Ces jours-ci, des milliers de Québécois « paquettent le char » pour s’élancer prudemment sur les routes enneigées.

Ces longs et patients trajets suivent ce qui faisait déjà impression de course folle. Le magasinage de babioles qui seront oubliées sitôt déballées ; la préparation de sucreries et de plats riches qu’on regrettera le 2 janvier ; la nécessité de cumuler plusieurs jours d’ouvrage en quelques-uns pour pouvoir arriver sans trop de dégâts de l’autre côté des fériés.

Sans compter, pour les parents, l’excitation des tout-petits qu’il faut gérer ! Pas tous doués pour l’autoprotection, les enfants se font souvent plus malcommodes alors que l’attente du père Noël devrait pourtant les inciter au contraire.

Tant et si bien qu’il y a beaucoup de gens pour qui le temps des Fêtes apparaît davantage comme une corvée, parcours à relais entre les atomes séparés de ce qu’on appelait jadis « famille nucléaire ».

Le plus beau cadeau

Chaque année, on s’interroge sur le sens de la fête. Sur ce qu’elle veut encore dire pour nous, entre ses origines païennes, sa signification religieuse, ses traditions ancestrales et ses dérives surconsommatrices.

Cette chronique ne va pas résoudre l’équation, mais je me permettrai néanmoins de vous dire à quoi, selon moi, Noël devrait minimalement servir.

Le plus beau cadeau que l’on peut s’offrir pour les Fêtes, c’est du temps.

Le meilleur d’eux-mêmes

Regardez la vie qu’on mène, la folie de décembre n’en est qu’une hyperbole. Chaque jour, les gens se lèvent déjà épuisés pour faire courir leurs enfants vers la garderie ou l’école. Ils bravent ensuite le trafic pour se rendre au travail, vers une journée jamais assez longue dont ils ressortiront encore dans l’urgence pour ramasser la marmaille.

S’ensuivent devoirs, soupers, bains et couchers que l’on espère pas trop tardifs pour profiter au maximum de nuits toujours trop courtes.

Les gens travaillent fort. On aime se culpabiliser au Québec pour la péréquation ou notre nombre d’heures devant la télé, mais la vérité, c’est que le cœur de notre nation bat au rythme de l’effort de millions de femmes et d’hommes qui essaient juste d’offrir le meilleur d’eux-mêmes.

Du temps

C’est pourquoi nous méritons Noël. Dans le Québec de 2017, nous avons gagné ces quelques jours pour ralentir, profiter des gens qu’on aime et rentrer un peu à l’intérieur de soi.

Le congé est pour tout le monde, sauf ceux qui continuent de veiller sur nous ; il faut leur exprimer notre reconnaissance. La fête est pour ceux qui la veulent bien ; que leur joie améliore notre bonheur national brut. Le temps d’arrêt est collectif ; qu’il nous permette de prendre conscience de nos privilèges et de penser aux moins chanceux.

Pour Noël, à tous nos lecteurs, je souhaite du temps cette année. Du repos, tant pour vous récompenser de vos efforts de la dernière année que pour vous préparer pour les défis de celle qui vient.