La campagne électorale québécoise continue de captiver commentateurs et éditorialistes. On s’interroge sur la réaction que devra avoir le reste du Canada advenant une victoire péquiste. On se penche sur le bilan du gouvernement libéral de Jean Charest. Mais la personne qui retient l’attention et est le sujet des analyses les plus assassines est sans contredit la chef péquiste Pauline Marois. Plusieurs l’accusent de nourrir l’intolérance et même de faire preuve de xénophobie.
Jonathan Kay, du National Post, est le plus virulent de tous. Il note qu’on n’aurait jamais pardonné à un Albertain des politiques « anticonstitutionnelles et intolérantes », comme celles de Mme Marois, et aucun n’en a suggéré. Aux yeux de Kay, Mme Marois est « la plus xénophobe des chefs de partis importants canadiens ». L’absence de tollé dans le reste du pays donne l’impression, poursuit-il, que « les Canadiens sont devenus si habitués de voir les nationalistes québécois racler le fond pour obtenir des votes que cela ne les choque plus ». Lui l’est, cependant. Il énumère les propositions de la chef péquiste, les dissèque et les dénonce. Citant un sondage récent, il se rassure en écrivant que les Québécois semblent en avoir assez de « l’extrémisme de Mme Marois ». Il espère que la tendance se poursuivra car, sous Pauline Marois, le Québec serait, dit-il, « un endroit inquiétant pour quiconque ne souscrit pas à sa troublante approche antidémocratique ».
Son collègue du Post, Chris Selley, revient sur cette idée d’interdire à quelqu’un ne parlant pas français de briguer un poste de maire ou de député. Il soupçonne qu’elle a été inspirée par le sort subi par les souverainistes lors de la dernière élection fédérale, où des unilingues anglophones ont battu des députés du Bloc québécois. « Il est évident qu’une partie du plan de match du PQ est de dénigrer les minorités, affirme-t-il, mais cela n’a pas plus de sens d’élire quelqu’un qui ne parle pas français au conseil municipal de Shawinigan que quelqu’un qui ne parle pas anglais à Toronto. Mais de deux choses l’une, soit [Mme Marois] doute que ses concitoyens soient assez intelligents pour ne pas faire cette erreur, soit elle réalise que toute la classe politique s’est avilie au point où que la population pourrait faire ce choix de façon délibérée pour exprimer son insatisfaction. »
Ça continue
Le Saskatoon Star-Phoenix note que « la campagne actuelle était à peine commencée que les candidats et chefs de parti remettaient en question le rôle des étrangers au Québec et leur droit de parler et de travailler en anglais ». Le fond du baril, dit le Star-Phoenix, a été atteint avec les propos du maire de Saguenay, suivis « des politiques xénophobes que [Mme Marois] utilise pour détourner l’attention de l’engagement impopulaire de son parti de tenir un référendum sur la souveraineté ». Le quotidien conclut ainsi : « L’intolérance qui dévore la politique québécoise devrait être un embarras historique. »
Selon le Winnipeg Free Press, « ce n’était qu’une question de temps pour qu’on cherche, durant cette élection québécoise, à appâter le vote « pure laine ». » Le Free Press note que « cette élection représente un défi plus important pour M. Charest, à cause, entre autres, des allégations de corruption, mais, poursuit-il, la médisance à l’endroit des minorités et des immigrants et l’impression de supériorité culturelle font paraître la province encore plus mal ».
Le Vancouver Sun estime que Pauline Marois devrait s’employer à rassurer tous les Québécois sur le fait qu’ils seront tous les bienvenus et que leurs droits seront respectés sous un gouvernement péquiste. En lieu et place, dit le quotidien, « Mme Marois alimente les flammes de l’intolérance ». Ses politiques seront inévitablement contestées devant les tribunaux, écrit le Sun, mais c’est ce que souhaite Mme Marois : se faire débouter en Cour suprême pour ensuite utiliser ce rejet pour prouver que le Canada et le Québec n’ont rien en commun.
Honte pour un billet
Toutefois, une autre affaire a forcé chroniqueurs et éditorialistes à se pencher sur les relents de racisme qui peuvent exister au Canada : la décision de la Banque du Canada de changer l’image d’une femme apparaissant sur le billet de 100 $ parce que des participants à des groupes témoins s’étaient plaints de ses allures asiatiques. La Banque s’est excusée depuis.
Selon le Vancouver Sun, « la Banque du Canada a démontré de façon claire mais embarrassante combien l’hypersensibilité à la race, même quand elle est en partie motivée par la peur d’offenser, peut se transformer en racisme ». Dans le Toronto Star, le professeur de droit Rakhi Ruparelia a déploré que la Banque n’ait pas vu ce que les commentaires des participants avaient de raciste et qu’elle en ait tenu compte pour neutraliser l’image de la femme, « neutre, ici, voulant dire blanche ». Il prend note de ses excuses, mais s’inquiète des diatribes que cette affaire a provoquées sur la Toile. Cela « a fait remonter à la surface des vérités dérangeantes. Elle a confirmé l’expérience de bien des personnes “ racialisées ”, nées ici ou ailleurs. Le Canada est une société de Canadiens “ ordinaires, sans ethnie et blancs ” et de “ Canadiens ” ethniques, qui sont les invités dans leur propre maison, tolérés, mais toujours à risque d’être perçus comme abusant de l’hospitalité leurs hôtes ».
Revue de presse
Pauline dans la mire, encore
« L’intolérance qui dévore la politique québécoise devrait être un embarras historique. »
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