Oka aura sa réunion avec Ottawa

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En finançant les Mohawks, Ottawa a tenté de céder Oka à Kanesatake sans faire de bruit


OKA | Le maire d’Oka se réjouit qu’une rencontre s’organise avec le gouvernement fédéral afin de dénouer l’impasse entre sa municipalité et Kanesatake, dont le chef réclame des excuses.


«Ça fait plus de trois ans qu’on essaie de se faire entendre par le fédéral et ça a malheureusement pris cette crise pour que le gouvernement accepte de nous écouter», a dit vendredi Pascal Quevillon, faisant référence aux vives tensions qui sévissent depuis quelque temps entre sa municipalité et la communauté mohawk voisine en raison de revendications territoriales. 



Le grand chef du conseil de bande de Kanesatake, Serge Simon

Photo collaboration spéciale, Stéphane Sinclair

Le grand chef du conseil de bande de Kanesatake, Serge Simon




Le maire de cette municipalité des Laurentides compte participer à la rencontre qu’a annoncée vendredi la ministre québécoise des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, avec un représentant du fédéral, même si le grand chef du conseil de bande de Kanesatake, Serge Simon, ne veut pas y aller pour l’instant. 


M. Simon a laissé entendre qu’il n’y participerait pas tant et aussi longtemps que M. Quevillon ne présenterait pas des excuses pour ses propos jugés racistes à l’endroit de sa communauté.  


Cabanes à pot


«Il va falloir [que le maire] s’excuse pour la façon dont il a exprimé ses inquiétudes parce que ça a sorti quand même pas mal raciste. Si le maire réussissait à trouver le courage de s’excuser, on pourrait peut-être commencer un dialogue, mais pas pour le moment», a soutenu M. Simon en entrevue à QUB radio, vendredi matin. 


«On voit un peu ce qui se passe présentement à Kanesatake, et on ne veut pas que ces choses-là descendent chez nous», avait dit M. Quevillon plus tôt cette semaine en parlant des «cabanes à pot» et «à cigarettes» qui se retrouvent aux abords de sa ville. 


La ministre D’Amours avait d’ailleurs demandé au politicien de modérer ses déclarations et d’éviter de dire certaines choses en public. 



Le maire d’Oka, Pascal Quevillon

Capture d'écran, TVA Nouvelle

Le maire d’Oka, Pascal Quevillon




«On essaie de me faire passer pour le maire irresponsable, pour me faire taire et mettre un autre baume sur la problématique, un petit plaster», a répliqué vendredi matin M. Quevillon à TVA Nouvelles. 


«On a la paix pendant une couple d’années et ça va sauter encore», a-t-il enchaîné. 


Histoire de territoires


Au cœur du litige, il y a des territoires revendiqués par la nation mohawk. Le propriétaire Grégoire Gollin, qui possède 95% des lots vacants dans ce secteur, a décidé de céder aux Mohawks l’ensemble de ses terrains. Une partie du territoire qui pourrait être transférée était au centre de la crise d’Oka de 1990. 


Le maire s’oppose à la cession des terrains de M. Gollin aux Mohawks. Il craint que la prolifération des cabanes à cigarettes et à cannabis à l’entrée du territoire de Kanesatake provoque la dévaluation des maisons à Oka et sonne le glas de la municipalité. 


M. Quevillon refuse toujours de revenir sur ses paroles.  


«M’excuser pourquoi? Parce que j’ai décrit des faits? Le conseil de bande n’a aucun contrôle sur ce qui se passe en haut. C’est juste une vérité qui dérange», a-t-il dit.  


Ce dernier estime que les résidents d’Oka ont enfin des chances de se faire entendre par Ottawa qui pilote le dossier. 


«Les citoyens d’Oka ne sont pas les seuls à subir la prolifération des cabanes à cannabis, il y a beaucoup de Mohawks en haut qui doivent aussi vivre avec ça et ils ne sont pas contents. On n’en veut pas à l’entrée du village. Je représente mes citoyens qui n’en veulent pas», a expliqué M. Quevillon.  


Les deux élus demandent pourtant la même chose à Ottawa depuis de nombreuses années: la présence de la Gendarmerie royale du Canada ou d’un corps policier autochtone.  


Drapeaux Warriors


La situation était calme à Oka lors du passage du Journal vendredi après-midi.  


Des drapeaux Warriors, ces Mohawks qui soutiennent les revendications traditionnelles par des moyens draconiens comme bloquer des routes, ont été installés à l’entrée du territoire, mais la circulation s’y faisait très bien et les jeunes Mohawks qui manifestaient jeudi dernier avaient quitté l’endroit.  


ÉCOUTEZ l’entrevue intégrale de Serge Simon à QUB radio:  





– Avec l’Agence QMI