Gilles Gagné et Simon Langlois dans leur ouvrage qui vient de paraître, Les raisons fortes. Nature et signification de l'appui à la souveraineté du Québec.
(...)
Or ce que l'on propose est loin d'être inspirant: c'est une déformation de la social-démocratie keynésienne en un exercice de résolution des problèmes à la pièce et la réduction du modèle au clientélisme.
Le mouvement souverainiste aurait conduit à une «République des satisfaits», avancent les auteurs, en reprenant l'expression de Galbraith. À cet égard, l'élite politique du PQ appartient au groupement social qui a le plus profité des transformations de la société québécoise depuis les années 60. À l'époque, cette élite, non encore parvenue, personnifiée par René Lévesque qui cherchait à convaincre les Québécois presque un par un, avait besoin de s'allier au peuple pour faire sa place dans la société. «Le discours nationaliste décline avec le fait que la classe dominante n'a plus besoin de l'appui du petit peuple pour assurer sa propre ascension. On ne va pas pousser Pauline Marois encore beaucoup plus loin», juge Gagné. Pour faire comme la gauche caviar en France, ou celle de Tony Blair, l'élite québécoise, «mondialisante et continentaliste», rêve de faire partie de «la nouvelle technocratie multinationale associée aux classes managériales des grandes organisations».
L'élite n'a plus le goût de convaincre. Les conditions gagnantes, l'attente du moment propice, persuade le peuple que la souveraineté, ce n'est pas pour demain. «À 11 heures du matin, le général est encore en robe de chambre, il fait des mots croisés et il déprime», illustre Gilles Gagné. «Si l'élite qui a été portée par la montée du Québec et sa modernisation n'a plus le goût de prendre le risque d'aller plus loin, il va falloir qu'ils démobilisent les troupes», tranche-t-il, c'est-à-dire biffer l'article un du programme du PQ.
En préparation des élections, le PQ se leurrerait s'il appelait les souverainistes à la rescousse pour parvenir à s'accrocher au pouvoir. C'est là d'ailleurs une contradiction: le parti de René Lévesque est au service de la souveraineté — et du mouvement social qui l'accompagne — et non l'inverse. S'ils tentent le coup en proposant simplement une bonne gouvernance, les péquistes vont se faire rétamer (Ruiner, épuiser - ndlr). «C'est un parti qui doit vivre et mourir avec la souveraineté.» Mais Gilles Gagné ne veut pas annoncer une fois de plus la fin du projet souverainiste, ce qui a été «annoncé 45 fois depuis 1995 par toutes les Lysiane Gagnon de ce monde». Le groupe porteur de la souveraineté peut se remobiliser: le PQ doit avoir le courage de lui proposer un projet d'État souverain, avec un budget de l'An 1, un programme législatif et même, une date pour la tenue du prochain référendum.
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extrait tiré de:
Deux sociologues publient une étude - Vivre et mourir avec la souveraineté
Le groupe social porteur du projet nationaliste s'est grandement démobilisé depuis 1995
Robert Dutrisac Le Devoir 4 mai 2002 Politique
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
6 juillet 2011si vous en avez la chance, écoutez Gilles Gagné faire un excellent survol de la loi 38, horaire ici: http://www.canalsavoir.tv/emission.php?id=10144
un autre loup dans une autre bergerie.
Stéphane Russell Répondre
18 juin 2011La stratégie actuelle des indépendantistes, et même des fédéralistes nationalistes, est de dire: «voici, comme on ne peut pas être indépendants, donnons nous en les apparences en attendant.»
La question est: en attendant quoi au juste? Que quelqu'un choisisse à notre place?
Nous ne faisons que ça attendre, et tous en ont ras-le-bol. Mais c'est bien notre faute à tous. C'est pourquoi le Québec doit être mis devant ses choix par ses politiciens, pour l'inciter à sortir de sa léthargie.
Le mouvement indépendantiste se doit d'avoir un mandat claire, du genre: si vous élisez des députés indépendantistes avec une majorité de votes, on entame l'indépendance du Québec. Le temps du parti unique est révolu. LE TEMPS DES RÉFÉRENDUM EST RÉVOLU!
Bien sûr, ceci aura pour effet de forcer les québécois à assumer leur choix. Mais justement! Leur choix actuel, celui qu'ils ne veulent pas voir, c'est Jean Charest, c'est le NPD fédéraliste, c'est la mafia. La situation doit les aider à être conséquents, en étant FORCÉ de voter en fonction de leur choix, soit Jean Charest, ou le nouveau parti de M. Legault (qui n'est pas social-démocrate, n'a pas de programme clair et ne pourra pas présenter de candidats sérieux d'ici deux ans) ou pour Québec Solidaire (qui est encore embryonnaire et purement idéologique).
Sans cette stratégie, le PQ sera encore forcé au «Beau risque», en prenant le pouvoir pour empêcher les libéraux, le parti au service des affaires, à continuer d'enfoncer le clou dans le cercueil de l'échec financier que nous sommes pour eux. Car le français, dans leur Canada monétariste impérial, n'est pas rentable. Et comme on sait, les affaires sont les affaires, m'a-t-on dit un jour alors qu'un de mes proches étant mourant.
Mais le «Beau risque» ne fera que prolonger la situation dans laquelle nous sommes: pendant que les fédéralistes vident le Québec français de toute substance au nom du profit-roi (le monétarisme, pas la droite), le PQ est le seul parti vraiment tenu à maintenir le Québec français dans le Canada, et donc à prouver que le Canada est viable pour nous. N'est-ce pas ironique? N'était-ce pas aux fédéraliste de faire cette démonstration?
Branler dans le manche, c'est ça, et nous sommes passés maître dans l'art avec notre politique dite nationale. La politique doit inciter les électeurs à faire des choix clairs, pas l'inverse. Je veux pour exemple la sociale-démocratie «nationale», qui est appliquée symboliquement au Québec. Si vraiment c'est le choix du peuple, alors soit! Je m'y plierai, promis. À contre coeur mais je m'y plierai au nom de la démocratie. Mais alors, allons-y sans détour! Car voici ce que ça donne sinon:
http://carriere.jobboom.com/marche-travail/dossiers-chauds/2011/05/19/18167491-jm.html