Plaidoyer pour les bonnes sœurs qui ont construit le Québec
Comme plusieurs personnes, j’ai été consterné d’apprendre que certaines résidences abritant des communautés religieuses étaient aux prises avec des éclosions de COVID-19. Le phénomène touche notamment les Sœurs de la Providence, à Montréal, et les Servantes du Saint-Cœur-de-Marie, à Québec. Lorsqu’une personne entre en communauté, elle s’efface, pour ainsi dire, au profit du collectif et fait vœu de pauvreté et d’obéissance. En retour, la communauté lui prodigue l’environnement matériel dont elle a besoin pour vivre. En fin de vie, elle est également prise en charge par la communauté. Plusieurs communautés religieuses sont locataires de bâtiments, ou de portions de bâtiments, au sein desquels sont organisés et déployés les soins de santé. Souvent, il s’agit donc d’établissements non étatiques. Il ne faut pas, pour autant, délaisser nos communautés religieuses. Loin de moi l’idée de vouloir sermonner nos dirigeants (je fais partie de ceux qui saluent le courage sous-tendant les décisions très difficiles qu’ils ont prises et celles qu’ils auront à prendre au cours des différentes phases du déconfinement), mais il faut offrir aux religieuses et aux religieux la même attention et le même soutien que ceux qu’on cherche désormais à offrir aux aînés laïques. Les communautés religieuses font partie de notre histoire. Elles nous ont légué une partie du patrimoine institutionnel des réseaux de l’éducation, des services sociaux et… de la santé (jusqu’aux années 1960, elles formaient une large portion des infirmières dans les écoles de leurs hôpitaux). Certes, on leur adresse encore des griefs de la mémoire collective dont certains sont fondés et d’autres pas du tout. Comme société, nous aurons tout le temps requis pour examiner finement leur héritage, dans les années à venir. Pour l’instant, venons à leur aide et faisons œuvre d’humanité.
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