Suite au décès d’Hugo Chavez, de nouvelles élections s’imposèrent aux vénézuéliens. Conformément à ce que prévoit la constitution, cette élection s’est réalisée dans les 30 jours, suivant les obsèques du défunt président. Ce fut donc une campagne électorale très courte avec comme arrière-scène une stratégie particulièrement agressive et menaçante de l’opposition.
Les services d’intelligence de l’armée ont effectivement mis à jour des plans élaborés depuis Washington et Miami, mettant en cause des mercenaires du Salvador et de la Colombie pour commettre des actions de sabotage et de déstabilisation des institutions démocratiques du pays. Ce plan mettait à contribution les médias privés du Venezuela, CNN et l’organisation du candidat de l’opposition. Des centrales électriques étaient au nombre des cibles ainsi que le propre Conseil national électoral qu’on essaya de discréditer jusqu’à la toute fin, en dépit du fait que les observateurs internationaux n’avaient que des éloges à faire à son endroit.
Les services de sécurité de l’armée ont pris toutes les menaces au sérieux. Des arrestations ont eu lieu, des armes et munitions de sabotages ont été saisies.
Pour tout observateur attentif, cette approche des adversaires du régime n’est pas sans faire penser à celle utilisée en Libye et en Syrie : introduire des mercenaires et des terroristes dans le pays visé pour déstabiliser par leurs actions les institutions gouvernementales et semer, au sein de la population, la terreur. Une fois créé le chaos, c’est alors que les adversaires du régime crient à la persécution des forces gouvernementales et demandent l’aide internationale pour rétablir la paix et la démocratie.
Toujours est-il que grâce aux interventions des services d’intelligence de l’armée, les élections ont pu se réaliser dans un climat de tranquillité et sous l’œil vigilant d’observateurs internationaux. Tous, ils ont été unanimes pour dire que le système électoral vénézuélien est un des plus fiables au monde et que les gens ont pu voter en grand nombre et en toute liberté.
Le Conseil national électoral (CNE) avait demandé plus tôt cette semaine que les candidats à la présidentielle signent un document dans lequel ils s’engageaient à reconnaître les résultats officiels transmis par ce dernier au terme du processus électoral. Le président Nicolas Maduro l’a signé devant des milliers de ses électeurs en soulignant que même s’il perdait par un seul vote, il accepterait le verdict de la population. Le candidat de l’opposition, Henrique Capriles Radonski, n’a pas voulu signer ce document du CNE.
Les résultats émis tard dans la soirée par le CNE et considérés comme irréversibles ont de quoi nous faire penser à notre référendum de 1995 que le Québec avait perdu par 1,2 %, soit une différence de 55 000 voix. En effet, Nicolas Maduro a gagné avec 50.66 % des voix contre 49.04 % pour son adversaire. Il faut dire que le taux de participation a été plus faible que celui du Québec, lors du Référendum de 1995. Il avait été, au référendum, de 93,52 %, alors que le taux de participation aux élections présidentielles fut de 78.71 %. La différence, en termes de votes, entre le candidat Maduro et Capriles est d’environ 315 000 voix.
À partir du moment que la constitution du pays précise que celui qui obtient la majorité simple, soit 50 plus 1 % des voix, gagne, il n’y a rien d’autre à faire que d’accepter le résultat. C’est ce que le Québec avait fait en 1995, même si le système électoral n’a pas une fiabilité à toute épreuve, et c’est ce que le candidat défait au Venezuela devra accepter en bon démocrate. Tel n’est pourtant pas le cas, puisqu’il a annoncé qu’il allait réclamer le recomptage de 100% des votes ce à quoi le président Maduro a répliqué que le candidat Capriles pourrait bien se retrouver avec des votes en moins.
Il est évident, s’agissant du Venezuela, que Washington et ses alliés vont élever la voix pour appuyer Capriles dans sa démarche et jouer ainsi le jeu de la fraude électorale. Les médias de communication meanstream se feront discrets sur les commentaires élogieux des observateurs internationaux quant à la fiabilité du système électoral vénézuélien. Ils le seront tout autant sur les actions terroristes planifiées pour déstabiliser le pays et saper la réalisation de ces élections.
On se souviendra qu’en 1986, lors des élections de Calderon au Mexique, le candidat donné pour perdant, Obrador, avait demandé le recomptage complet des votes, la différence étant d’environ 325 000 voix sur 70 millions d’électeurs et d’électrices. Ce recomptage complet n’a jamais eu lieu. Washington, suivi de près par le petit caniche canadien et ses alliés traditionnels, s’était empressé de reconnaître les résultats émis par le Conseil électoral national du Mexique. Il n’était pas question de revenir en arrière. Tout le monde sait que le système électoral mexicain est loin d’avoir la fiabilité du système vénézuélien que l’ex-président Carter a déjà qualifié comme un des meilleurs au monde.
De nombreux pays latino-américains ont fait parvenir leurs félicitations au candidat élu, Nicolas Maduro. C’est le cas, entre autres, de l’Argentine, du Salvador, de l’Équateur, de la Bolivie, de Cuba. Les Forces armées bolivariennes ont déclaré qu’ils allaient défendre les résultats émis par le CNE et assurer la sécurité et la stabilité des institutions démocratiques du pays.
Le nouveau Président sera assermenté le 19 avril prochain.
Une histoire à suivre
http://humanisme.blogspot.com
Lorsque les ennemis gagnent par une faible majorité, ils sont illégitimes
Nicolas Maduro élu président du Venezuela
Lorsque ce sont les amis, ils sont aussitôt reconnus
Tribune libre
Oscar Fortin292 articles
citoyen du Québec et du monde
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Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.
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9 commentaires
Jean-Louis Pérez-Martel Répondre
17 avril 2013Plus d'information afin de comprendre la fraude électorale commise par les socialo-communistes du régime cháviste
Le Venezuela face à la violence postélectorale
http://www.lefigaro.fr/international/2013/04/17/01003-20130417ARTFIG00581-le-venezuela-face-a-la-violence-postelectorale.php
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JLPM
Jean-Louis Pérez-Martel Répondre
16 avril 2013Suite à mon commentaire
Manifestations au Venezuela : au moins 7 morts et 61 blessés
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/04/16/des-milliers-de-manifestants-contre-l-election-de-maduro-au-venezuela_3160320_3222.html
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JLPM
Archives de Vigile Répondre
16 avril 2013@ Oscar Fortin
Les sondages donnaient, il n'y a pas longtemps, quelque chose comme 60% à Maduro.
Pour l'opposition, dans les circonstances (l'effet de halo Chávez), c'est une victoire morale.
Je suis convaincu que, pour Maduro et les siens, il y a déception.
Les défis sont très grands. J'ose espérer que le Vénézuéla connaîtra la paix sociale.
Oscar Fortin Répondre
15 avril 2013@Louis Perez Maltel: Je fais vraiment un spécial en faisant écho à votre commentaire. Je veux tout simplement vous demander ce que vous faisiez en juillet et août derniers lors des élections présidentielles mexicaines. Il est curieux que le grand démocrate que vous êtes se soit fait silencieux pour dénoncer la corruption démontrée et prouvée qui a contaminé ces dernières élections. Vos scrupules me semblent bien sélectifs, un peu comme ceux que vous évoquiez lors du coup d'État militaire au Honduras. Vous vous souvenez, je vous avais alors posé plusieurs questions auxquelles vous n'avez pas encore répondu.
Déjà, dans mon commentaire à M. Gilles Jean, je fais de nouveau écho aux élections présidentielles mexicaines de 2006. Vous n'étiez pas là pour exiger que chaque vote soit recompté comme le clamait le peuple mexicain d'alors. Il n'y avait pas d'observateurs internationaux suffisamment libres pour dénoncer ces corruptions et s'opposer à la reconnaissance rapide par Washington des résultats de cette élection. Il n'y a eu aucun signe de scrupules dont vous faites état de la part de ceux qui aujourd'hui sont disposés à virer ciel et terre pour que ces élections vénézuéliennes soient déclarées frauduleuses. Heureusement que les observateurs internationaux de toutes les provenances déclarent le système électoral vénézuélien comme l'un des plus fiables sinon le meilleur au monde. Nous sommes loin du Mexique, du Honduras, du Paraguay et de bien d'autres démocraties qui en ont que le nom.
N'oubliez pas de me répondre pour les questions sur le Honduras. Pour aide mémoire, vous faisiez du respect de la constitution les motifs du coup d'État militaire. Que pensez-vous maintenant du respect de la constitution au Venezuela ?
Oscar Fortin Répondre
15 avril 2013@Gilles Jean : Il est vrai qu'il est toujours plus agréable de gagner des élections avec la plus grande majorité possible. Je ne pense toutefois pas que la variante dans le pourcentage avec lequel une élection est gagnée a des conséquences sur l'efficacité. Il suffit de regarder la victoire de la première élection de G.W. Bush à la présidentielle des États-Unis contre Al Gore. On se souviendra que G.W. Bush avait recueilli moins de votes que son adversaire, mais qu'il avait tout de même été choisi pour être le président des États-Unis.
Ce fait d'avoir moins de votes que son adversaire, ne l'a pas empêché de déclarer deux guerres, l'une en Afghanistan et l'autre en Irak, de créer un centre de détention à Guantanamo pour torturer ses prisonniers, autant que souhaité, à labri des lois et du droit international. Si cela n'est pas de l'efficacité, je ne sais pas ce qu'il faut entendre par efficacité.
Calderon au Mexique, élu avec un avantage de 350 000 voix qui furent amplement contestées par son adversaire Obrador, a dirigé le pays sans se laisser distraire par cette opposition.
Vous conviendrez avec moi que le système électoral mexicain n'est en rien comparable avec celui du Venezuela. D'ailleurs, les dernières élection de juillet dernier ont mis en évidence une grande partie de la corruption qui assure toujours la victoire à ceux qui disposent du capital.
Avec tout mon respect.
Jean-Louis Pérez-Martel Répondre
15 avril 2013Le Venezuela ferait-il face à un autre ‘’coup d’État’’ ?
Nicolás Maduro : «Mission accomplie Comandante!»
[ «Je ne crois pas que les résultats seront inversés, le système est inviolable, car il est très bon et fait l'objet de beaucoup de contrôles», a indiqué à l'AFP un membre ayant requis l'anonymat d'un des organismes chargés de superviser le scrutin. ]
http://www.lapresse.ca/international/amerique-latine/201304/15/01-4641071-maduro-sera-proclame-president-elu-aujourdhui.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B9_international_29810_accueil_POS2
Cependant, durant la campagne électorale, les mass médias gouvernementaux donnaient à N. Maduro un avantage de 15 à 18 % de voix. Le résultat provisoire lui donne aujourd’hui 1,5 % de plus ( ? ) que Henrique Capriles.
Les jours à venir seront cruciaux pour l’avenir du peuple vénézuélien…
JLPM
Oscar Fortin Répondre
15 avril 2013@Serge Charbonneau : Merci, M. Charbonneau pour ces ajouts, dans votre commentaire, plus que déterminants des sevrages imposés par certains grands distributeurs d'aliments essentiels à la subsistance. Il en va de même pour ces nombreux sabotages aux systèmes électriques et de communication. Tout cela a rejoint tout particulièrement les plus vulnérables, mais aussi des tranches importantes de la classe moyenne. Je sais que sur ces points vous pouvez en dire beaucoup plus que moi, d'autant plus que vos liens directs avec des amis sur le terrain vous permettent d'en avoir une idée plus réaliste.
Archives de Vigile Répondre
15 avril 2013Les résultats m'ont surpris. J'aurais pensé que Maduro aurait profité davantage de l'effet Chávez. Ça me questionne!
Cette victoire par un nez m'inquiète parce que ça ne donne pas un gouvernement fort. Or le pays a d'énormes problèmes à relever. Notamment: la violence et la corruption endémiques,l'inflation,les infrastructures (en particulier les installations pétrolières), une bureaucratie énorme.
J'ose espérer que la transition Chávez-Maduro se fera dans la paix sociale. J'aurais préféré, pour le pays, une victoire décisive dans un sens ou dans l'autre!
Comme vous dites:à suivre!
Serge Charbonneau Répondre
15 avril 2013Mes amis vénézuéliens expliquent le résultat du vote par l'effet des rétentions «d'harina pan» cette farine composant un des mets important du Venezuela «l'arepa» (arépa).
https://www.youtube.com/watch?v=YAEAURVhvks
https://www.youtube.com/watch?v=oNZyHPF5laE
http://www.flickr.com/photos/aficionadokevin/8586794122/
Cette campagne de déstabilisation en visant un des ingrédients important dans l'alimentation de base des Vénézuéliens les moins fortunés semble avoir porté fruit.
Des dirigeants d'alimentation et des commandos de guérillas de la bouffe sont organisé pour confisquer le plus possible certaines denrées essentielles et les entreposer dans des lieux secrets.
En janvier dernier
494 tonnes d'harina pan ont été découverte dans les entrepôts de la Polar la plus importante compagnie de bières et d'autres denrées du Venezuela.
Les dirigeants de la Polar sont en guerre ouverte avec le pouvoir depuis les tous débuts de la révolution.
http://laiguana.tv/noticias/2013/01/04/3194/MINISTRO-OSORIO-DESCUBRIO-494-TONELADAS-DE-HARINA-PAN-ALMACENADAS-EN-LA-POLAR-.html
http://ojopelao.com/ministro-osorio-descubrio-494-toneladas-de-harina-pan-almacenadas-en-la-polar/
Aussi des sabotages réguliers et de plus en plus fréquents du réseau électrique ont aussi porté fruit dans l'agacement des gens. Ces interruptions de service accompagné de la propagande médiatique des médias d'opposition très actifs ont su inculquer dans l'esprit des gens une sorte de responsabilité unilatérale des dirigeants bolivariens.
Tout l'automne et tout l'hiver mes amis vénézuéliens m'ont aussi rapporté les coupures des réseaux téléphoniques autant filaires que cellulaires. Ces sabotages avaient pour eux un objectif bien précis et nous le constatons dans le résultat du vote.
Même chose pour la violence. Des groupes bien organisés favorisent la violence et distribuent activement des armes à tous les «malendros» qu'ils peuvent débusquer.
Bien des méthodes sont utilisées pour parvenir à reprendre l'exploitation du Pays et surtout le lucratif secteur du pétrole.
Il n'est pas facile de constamment conscientiser la population sur ces méthodes employées. Il est bien plus facile de manipuler le confort et les premières nécessités pour activer la grogne et rendre responsables les dirigeants dont on veut se débarrasser.
Cette campagne électorale a été faite depuis que l'on sait que les jours de Chávez étaient sérieusement comptés.
Le résultat est finalement conforme à l'efficacité de méthodes employées.
Les crosseurs, les manipulateurs et les exploiteurs ne lâchent jamais.
Serge Charbonneau
Québec