André Pratte - Éternelles et falsificatrices suppositions d'anti-étatsunianisme

Obama. Fin de l'impérialisme ou nouvel impérialisme « à visage humain » ?

L'anti-impérialisme n'est pas anti-étatsunianisme. Nuance !

Tribune libre


André Pratte - La Presse 2009 04 20 - La méthode Obama
« Rappelons que le président Chavez est réputé pour son anti américanisme, lui qui n'a pas cessé de dénoncer la « dictature mondiale » imposée par les États-Unis. En fin de semaine, il a annoncé le retour d'un ambassadeur vénézuélien à Washington.

Chavez est réputé « anti américain » par celles et ceux qui refusent de faire la différence entre anti-impérialisme et anti-étatsunianisme ( anti-américanisme ). Si Chavez était « anti-américain » ne serait-il pas anti-ce-qu'il-est-lui-même, puisqu'il est... américain ? S'il était anti-étatsunien aurait-il montré autant d'ouverture au nouveau président ? Il est clair que Chavez n'est pas anti-étatsunien, il est clair qu'il est plutôt anti-impérialisme étatsunien. Les éternelles accusations d'anti-étatsunianisme ne servent qu'à discréditer la critique de l'anti-impérialisme états-uniens. Commode mais falsificateur, sophistique.
La méthode Obama semble donc porter ses fruits sur le continent américain, à tout le moins en ce qui a trait à l'atmosphère des relations internationales. Il reste à voir quels seront les effets concrets de cette façon de faire.

En tout cas, elle n'a pas empêché MM. Morales et Ortega d'accuser les Américains de tous les péchés de la terre. Le livre qu'Hugo Chavez a remis au président Obama, Les veines ouvertes de l'Amérique latine, est un essai célèbre dénonçant le «pillage» dont le sud du continent a été victime aux mains des grandes puissances. »

« Accuser les Américains de tous les péchés de la terre ». La belle affaire... !
Les veines ouvertes de l'Amérique latine - Eduardo Galeano
« En 1971, l'intellectuel uruguayen Eduardo Galeano publiait une critique radicale des États-Unis et de l'exploitation des richesses latino-américaines. Une oeuvre au lyrisme exacerbé qui a inspiré une génération d'étudiants. »

« Les Boliviens se sont soulevés parce qu'ils refusent que se produise avec le gaz ce qui s'est déjà passé avec l'argent, le salpêtre, l'étain et tout le reste »: plus de trente ans après, Eduardo Galeano persiste et signe. En proposant il y a quelques mois cette analyse dans le journal argentin Pagina 12 , au lendemain de la répression sanglante d'une manifestation d'opposition bolivienne à un projet d'exportation de gaz vers la Californie et le Mexique, l'intellectuel uruguayen reprenait en effet la thèse qui avait fait l'immense succès de son livre, Les veines ouvertes de l'Amérique latine, publié en 1971, dans la foulée d'un long reportage en Bolivie. Le jeune journaliste -il avait alors 30 ans- portait ce même regard sur le continent, offrant au fil de pages au ...

Article de 1389 mots - Luc Lamprière : Journaliste, Mexico - Alternatives Internationales - n°17 - Octobre 2004

Il est ici encore question non pas d'anti-américanisme mais bien d'anti-impérialisme... Obama est sur la bonne voie nous dit M. Pratte. Mais l'Amérique latine tient bon et on ne parvient pas à s'entendre sur une déclaration commune.
Fin du sommet des Amériques sans unanimité sur une déclaration
Clôture du Sommet des Amériques de Port of Spain
Obama demande des gestes de bonne volonté de Cuba

L'embargo contre Cuba est au coeur de la question. Obama pointe du doigt et ne s'engage pas dans la levée de l'embargo.
« «Il est difficile d'imaginer que nous mettions en jeu les intérêts stratégiques des États-Unis» en serrant la main au président vénézuélien, a-t-il estimé. » La presse-2009 04 19 En clôture du Sommet, Obama demande des gestes de bonne volonté de Cuba
Fin de l'impérialisme ou nouvel impérialisme « à visage humain » ?
Comme le dit M. Pratte « Il reste à voir quels seront les effets concrets de cette façon de faire. »


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1 commentaire

  • François Munyabagisha Répondre

    21 avril 2009

    L'«anti-américanisme» ou «anti-étatsunisme» sont au fond synonymes et sont frères à l'«anti-occidentalisme». L'un et l'autre procèdent de l'«escroquerisme» intellectualiste. Il n' a pas d'«anti-américanisme», pas non plus d'«anti-étatsunisme», ni d'«anti-occidentalisme»! Il y a plutôt «ANTIBUSHISME
    CHavez s'est montré outré par l'excès de crétinisme et de barbarisme incarnés par Bush. Il y a sur terre plusieurs millions de Chavez, plusieurs milliads de Chavez en herbe, contre quelques dizaines de Bush et milliers de bushistes.
    Nul n'est contre l'Amérique, nul n'est contre l'occident, on est contre la barbarie autant que l'on sera contre la criminalité.
    La fin du «bushisme» viendrait-elle de la poignée de mains Chavez x Obama? Non! La fin du «bushisme» viendra de l'humanisation des chroniqueurs, des faiseurs d'opinion, des défenseurs des droits humains basés en occident, surtout ceux domiciliés aux USA et au Canada. Il faudra d'eux une forte prise de consience et une ferme volonté d'empêcher qu'un pays dit évolué soit le paradis de criminels impénitents, de même que pour les pays non avancés. Leur silence sur les crimes odieux de Bush avec sa guerre contre l'Irak s'étant traduite par la décapitation de l'Administration de ce pays, les destructions monstres de vies humaines, la multiplication de fausses représentations à l'ONU, etc., hypothèque les chances de la sortie du tunnel del'antibushisme.
    Si le bushisme persiste à présider aux pires destins de l'humanité, ce ne sera pas à cause de Bush, encore moins à cause de Chavezou d'Obama. Ce sera à cause du silence complice et corrompu des «humanistes» d'ici et d'ailleurs.