La Coalition avenir Québec se retrouve en position plus confortable dans le BAROMÈTRE ÉLECTIONS 2018 avec quelque 5 % d’avance sur le Parti libéral du Québec. Les effets de la semaine difficile se sont peut-être estompés, à moins que ça ne soit le retour d’un fond de commerce emblématique de la CAQ : l’immigration et le test de valeurs et de français imposé aux immigrants.
Malgré les racines de la Coalition qui remontent à l’ADQ de Mario Dumont, par le discours et l’argument du changement, la CAQ profite aussi d’un vote de protestation car, ne représenterait-il qu’une fraction de son soutien, un tel vote existe. Or quelle est la solidité d’un vote d’humeur, de protestation ou de changement lorsque vient le jour du scrutin? Est-ce un vote assez mou pour menacer les chances du parti de François Legault de former le prochain gouvernement?
La question est d’autant plus pertinente qu’en terme de financement populaire, la CAQ est bonne dernière, derrière même Québec solidaire, le PLQ et loin derrière la cible du moment sur le champ de bataille identitaire : le Parti québécois. Si tant est que le financement populaire se conjugue comme le dynamisme d’une base militante active, la CAQ ne profiterait pas le 1er octobre de la plus efficace machine de sortie de vote. Avantage PQ, avantage PLQ.
Enfin, même si les troupes de Monsieur Legault semblent s’en remettre aujourd’hui, les fluctuations récentes de leurs appuis jusqu’à une égalité statistique ont de quoi inquiéter quant à la solidité du vote. La polarisation de ce vote autour de la menace du français et de celle de l’immigration, perche que Jean-François Lisée a aussitôt saisie pour ne pas se laisser distancer, a notamment pour but de fouetter l’électorat autour d’un thème d’une intensité utile.
Le thème identitaire peut créer des inconforts chez ceux qui appréciaient une campagne qui nous l’avait épargné jusqu’à cette semaine. Même s’il est trop tôt pour le dire, il est possible que sa relance ait donc eu pour but de dynamiser une campagne qui s’essoufflait.
Cette polarisation présente un autre avantage. Il ne suffit pas que les électeurs aient une intention favorable à la CAQ en sondage. Ils doivent passer à l’acte le 1er octobre. Il y a assurément des électeurs pour qui français et immigration ont ce potentiel.
Ainsi, l’émergence du thème de l’identité peut aussi servir un autre enjeu crucial pour la CAQ : que le taux de participation de ses supporteurs se traduise en votes sonnants et trébuchants. La participation pourrait faire foi du résultat de l’élection du 1er octobre.
La preuve que le thème porte? Le PQ aussi s’est retroussé avec un sommet depuis que le BAROMÈTRE mesure les intentions de vote au quotidien avec un encourageant 21,1 %. On peut toutefois se demander quelle part de ces hausses sont attribuables à la chute tant du Parti vert et du Parti conservateur du Québec, respectivement à 1,3 et à 1,1 %.