Depuis Paris, le premier ministre François Legault a déclaré hier que son gouvernement fera tout pour récupérer les millions de dollars détournés par l’ancien directeur général du Centre universitaire de santé McGill, Arthur Porter.
« On va essayer de tout faire pour récupérer le maximum du montant qu’on s’est fait voler par monsieur Porter », a-t-il dit après sa rencontre avec le président Emmanuel Macron.
François Legault réagissait au reportage de notre Bureau d’enquête qui révélait que M. Porter et sa femme Pamela ont réussi à vendre des propriétés qu’ils détenaient dans les Caraïbes, même si elles étaient visées par des ordonnances de blocage émises par un juge québécois.
« Ça m’inquiète de voir qu’on a pu transférer des actifs de monsieur et madame Porter », a dit le premier ministre. Selon lui, c’est au ministère de la Justice de faire tout le nécessaire pour récupérer les montants.
Au cabinet de la ministre de la Justice Sonia Lebel, on a préféré hier ne pas commenter et on a renvoyé la balle à Justice Canada qui doit faire appliquer les jugements à l’extérieur du pays.
Trop facile à contourner
Pour la députée libérale ex-professeure universitaire de fiscalité Marwah Rizqy, c’est le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) qui aurait dû être plus agressif.
Selon elle, les ordonnances de blocage sont trop faciles à contourner et le DPCP aurait dû demander des saisies avant jugement avec la possibilité de liquider les actifs.
« L’ordonnance de blocage, c’est bien fin, mais ça ne rend pas justice aux Québécois », déplore l’avocate, qui était spécialisée dans les paradis fiscaux avant de faire le saut en politique.
Elle estime que cette histoire vient une fois de plus démontrer combien il est facile de cacher de l’argent dans les paradis fiscaux.
« C’est leur seule utilité. C’est un exemple parfait de la raison pour laquelle les Bahamas existent, pourquoi Saint-Christrophe existe », soutient-elle.
La députée déplore aussi le délai de quatre ans avant de saisir les propriétés des filles d’Arthur Porter aux États-Unis.
Avec la collaboration de Philippe Orfali et Antoine Robitaille