(Jérusalem) Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou va demander au secrétaire d’État américain « d’accroître la pression » sur l’Iran, dans un contexte de manifestations dans la région en partie critiques de Téhéran, a-t-il indiqué mercredi alors qu’il doit rencontrer Mike Pompeo dans la soirée au Portugal.
Cet entretien avait été annoncé mardi soir par le département d’État américain et des sources à Jérusalem.
M. Nétanyahou rencontrera son homologue Antonio Costa, mais le « but principal » de sa visite au Portugal est son entretien avec M. Pompeo, a-t-il révélé à son départ pour Lisbonne.
« Dimanche, j’ai parlé avec le président (américain, Donald) Trump. La conversation a porté principalement sur l’Iran », a déclaré le premier ministre israélien.
« La poursuite de cette conversation avec le secrétaire d’État Pompeo va se concentrer principalement sur l’Iran et sur deux autres dossiers : une alliance défensive avec les États-Unis et la souveraineté israélienne dans la vallée du Jourdain », a-t-il ajouté.
« Le président Trump a mis énormément de pression et imposé des sanctions sur l’Iran. Nous voyons l’empire iranien vaciller. Nous voyons des manifestations à Téhéran, à Bagdad et à Beyrouth. Il est important d’accroître cette pression […] », a déclaré M. Nétanyahou.
Israël accuse depuis de nombreuses années l’Iran de chercher à se doter de l’arme nucléaire, malgré les démentis répétés de Téhéran. L’État hébreu accuse aussi l’Iran de lancer des opérations contre son territoire depuis la Syrie, le Liban et la bande de Gaza.
Washington s’est retiré unilatéralement en 2018 de l’accord international encadrant le programme nucléaire de l’Iran et a rétabli de lourdes sanctions asphyxiant son économie.
La vallée du Jourdain
Or, du point de vue israélien, ces sanctions ont affecté l’économie iranienne ce qui a poussé Téhéran à augmenter le prix de l’essence, et suscité une vague de manifestations. A cela s’ajoute des manifestations en Irak et au Liban, deux pays où l’Iran exerce une grande influence.
Dans ce scénario, Israël tente de convaincre les grandes puissances de suivre le modèle américain de fortes sanctions contre Téhéran.
Il fustige la décision de pays européens de soutenir l’Instex, un mécanisme de troc créé par les Européens afin de contourner les sanctions américaines imposées à l’Iran en évitant d’utiliser le dollar.
La rencontre entre MM. Nétanyahou et Pompeo sera la première depuis que les États-Unis ont modifié, il y a deux semaines, leur politique sur les colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés.
Washington estime désormais que les colonies ne sont pas contraires au droit international, allant ainsi à l’encontre de résolutions de l’ONU.
De son côté, M. Nétanyahou s’est engagé, s’il est maintenu au pouvoir, à annexer la vallée du Jourdain, bande de terre stratégique située en Cisjordanie occupée, et souhaite également un accord de défense mutuelle avec les États-Unis.
La rencontre Nétanyahou-Pompeo intervient enfin alors que les États-Unis doivent dévoiler leur projet de paix pour le Moyen-Orient.
Ce projet devait être connu après les élections israéliennes de septembre, mais celles-ci n’ont pas donné de vainqueur clair et l’État hébreu pourrait devoir tenir un nouveau scrutin, le troisième en un an, début 2020.