Hélène Buzzetti - Ottawa — Andrew Scheer, le député conservateur qui a organisé pour ses collègues une rencontre au parlement avec le vicaire canadien de l'Opus Dei, assure qu'il ne faut pas s'inquiéter de tels événements. La rencontre était purement spirituelle et les politiques publiques n'y ont pas été discutées.
Le Devoir a révélé hier que M. Scheer a invité le grand patron au Canada de l'Opus Dei, Frederick Dolan, au restaurant parlementaire à Ottawa pour rencontrer des députés, sénateurs et adjoints politiques. Dix-huit personnes s'y sont présentées, principalement des conservateurs.
«Nous avons un certain nombre de ces événements sur la colline parlementaire, où nous invitons des leaders religieux de toutes les confessions, explique Andrew Scheer en entrevue avec Le Devoir. Je suis personnellement chrétien. Nous avons invité dans le passé différents prêtres et dignitaires catholiques pour discuter avec les parlementaires et leur personnel. Les enjeux soulevés sont de nature spirituelle.»
En entrevue avec Radio-Canada, le vicaire Dolan a confirmé qu'il s'agissait de sa troisième visite sur la colline en deux ans. «Mon rôle hier [mercredi] n'était pas de faire de la pression, pas du tout, a-t-il insisté. Tout le monde, de tous les partis, était invité.»
Le député libéral Mario Silva a indiqué au Devoir qu'il y avait participé. Il déplore l'image négative qui ressort de cette rencontre. «Ce n'est pas une réunion secrète. Je ne suis pas conservateur du tout. Je suis gai, je suis avec mon partenaire depuis 15 ans, mais je suis catholique et je veux savoir ce qui se passe dans l'Église catholique.» M. Silva dit ne pas avoir beaucoup d'informations sur l'Opus Dei.
Le député organisateur dit connaître Frederick Dolan depuis quelques années. Son discours de mercredi, raconte-t-il, portait sur la mesure spirituelle du succès. La politique a-t-elle été abordée pendant ce repas? «Certains participants ont posé des questions pour savoir comment essayer de trouver un équilibre, de déterminer la bonne ligne de conduite dans leur vie professionnelle considérant leur spiritualité, dit-il seulement. Si vous aviez été là, si vous aviez assisté aux précédents événements de même nature, vous auriez vu qu'il n'y a rien à craindre.»
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ne l'entend pas ainsi. À la Chambre des communes, il a établi un lien entre ce genre d'accointances et le refus conservateur de financer les avortements à l'étranger.
«Ça témoigne qu'il y a une orientation dictée par la droite religieuse fondamentaliste dans ce parti, dit-il. Dans une société moderne, la religion et l'État doivent être séparés.» Selon lui, les religions ne doivent pas imposer leurs «dogmes» à l'État parce que «la religion des uns ne doit pas devenir la loi de tous les autres». Selon M. Duceppe, c'est ce qui se produit à Ottawa. «C'est inquiétant. Ça ressemble à cela beaucoup.»
Il a rappelé qu'outre la candidate québécoise Nicole Charbonneau Barron, une membre du conseil national du Parti conservateur faisait partie de l'Opus Dei, soit Kara Johnson.
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