Recul du français au Québec

Paroles, des paroles, des paroles…

Que font réellement les élus contre l'anglicisation du Québec ?

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Tribune libre

 


Les yeux sont tournés, par les temps qui courent, vers la Chambre des communes et l’Assemblée nationale, où des débats sur le recul du français au Québec, particulièrement à Montréal, débordent parfois de bonnes intentions qui malheureusement demeurent souvent de vaines paroles. Or, les chiffres sont sans équivoque, toutes les études et les avis confirment le recul du français au Québec.

https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/589992/recul-du-francais-reagir

https://www.ledevoir.com/opinion/idees/590444/point-de-vue-le-francais-a-besoin-d-un-redressement-radical

Du côté fédéral

Récemment, soit le 25 novembre, les élus fédéraux de toutes allégeances politiques confondues y sont allés, aux Communes, de déclarations d’amour pour le français se voulant toutes plus émotives les unes que les autres pour prouver qu’ils sont les plus sincères dans leur volonté de freiner le recul du français au Québec. Un «débat exploratoire» qui survient à la suite de la controverse déclenchée par la députée libérale de Saint-Laurent Emmanuella Lambropoulos, qui a remis en doute le fait que le français recule à Montréal et au Québec.

Dans cette effervescence de louanges envers le français, les libéraux ont réitéré qu’ils moderniseront bientôt la Loi sur les langues officielles et ont vanté leur réforme sur la radiodiffusion comme une façon de faire rayonner la culture francophone dans l’univers numérique.

Ils n’ont toutefois offert aucun détail sur le moment où ils déposeront leur nouvelle mouture de la Loi sur les langues officielles promise depuis 2015 ni envoyé de signal qu'ils acquiesceront à la volonté de Québec que les entreprises à charte fédérale, comme les banques, soient assujetties à la Loi 101 en sol québécois.

À la fin de cette démonstration partisane, les bloquistes, par la voix de leur chef, Yves-François Blanchet, ont déploré que ces belles paroles ne s’accompagnent pas de gestes concrets en soulignant que les libéraux excellaient dans l’art de faire les louanges de la loi 101 mais s’obstinaient à lui mettre des bâtons dans les roues.

Du côté provincial

Alors qu’on pourrait s’attendre à ce que le discours soit beaucoup plus étoffé du côté du gouvernement du Québec, le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette a annoncé lors d’une conférence de presse le 24 novembre qu’une annonce devrait venir lors de la prochaine session parlementaire, à la faveur du dépôt d’un projet de loi visant à présenter une nouvelle version de la Charte de la langue française (loi 101). Promise et annoncée à plusieurs reprises depuis deux ans, la refonte globale de la loi 101 est reportée une fois de plus.

Lorsque le ministre déposera finalement son projet de loi, le gouvernement sera dans la troisième année de son mandat, Pourtant, depuis son élection, le gouvernement promet d’adopter une politique «costaude» en matière de défense du français dans plusieurs domaines, surtout pour la langue de travail, avec une refonte globale de la loi 101, adoptée en 1977. Or l’échéance est constamment reportée. À titre d’exemple, en août dernier, le ministre affirmait que c’était une question de «quelques semaines» avant qu’elle soit rendue publique.

En ce qui a trait au recul important de l’utilisation du français dans les commerces de Montréal, le premier ministre François Legault juge «totalement inacceptable» que des consommateurs aient parfois de la difficulté à être servis en français dans des commerces au Québec alors que la loi 101 stipule clairement que le français est la langue du commerce au Québec.

C’est une enquête du Journal de Montréal, publiée la semaine dernière, qui avait laissé voir que dans un commerce sur deux du centre-ville de Montréal, la journaliste qui s’était fait passer pour une cliente avait été accueillie en anglais. Elle avait visité une soixantaine d’établissements. Parfois, même après avoir demandé à être servie en français, la cliente-journaliste n’avait pu l’être, parce que l’employée qui la servait ne parlait carrément pas le français.

Conclusion

Une prise de conscience unanime sur le déclin du français au Québec est en train de se manifester chez les gouvernants. Le glas de la lucidité vient de sonner. Reste cependant à entendre celui de l’action. Pour l’instant, les grandes manifestations d’amour pour le français ne sont que belles paroles, des paroles, des paroles…


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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