Jour de la Terre

Pour le bien commun

Désobéissance civile - Printemps québécois



La même fin de semaine où le premier ministre du Québec convie les entrepreneurs du secteur des ressources à son grand Salon Plan Nord, tout ce que le Québec compte de groupes progressistes, culturels et étudiants s'est donné rendez-vous pour répondre à l'appel lancé par quelques centaines de personnalités réunies par l'homme de théâtre Dominic Champagne à l'occasion du Jour de la Terre.
Dans la «déclaration» préparée pour l'occasion, on y lit: «Nous affirmons que nous sommes favorables à un développement qui soit viable, qui fasse une large part aux énergies renouvelables, au transport écologique, au commerce équitable, à la revitalisation des régions et à une agriculture durable.» Puis, plus loin: «Nous dénonçons les dégradations dues à l'exploitation des sables bitumineux, les modèles actuels de développement minier et forestier, les risques liés à l'exploitation du gaz de schiste, du pétrole, de l'uranium et à l'utilisation de l'énergie nucléaire.»
Tout le monde sera d'accord avec des objectifs aussi généreux, du moins en principe.
En pratique, les choses sont évidemment plus complexes et peu de gens sont prêts à changer leur mode de vie fortement axé sur la consommation et la production de masse pour justifier leur présence à la manifestation de dimanche après-midi. Alors, pourquoi s'attend-on à voir autant de monde dans la rue, demain?
Parce que ce qu'on lit aussi dans le texte et entre les lignes de cette déclaration, c'est un appel du coeur et de la raison à la «défense du bien commun» bafoué.
Le Québec traverse une grave crise de confiance à l'endroit de ses élites. Une crise qui menace la paix sociale, la vie démocratique et l'engagement volontaire du simple citoyen à respecter les règles communes.
Jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, étudiants et travailleurs sont pris de nausées devant le sans-gêne des sociétés gazières, des alumineries, des firmes de génie et des entreprises de construction encouragées dans leur turpitude par des élus dont la complicité saute aux yeux. Même du côté de nos sociétés d'État, on ne sent plus cet engagement indispensable à servir l'intérêt public de la part de plusieurs dirigeants pourtant bien rémunérés.
Quant au fameux Plan Nord imaginé, voire improvisé par un premier ministre soucieux de passer à l'Histoire, il aurait pu devenir ce projet rassembleur que les Québécois attendent depuis longtemps. Au contraire, il ne suscite que méfiance, critique et sarcasme.
Trop facile d'accuser encore les environnementalistes, la gauche et l'opposition! Cette méfiance est profonde, et quel que soit le parti gagnant, elle sera toujours présente au lendemain des prochaines élections.
À l'instar du projet lui-même, le Salon Plan Nord qui se déroule aujourd'hui à Montréal est perçu par la population comme étant l'illustration de cette promiscuité coupable entre les élus et le milieu des affaires. Fausse perception, diront certains? Peut-être, mais telle est la réalité.
Dans le contexte de la plus longue crise de la jeunesse étudiante de l'histoire du Québec et de l'interminable pluie d'allégations de corruption qui s'abat sur la classe politique et ses alliés, un rassemblement dédié «à la défense du bien commun» comme celui de demain mérite certainement toute l'attention de la classe politique.


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