Démagogie médiatique

Où sont les limites du laisser-dire ?

La québécophobie déferlante au Canada anglais prépare la guerre

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Raciste. Fasciste. Intolérant. Depuis quelques années, les accusations vont en s’amplifiant. Le « presque-OUI » d’octobre 1995 a inauguré une nouvelle véhémence. Mais plutôt que de se faire ici, sur la place publique, le procès du « Québec », société, gouvernement et population confondus, se fait ailleurs. Dans notre dos. Politique linguistique et projets indépendantistes sont évidemment les principales pièces à conviction.
Dans l’année préréférendaire, le Financial Post proposait d’emprisonner Parizeau pour haute trahison, Peter C. Newman de Maclean’s demandait soutien de l’Armée canadienne pour combattre Parti québécois. La correspondance ouverte sur Internet est très animée : par exemple, un monsieur soutient que Lucien Bouchard est payé par Washington pour démanteler le Canada et que sa bactérie mangeuse de chair lui a été inoculée par des agents de la CIA pour à la fois en faire une légende de l’indépendance et pour le faire taire. The Ottawa Sun compare le PQ et le BQ au Front national français. Les plus insidieux parlent de la « ghettoïsation » du Québec. Les grandes gueules du prolo appréciées par les tribunes publiques canadiennes font régulièrement du mange-québécois. Elle trouve facilement preneur, cette image du Québec plaignard profiteur des rentes et subventions fédérales, ethnocentriste, raciste et ennemi des libertés individuelles.
Le Boston Globe affirme en « une » que « les séparatistes font fuir les anglophones et chuter l’économie » et cite un psychologue prétendant que la moitié de la population, inquiète, ne dort plus la nuit… (cité par PC, Le Devoir, 26 mars 1997). Le Mexico City Times, le Wall Street Journal, le Scottland On Sunday, The Economist, le Baltimore Morning Sun ont contribué à la charge. Les exagérations sont montées en épingle, relayées de démagogues en médias. Même des fédéralistes comme Jean Paré (de l’Actualité) et Roger D. Landry (de La Presse) s’inquiètent des répercussions de ces airs de radio rwandaise. Où sont les limites du laisser-dire ?
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Par Daniel S. Legault


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