Propagande anti-SAQ payée par le contribuable ?

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Une étude libérale en faveur de la privatisation de la SAQ

Une étude commandée par le ministre des Finances du Québec sur le modèle d’affaires de la Société des alcools du Québec devrait être remise aujourd’hui.


Le contrat de la réalisation de l’étude a finalement été confié à la firme PwC Canada, fournissant « des services professionnels en : audit et certification, risque et conformité, fiscalité, transactions et conseils dans différents secteurs d’activité et domaines comme la cybersécurité et la protection des renseignements personnels, les ressources humaines, la transformation numérique et la juricomptabilité ».


Les études sur la SAQ – et sur les prétendus bénéfices d’une privatisation totale ou partielle - ne sont pourtant pas rares. Il est évident, clair comme de l’eau de roche et gros comme un éléphant que le gouvernement souhaite un énième document d’appui, en pleine élection, à ses desseins quant à la SAQ.


Selon les dires du ministère des Finances, le but initial était de terminer l’étude pour le 27 août. Nous aurions donc été à l’avant-veille du début prévu des élections. Seulement, le gouvernement a devancé de six jours le déclenchement, englobant donc aussi la date du 27. En faisant finalement remettre l’étude le 7 septembre, nous sommes encore plus au cœur de la campagne.


Dans une telle mesure, doit-on en conclure que le contrat offert à PwC – évalué entre 101 100 et 252 699 dollars – sera compté comme une dépense électorale pour le Parti libéral du Québec ? Non, évidemment. Qui dit contrat public dit argument des contribuables.


Cette initiative aurait-elle été réalisée dans un contexte n’ayant aucun rapport à l’élection que l’ampleur de ses objectifs partisans enlèverait toute crédibilité aux libéraux lorsqu’ils reprochent au Parti québécois de vouloir utiliser les fonds publics pour réaliser des études sur leur option politique.


Tout dans cette initiative est lié au scrutin, allant de la date choisie aux objectifs de l’étude. Le ministre des Finances a clairement dit qu’il y avait là un mandat d’« identification et analyse des scénarios d'évolutions possibles du modèle d'affaires. »


L’étude devait tenir compte de l’Accord Québec-Ontario, de l’Accord Québec-Nouveau-Brunswick, de l’Accord Québec-New York et de l’Accord de libre-échange canadien. Une manière, en somme, d’orienter encore plus d’avance les conclusions de la recherche, et ce, même si la Cour suprême a tranché cette année que l’imposition de limites dans la circulation de l’alcool entre les provinces était conforme à la Constitution.


D’un côté, on sait que la loi électorale interdit aux employés de la SAQ de manifester activement, pendant la campagne, contre le Parti libéral. La ligne est difficile à tracer : ils ont le droit d’être en grève, mais doivent s’assurer de colporter un message ne devant pas être interprété étant trop étroitement lié aux élections. S’ils veulent s’exprimer comme bon leur semble, ils doivent le faire à titre bénévole, pas en tant qu’employés en grève. Voir cette vidéo à 5 minutes 25 sec.


De l’autre, le PLQ au pouvoir utilise sans vergogne les fonds publics pour mousser sa volonté de casser la SAQ, en pleine campagne électorale.


Tout cela est éclatant de justice.


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Simon-Pierre Savard-Tremblay179 articles

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).