Un régime totalitaire peut détruire une civilisation par l’extermination systématique de sa population. Il peut aussi éradiquer son patrimoine culturel et convertir son peuple au système politique et idéologique voulu. L’Histoire a connu de nombreux exemples d’élimination des emblèmes d’une religion au profit d’une autre, tels les bouddhas géants de la vallée du Bâmiyân sur le plateau central d’Afghanistan par les talibans, ou d’autodafés d’œuvres et de livres jugés interdits sous le communisme en URSS, en Chine ou au Cambodge des Khmers rouges. Le totalitarisme progressiste a franchi une nouvelle étape dans l’ethnocide occidental en multipliant la destruction de certains symboles, avec l’assentiment, l’acceptation ou l’indifférence des intéressés.
En Belgique, l’université de Leuven a enlevé un buste de Léopold II, tout comme la ville d’Anvers qui a retiré la statue du roi ayant conquis le Congo au XIXe siècle, rapporte Le Soir.
En Suisse, une mobilisation et une pétition ont été lancées pour déboulonner la statue de David de Pury, dont on retient l’esclavagisme, à Neuchâtel.
En Royaume-Uni, la statue de Winston Churchill a été vandalisée, celle de Cecil Rhodes a été détruite et mise à l’eau à Oxford, tout comme celle de Robert Milligan à Londres. Le maire Sadiq Khan et le ministre de l’Industrie Nadhim Zahawi souhaitent, pour leur part, aller plus loin en retirant des centaines de statues « en fonction des opinions des populations locales », sur Sky News. Le corsaire Francis Drake, l’amiral Nelson, le roi Charles II d’Angleterre sont, entre autres, dans le collimateur.
Aux États-Unis, une statue de Christophe Colomb a été décapitée à Richmond (Virginie), une autre du même navigateur, taguée « Black Lives Matter », à Boston, puis enlevée de North End Park.
Le film Autant en emporte le vent, réalisé en 1939 par Victor Fleming, adapté du roman de Margaret Mitchell paru en 1936, a été retiré du catalogue de la plate-forme HBO car il véhiculerait une image raciste, indigne, d’un esclavagisme heureux du sud des États-Unis du XIXe siècle. « Le début d’une nouvelle histoire », s’est félicité, sur Twitter, le petit Pol Pot en culotte courte Gilles Verdez. Jean-Michel Aphatie l’a rejoint en attaquant, pour sa part, la mémoire du général Bugeaud dont il faudrait débaptiser, selon lui, la rue parisienne qui porte son nom.
« Eussé-je devant moi cinquante mille plaques et statues, je déboulonnerais », pourraient-ils dire, au moins avec un peu de goût et de culture… Même pas ! La statue de Colbert a également été ciblée, à Paris, à la suite des manifestations lancées par Assa Traoré (la sœur d’Adama, qualifiée de « chance pour la France » par l’ancien garde des Sceaux Christiane Taubira). Sans doute une longue liste suivra pour rejoindre le bûcher de l’homme blanc sur l’autel de l’humanisme : Céline, Voltaire, Balzac, Molière, Flaubert, Richelieu, de Gaulle (à vrai dire, ce dernier a déjà chuté face contre terre, à Évreux, en juillet 2019, lors des liesses footballistiques algériennes)…
Et puis, après les têtes des statues, ce seront celles des récalcitrants qui pourraient bien tomber.