Nouvelle Charte de la langue française - Pour que le rêve québécois se concrétise

L’immigration peine à tenir ses promesses, celles faites au Québec comme celles qu’elle fait miroiter aux nouveaux arrivants

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Il ne s'agit pas d'un « rêve , mais d'une nécessité »

Il y a vingt semaines, la première ministre m’a confié la responsabilité de renforcer la Charte de la langue française et d’oeuvrer à l’intégration réussie des personnes immigrantes à la société québécoise. Après avoir déposé un projet de loi sur la langue française et discuté d’intégration des personnes immigrantes avec plus de 2000 personnes que j’ai rencontrées au cours de visites que j’ai effectuées dans les régions du Québec, je partage ici mes réflexions et ce qui guide mon action.
En théorie, l’immigration devrait être un apport économique et démographique pour le Québec, tout en permettant aux nouveaux arrivants de réaliser leurs rêves. Trop souvent, cette promesse réciproque n’est pas tenue, cédant la place à la déception mutuelle, voire à l’amertume.
Bon nombre de nouveaux arrivants, à qui on a promis un Québec francophone, ont la surprise de se heurter à l’exigence pas toujours justifiée de l’anglais sur le marché du travail montréalais. Le projet de loi 14 propose de renforcer le statut du français en tant que langue commune dans les milieux de travail, les écoles et collèges, les commerces, le réseau de la santé et l’administration publique en plus de consacrer, dans la Charte des droits et libertés de la personne, le droit de vivre et de travailler en français.
Tout en renforçant le statut du français comme langue commune, nous avons pris soin d’éviter la lourdeur administrative pour nos entreprises. La minorité anglophone reçoit aussi les garanties nécessaires afin que sa contribution au développement du Québec soit appréciée et reconnue.
Ce projet de loi sera étudié en commission parlementaire à compter de la mi-mars. J’invite mes collègues des autres formations politiques à discuter de bonne foi et à agir en faveur du français, de manière aussi ferme que raisonnable.

Pour que le rêve québécois devienne réalité
Des mesures réglementaires et administratives sont ou seront bientôt mises en oeuvre pour renforcer l’intégration et la francisation des personnes immigrantes. […]
Voici les principaux chantiers qui ont été ou qui seront bientôt mis en oeuvre :
Dans les critères de sélection des personnes immigrantes, nous accorderons une valeur accrue à la maîtrise intermédiaire ou avancée du français, tant pour la personne sélectionnée que son conjoint, qui est en fait souvent une conjointe. Concrètement, cela fera en sorte que, parmi les quelque 50 000 personnes qui immigrent chaque année au Québec, plusieurs milliers de plus auront une bonne maîtrise de notre langue commune.
Afin de préserver la diversité des pays de provenance des personnes immigrantes malgré l’importance accrue donnée au français dans la nouvelle grille de sélection, nous renforçons les moyens mis en oeuvre pour que les personnes apprennent le français depuis l’étranger, grâce à nos services de francisation en ligne et aux nouvelles ententes que nous conclurons avec les Alliances françaises.
Dès 2014, nous rendrons accessibles à l’ensemble des personnes immigrantes sélectionnées par le Québec un service d’intégration en ligne. Ces services, actuellement utilisés par quelques milliers de personnes sélectionnées et qui sont encore à l’étranger, permettent de mieux préparer son projet d’immigration. Un ingénieur algérien pourra par exemple y consulter des capsules d’information sur la culture québécoise, entamer ses démarches d’accès à son ordre professionnel et communiquer par webcaméra avec un agent qui le conseillera sur ses préparatifs.
Dès l’été 2013, nous accentuerons les actions des organismes montréalais qui font la promotion de la régionalisation auprès des personnes immigrantes et qui les accompagnent dans ce choix de vie, comme le font par exemple Le Collectif dans le quartier Saint-Michel et PROMIS dans Côte-des-Neiges.
Nous reverrons les ententes avec les Conférences régionales des élus afin qu’en matière de régionalisation de l’immigration, les mesures qu’elles mettent en place soient à la fois collées sur la réalité des milieux et centrées sur des résultats concrets. Des régions comme l’Abitibi-Témiscamingue, Chaudière-Appalaches et quelques autres frôlent le plein-emploi : il faut que les personnes immigrantes le sachent et que cette information influence leur choix d’établissement.
Le soutien offert par le Ministère et Emploi-Québec aux personnes immigrantes dans leur parcours vers l’emploi sera intégré, c’est-à-dire qu’elles passeront des services d’accueil et d’intégration aux services d’insertion en emploi en continu. Ce virage sera achevé avant la fin de cette année. Emploi-Québec et la Commission des partenaires du marché du travail augmenteront les ressources disponibles pour la francisation en entreprise, ainsi que le recours aux subventions salariales qui permettent aux personnes immigrantes d’obtenir une première expérience québécoise dans leur domaine de formation.
Il s’agit de mesures structurantes qui soutiendront concrètement les personnes immigrantes et bénéficieront à l’ensemble de la population québécoise.
Francisation : faire mieux, faire autrement, faire plus
Nous souhaitons tous réussir à franciser davantage de personnes immigrantes. Davantage de ressources y contribueraient évidemment, ne serait-ce que pour augmenter la modeste allocation de 115 $ par semaine offerte aux étudiants à temps plein.
Durant ma tournée des régions du Québec, on m’a d’ailleurs souvent demandé d’augmenter les ressources en francisation. Le contexte budgétaire actuel ne me permet malheureusement pas d’accéder à cette demande. J’aimerais toutefois souligner deux éléments à cet égard.
D’abord, en sélectionnant davantage de candidats francophones, la demande de services de francisation de base diminuera progressivement. Cela nous permettra d’augmenter notre offre de services en francisation avancée, y compris la francisation qui permet d’apprendre le vocabulaire spécifique à son métier.
Par ailleurs, j’ai demandé aux équipes du ministère d’accélérer les travaux de diversification des moyens utilisés en francisation. Bien sûr, la classe traditionnelle reste le pivot de notre action, mais la francisation en ligne, utile à l’étranger, pourrait l’être également au Québec. Télé-Québec pourrait aussi être mise davantage à contribution, tout comme différents médias communautaires.
L’intégration, pour bâtir ensemble le Québec
L’intégration réussie des personnes immigrantes à la société québécoise est un enjeu fondamental. Des immigrants qui maîtrisent le français en emploi et qui contribuent en français à leur milieu de vie peuvent grandement contribuer à dynamiser le Québec.
Entreprises privées, organismes publics et communautaires, société d’accueil et personnes nouvellement arrivées, nous avons tous un rôle à jouer afin de relever le défi de l’intégration. L’immigration peut être une richesse, à la condition que chacun y mette du sien.
Je nous lance tous le défi de faire l’effort de parler français aux personnes qui sont en train de l’apprendre, d’accompagner les nouveaux arrivants dans la découverte de leur nouvelle société et de leur donner le premier coup de pouce qui leur permettra de vivre et de travailler en français au Québec.
Chaque année, 50 000 immigrants s’installent au Québec ; Montréal ne doit plus être la destination de la vaste majorité d’entre eux. Les métropoles attirent les immigrants dans la plupart des pays du monde, mais il nous faut réussir à diversifier progressivement le lieu d’établissement des nouveaux Québécois. La région de Montréal a donc besoin de l’aide des autres régions, tout comme plusieurs régions ont besoin des nouveaux Québécois pour contribuer à leur dynamisme.
Au terme de ces vingt semaines, j’ai constaté que les régions du Québec sont capables d’innover afin d’intégrer à leur manière les personnes immigrantes sur leur territoire. Je suis certaine que nous y arriverons.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter les sites du Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, du Secrétariat à la politique linguistique.


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