PQ: négocier avec Ottawa avant un référendum, propose Céré

Le militant se lance dans la course à la chefferie avec un programme progressiste

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Le PQ doit se tenir loin de la plomberie de l'indépendance

Il sait qu’il part de loin et que le travail à faire pour se qualifier sera « colossal » : néanmoins, Pierre Céré se lance dans la course au leadership du Parti québécois. Troisième candidat déclaré pour le moment, M. Céré mise sur un programme progressiste, résolument à gauche, qui prévoit de donner une chance à Ottawa avant d’organiser un référendum.

En entrevue avec Le Devoir, Pierre Céré situe sa candidature comme étant un « appel à la mobilisation des mécontents, des déçus et des désabusés de la politique et du PQ, mais qui sont toujours allumés par le feu du changement ». Porte-parole du Conseil national des chômeurs et candidat malheureux du PQ dans Laurier-Dorion en 2014, M. Céré dit poser la question suivante : « À qui appartient la politique ? Aux millionnaires et aux ex-ministres seulement, ou aux citoyens ? »

Son programme d’une dizaine de pages est presque entièrement rédigé au « nous », M. Céré l’ayant élaboré avec une quinzaine de collaborateurs. Les ex-députés bloquistes Yves Lessard et Claude Guimond, de même que l’ancien syndicaliste Roger Valois, font partie du lot. Selon Pierre Céré, c’est une manière de marquer un « point de démarcation par rapport aux autres campagnes. Il y a beaucoup de cette idée du collectif, c’est une gang de monde qui s’exprime. »

Appelé Un Québec juste, Un Québec libre, le programme aborde plusieurs enjeux pour lesquels on énonce des principes généraux. Trame centrale ? « Ça s’inscrit de façon large dans ce qu’on a défini comme modèle de société dans les dernières décennies, estime Pierre Céré. Un modèle de solidarité qui partage une certaine richesse, la recherche des équilibres entre les différentes forces qui anime la société — ouvrière, patronale, le rôle d’intervention de l’État. »

Concernant la question nationale, Pierre Céré propose une approche en deux étapes. D’abord, tenter de négocier un nouveau partenariat avec le Canada. « On mènerait l’élection là-dessus, dit-il. Le premier geste de notre gouvernement, ce serait d’aller négocier de nation à nation pour aller chercher les pouvoirs que nous voulons reconquérir. »

Le document parle par exemple d’avoir une seule déclaration de revenus, de sortir les autochtones du « cycle de la dépendance » induit par la Loi sur les Indiens, de « nationaliser la distribution d’Internet », de rapatrier les budgets consacrés à la culture ou d’avoir un programme d’assurance-emploi géré par Québec.

Si ces négociations n’aboutissent pas (et Pierre Céré se dit bien conscient de l’ampleur de la tâche…), un référendum sur la souveraineté serait convoqué à l’intérieur du même premier mandat.

PQ à fouetter

Du parti dont il souhaite prendre les commandes, Pierre Céré brosse un portrait sévère. « Jacques Parizeau parle d’un “champ de ruines”, Jean-Martin Aussant critique les “naufrageurs”. Il y a des éléments de vrai là-dedans, un danger de “ringardisation” de ce parti. Le PQ qui parle au PQ, qui vit et discute en vase clos, ça produit des résultats comme ceux de la dernière élection. »

Il critique par ailleurs sévèrement la « dérive identitaire » qui a poussé le PQ à mettre en avant un projet de citoyenneté québécoise (en 2007) et de charte de la laïcité. Selon lui, c’était là du pur « clientélisme » qui a eu pour effet de « couper le PQ des jeunes ».

Le 16 septembre, M. Céré avait critiqué dans Le Devoir les règles prévues pour la course au leadership. Au final, les frais d’inscription ont été fixés à 20 000 $, et il faudra 2000 signatures de membres de 50 circonscriptions. C’est toujours sévère, estime Pierre Céré, mais il croit pouvoir y arriver. « On n’a pas de personnel politique ou de fortune personnelle, dit-il au sujet de son équipe. Mais on a un réseau de gens en région qui sont mobilisés. »

Drainville et les autres

La candidature de Pierre Céré s’ajoute à celle des ex-ministres Martine Ouellet et Bernard Drainville. Ce dernier a récupéré lundi un bulletin de mise en candidature, même s’il donnera officiellement le coup d’envoi de sa campagne dimanche.

Le député de Marie-Victorin a invité les membres du PQ à « regarder l’ensemble [de son] parcours » d’homme politique lorsqu’ils évalueront sa candidature. « Je ne suis pas que l’homme de la charte. Avant de proposer la charte, j’avais fait adopter trois projets de loi à l’unanimité », a-t-il affirmé alors qu’on lui demandait si la charte constituera un boulet à sa campagne.

Le député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, pourrait faire un arrêt à la permanence du PQ vendredi ou lundi prochain afin d’obtenir à son tour un bulletin de mise en candidature. « La décision est prise à 99 % », dit-on dans son entourage.

De son côté, le favori des sondages, Pierre Karl Péladeau, entretient toujours le mystère sur son avenir politique. « Il a beaucoup de temps devant lui d’ici la fin de la période de mises en candidature », le 30 janvier 2015, fait valoir un proche de PKP. Les anciens ministres Jean-François Lisée et Nicolas Marceau n’ont eux aussi toujours pas affiché leurs couleurs.

Pierre Karl Péladeau a pris à partie — trois fois plutôt qu’une — le chef caquiste, François Legault, sur le réseau social Facebook. Le candidat pressenti à la direction du PQ ne digère visiblement pas la motion « loufoque » et « scélérate » visant à le forcer à se départir de ses actions dans Québecor. La « motion PKP » lancée par la Coalition avenir Québec échouerait à coup sûr au test de la Charte canadienne des droits et libertés, a-t-il fait valoir, avant de dépeindre M. Legault comme un homme politique adepte de l’« hypocrisie » et un « comptable ne sachant pas compter ». « Pouvons-nous vraiment faire confiance à un homme de cette nature ? » s’interrogeait-il dans un message mis en ligne sur sa page personnelle. À l’instar des deux messages au sujet du chef de la CAQ, celui-ci a récolté des centaines de « J’aime » de la part des internautes. Le député caquiste François Bonnardel a pressé PKP de « répondre aux questions entourant l’indépendance des médias » plutôt que de se « cacher derrière un clavier ».


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