Premier ministre recherché

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Les médias fédéralistes se sont donnés le mot pour tirer sur Couillard, un signe que ses jours sont comptés

(Québec) CHRONIQUE / La politique, cela consiste souvent à dire une chose, tout en faisant le contraire. À répéter «bon chien-chien» à l'insupportable caniche du voisin, tout en allant discrètement chercher le tue-mouche pour lui taper sur les fesses. Mais il faut admettre que le premier ministre Philippe Couillard propulse le double-discours jusqu'à des sommets rarement égalés. Un véritable artiste du genre.
D'un côté, Philippe le modeste aime se présenter comme un modèle de bon goût. Une boussole qui indique toujours le chemin de la tolérance. «Ça blesse, ça fait souffrir, les mots,» a-t-il confié, avec des trémolos dans la voix, au lendemain de la tuerie à la Grande Mosquée de Québec.
Mais d'un autre côté, notre Gandhi autoproclamé du Salon bleu ne prêche guère par l'exemple. Monsieur est le premier à multiplier les comparaisons plus ou moins subtiles entre ses adversaires et l'extrême droite. Le printemps dernier, il a même associé le chef du PQ, Jean-François Lisée, au «négationnisme», un mot longtemps réservé à ceux qui nient l'existence des camps d'extermination nazis, durant la Seconde guerre mondiale.
Après tant et tant d'exagérations, M. Couillard ressemble au chasseur de canard surexcité qui a tiré toutes ses cartouches dès les premiers instants de la chasse. Quels mots lui reste-t-il pour dénoncer les vrais racistes?
Périodiquement, le premier ministre prend aussi ses distances avec l'administration de Jean Charest, trop éclaboussée par les scandales. Il ne dit pas qu'il s'agit de la Préhistoire, mais presque. «Une autre époque», a-t-il résumé, avec toute l'arrogance du néophyte qui lance son boomerang avec force, sans surveiller ses arrières.
Il n'empêche. Sur les 26 personnes qui siègent actuellement au Conseil des ministres, 14 sont des vétérans de l'époque Charest. Et que dire de la candidature d'Éric Tétrault dans la circonscription de Louis-Hébert, un ancien directeur des communications de Jean Charest?
Pendant des semaines, le premier ministre a mis ses lunettes roses. Le candidat Tétrault était présenté comme une «nouvelle acquisition». Son passé avait été miraculeusement oublié. Au début, il ne s'inquiétait pas trop d'un rapport concluant que le candidat avait harcelé des employés, alors qu'il occupait un poste de direction chez ArcelorMittal. En fait, c'est seulement lorsque la tempête politique a pris de l'ampleur que le premier ministre a largué sa merveille.
Encore une fois, le roi Dagobert avait mis sa culotte à l'envers. Mais jusqu'au bout, il aura essayé de convaincre tout le monde qu'il s'agissait de la dernière tendance mode.
Au moment de son retour en politique, M. Couillard promettait de diriger «le premier gouvernement véritablement ouvert de l'histoire du Québec». À la blague, on disait que le premier ministre voulait tellement être lumineux, qu'il faudrait le coiffer d'un abat-jour.
Quatre ans plus tard, le prophète de la transparence a réduit ses ambitions. Les consultations sur «la discrimination systémique et le racisme» auront lieu à... huis-clos. Pire, la loi sur l'accès à l'information québécoise n'a pas été modernisée. Avec ses 150 dérogations, elle a même fini par être comparée à un catalogue pour justifier le secret gouvernemental.
Docteur, est-ce grave? Même les rêves du premier ministre se dégonflent plus rapidement que les pneus d'une bicyclette roulant sur une planche de fakir. Au risque de faire plus grand-papa gâteux que papa gâteau.
Un jour, M. Couillard rêve de prolonger la route 138 jusqu'à Blanc-Sablon, sur la Côte-Nord. Mais il prévient aussitôt que ce n'est pas pour demain. Un autre jour, il dévoile un plan de réforme constitutionnelle, avant de se résigner instantanément à le voir dormir sur une tablette.
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