009, par Bruno Deshaies
Où voulons-nous aller ? Nous voulons faire du Québec une nation indépendante dotée d’un État souverain. Ce n’est pas un moyen, c’est la fin, l’objectif.
Quel moyen faut-il prendre pour y arriver ? Il faut travailler à la déprogrammation mentale des Québécois fédéralistes qu’ils soient optimistes ou pessimistes. Gros contrat, s’il en est un. Pour ce faire, il faut organiser un mécanisme d’éducation et de formation au raisonnement indépendantiste. Il faut aussi créer un réseau d’indépendantistes. Une partie du travail théorique a déjà été fait par Maurice Séguin. Quelques jeunes me semblent aujourd’hui s’inspirer de sa pensée. Par exemple, Louis-Philippe Courtois, historien, dans La Conquête. Une anthologie (2009) et Jean-Luc Deveaux dans sa conférence sur le besoin d’indépendance des nations par la souveraineté du peuple. Il faut s’arrêter sur les fondements de l’indépendance si on veut avancer collectivement dans cette direction. Les finasseries ont assez durées. Non seulement il faut se parler mais on doit agir dans un esprit de concertation. On ne se frappera pas sur le « mur » si on connaît le vocabulaire de l’indépendance et si l’on s’appuie sur la description de la nation au sens intégral comme nous l’expose Maurice Séguin dans Les Normes.
Archives de Vigile Répondre
19 novembre 2009ce que dit JL Deveaux c'est que
1)nous sommes un peuple. Point à la ligne et celui qui en doute n'a même pas voix au chapitre dans cette discussion
2) En tant que peuple nous sommes ipso facto, libres, souverains, indépendants. (inaliénable, imprescriptible, indivisible, .....)
Le déclarer c'est reconnaître CE QUI EST. POINT FINAL.
3)Où et quand le déclarons-nous à la communauté internationale? Le pourcentage des convaincus importe peu.
JP Gilson
Gilles Bousquet Répondre
19 novembre 2009Tout à fait d'accord avec votre dernière intervention sauf pour mon négativisme que je prendrais pour du réalisme.
Faudrait juste trouver un moyen d'aller où nous voulons aller. Pour moi, il faut se demander si nous avons des chances de réussir avant de partir ou chercher une autre destination parce que la souveraineté, nous avons déjà tenté la chose incluant l'association et le partenariat avec des chefs forts en 1980 et 1995. Me semble qu'il faut changer le but, le vocabulaire et la recette à la place de se frapper sur le même mur qui rend service au statu-quo.
Archives de Vigile Répondre
19 novembre 2009Pour Monsieur Bousquet qui se complaît dans le négativisme.
Bruno Deshaies, 19 novembre 2009
Monsieur Deveaux veut strictement dire que nous devons trouver des moyens pour créer LA MAJORITÉ voulue. En soi, la stratégie référendaire ne crée pas de facto une majorité. Notre expérience le prouve. Pas plus que la nostalgie de la Révolution tranquille et tous ces projets de société qui font tabula rasa du passé comme si cette société québécoise n’était pas vivante.
Alors, il faut inventer les moyens qui permettront de faire éclore cette majorité. Nous savons tous maintenant que les deux partis politiques souverainistes (plus ou moins unis et plus ou moins coordonnés) n’y parviennent pas.
Il nous faut des outils intellectuels pour faire face aux adversaires de l’indépendance du Québec et, surtout, pour convaincre la collectivité québécoise du bien fondé de l’indépendance de la nation québécoise.
Gilles Bousquet Répondre
19 novembre 2009Tant qu'il n'y aura pas une solide majorité de Québécois du côté de la souveraineté du Québec, cette idée ne marchera pas plus que celle des référendums. Les Québécois votent encore majoritairement pour des partis fédéralistes à Ottawa et à Québec.