La Conférence canadienne des arts (CCA) a remis les bouliers conservateurs à l'heure, hier. Dans une étude d'analyse des budgets fédéraux consacrés à la culture, l'organisme a mis en lumière le penchant du gouvernement Harper à financer davantage le volet sportif et social géré par Patrimoine canadien, plutôt que celui proprement culturel.
Le document dévoilé hier par la CCA a été réalisé «pour répondre aux nombreuses demandes du milieu qui voulait que l'on valide les affirmations des conservateurs concernant le financement de la culture, compte tenu du contexte actuel», indique Alain Pineau, directeur général de la Conférence.
Depuis le début de la crise née des compressions imposées au secteur culturel -- des programmes totalisant 45 milllions ont été abolis, et le montant total pourrait atteindre 60 millions --, les conservateurs ont défendu leur décision en soutenant avoir augmenté le financement global de la culture depuis qu'ils sont au pouvoir.
Le Budget annuel des dépenses présente de fait un budget de quatre milliards pour les «programmes touchant la culture» pour l'année financière en cours. En 2005-06, dernière année pour laquelle le gouvernement Martin a présenté un budget, la somme s'élevait à 3,37 milliards.
Mais le calcul ne peut se faire sur cette simple base, indique la CCA. La tenue de l'élection de janvier 2006 a d'une part «perturbé le processus budgétaire»: des sommes annoncées par les libéraux ont été inscrites au dossier des conservateurs.
Les dépenses du budget 2005-06 sont ainsi «souvent sous-estimées», tandis que celles du budget 2006-07 sont au contraire «surestimées», note la CCA, qui avoue qu'il est bien difficile dans ces circonstances de comparer exactement les dépenses des deux gouvernements.
Toutefois, la Conférence a pu mesurer clairement un «glissement» du financement. Patrimoine canadien compte deux branches distinctes d'activités. La première concerne le financement des arts au sens traditionnel du terme: il s'agit du secteur où l'aide aux artistes et aux institutions culturelles est accordée.
La deuxième comprend l'aide versée à tout ce qui concerne la «compréhension interculturelle et la participation des citoyens» pour montrer que l'on vit dans une «société ouverte à tous»: on parle notamment de soutien du sport, au programme Katimavik, de différentes célébrations et des Jeux olympiques de 2010.
Or, la CCA a remarqué que les conservateurs ont augmenté de plus de 46 millions le financement du second secteur entre 2008 et 2007. Le relais de la flamme olympique est l'un des bénéficiaires de cette hausse. Au contraire, le financement du premier secteur (celui touché par les compressions de cet été) a reculé d'au moins 18 millions à l'heure actuelle, une fois les hausses et les baisses calculées.
Conclusion de la CCA: «il y a eu un désengagement envers les arts et la culture au sens où on l'entend généralement», indique Alain Pineau.
Les compressions imposées par Ottawa ont causé une commotion dans le milieu culturel québécois, plus important bénéficiaire des programmes supprimés.
Plus d'argent, moins de culture
La Conférence canadienne des arts remet les bouliers à l'heure
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