EXPORTATION DE L’ÉLECTRICITÉ EN ONTARIO

Qu’attend-on ?

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Si l'Ontario n'achète pas d'électricité québécoise, c'est qu'il y a de gros obstacles politiques... en Ontario

Pourquoi n’est-ce pas déjà fait ? C’est la question qui nous vient spontanément en lisant la note publiée par Équiterre conjointement avec l’Ontario Clean Air Alliance Research au sujet de l’exportation de notre électricité dans la province voisine. L’Ontario et le Québec en profiteraient mutuellement. Qu’est-ce que nos gouvernements attendent pour travailler à conclure une entente à long terme ?

Philippe Couillard, lundi, à la Conférence des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l’est du Canada, a soutenu que les importants surplus énergétiques étaient un atout pour le Québec. On connaît ce refrain. Il y a quelque chose du mythe fondateur dans cet espoir qu’un jour, le Québec puisse prospérer grâce à l’exportation massive d’électricité. Jean Charest n’hésitait pas à en faire usage : « Nous créerons de la richesse avec notre énergie renouvelable, notre hydroélectricité, notre pétrole à nous. » Devenus des Albertains de l’hydroélectricité, nous n’aurions rapidement plus besoin de la « honteuse » péréquation !

Rêvant de passer à la postérité comme un « grand bâtisseur » (son parti l’a rapidement baptisé ainsi), Jean Charest lança donc les travaux extrêmement coûteux sur la rivière Romaine. Roy Dupuis fut indigné ; mais Hydro-Québec, les firmes d’ingénierie, les Tony Accurso et les ouvriers de la Côte-Nord jubilaient. Alors on procéda.

Depuis, il y eut la révolution du gaz de schiste aux États-Unis. Le prix de l’électricité chuta et les rêves d’exportation payante furent repoussés loin au XXIe siècle, voire aux calendes grecques. Philippe Couillard continue toutefois de plaider la cause de l’électricité du Québec aux États-Unis ; c’est son devoir.

Si jamais les projets de lignes d’interconnexion Champlain Hudson Power Express et Northern Pass (le Boston Globe encensa celui-ci il y a moins d’un an, mais le New Hampshire n’en veut pas) débloquaient, Hydro-Québec pourrait en effet exporter davantage. Le temps froid de l’hiver dernier favoriserait le Québec. Mais à quel prix ? Pour l’instant et dans un avenir prévisible, ce sera 3 sous du kilowattheure, selon la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec. Loin du pactole imaginé.

Si Québec veut vraiment exporter ses coûteux surplus, pourquoi ne pas se tourner vers l’Ontario, plaident Équiterre et l’Ontario Clean Air Alliance Research (OCAAR) dans une intéressante note rendue publique ces jours-ci. Le prix de l’électricité en Ontario a beaucoup augmenté ces dernières années. Les centrales nucléaires se font vieillissantes. OCAAR et Équiterre soulignent que l’importante centrale Darlington (20 % de l’électricité des besoins ontariens) devra bientôt être rénovée. On sait à quel point une telle réfection peut être chère. Au Nouveau-Brunswick, les coûts de la réfection de Point Lepreau ont explosé entre 2008 et 2012. C’est cette expérience douloureuse qui a entre autres poussé le gouvernement Marois à annuler la réfection de Gentilly.

Par contraste, les évaluations de l’OCAAR et d’Équiterre ont de quoi faire rêver. Avec une entente à long terme à un prix de 5,8 sous du kW (inférieur au coût de production actuel en Ontario), le Québec pourrait aller chercher des revenus de quelque 600 millions de dollars par année. Et la province voisine pourrait économiser autant puisque ses modes de production d’électricité sont très coûteux. La note de l’OCAAR et d’Équiterre — peut-être par tabou écologique — ne mentionne pas le fort coût payé par les Ontariens pour les électricités éolienne et solaire. Chose certaine, la hideuse expression « gagnant-gagnant » s’imposerait ici. Philippe Couillard promet de tenter le coup. Espérons qu’il aura plus de succès que Jean Charest au Nouveau-Brunswick !


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