Quand on a un pays, on peut le perdre ...

Quand on veut un pays, on n'a rien à perdre

Un petit pays contre ces sombres crises

Tribune libre

Perdre un pays ne dépend pas de ceux qui l'ont. Surtout si c'est un gros pays. Les américains pourraient perdre leur pays, aux jeux de spéculateurs invisibles. Ces américains s'ils ont toujours accès au service du passeport, ils n'ont plus la fierté d'antan d'un américain. Bientôt ils pourraient être forcés de travailler comme des esclaves, pour payer des dettes qui ne leur auront pas servi, dont des clans obscurs ont cyniquement profité. Ca fait des années que les clignotants sont rouges, mais tous s'accordent à psalmodier: ca va aller, on est les meilleurs. Le pire est devant. Vont-ils encore inventer des guerres pour renflouer des coffres de margouillats masqués?
Dans un petit pays, le camouflage de cyniques joueurs est difficile. On sait assez vite qui couche avec qui. Mais, perdre un petit pays n'est pas impossible. J'en ai une amère expérience. Le pays de mon enfance était un bijou, je ne saurais dire que ca pouvait m'arriver de l'oublier pour le meilleur ou pour le pire. C'est vite arrivé, horriblement arrivé. Vous savez de quoi je parle. Nous aurions accepté de changer un peu et nous adapter, le pire aurait été évité. Mais voici que les certitudes aveuglantes ont fondu en cauchemars. C'est une autre histoire, mon histoire.
Le Canada est un gros pays. Nous en sommes fiers, jusque-là assez bien géré. Mais nous ne sommes pas à l'abri de dérives sans présage. Récemment j'entendu le PM Harper déclarer, de mémoire je site, «pour gouverner le Canada, un parti politique doit l'aimer suffisamment». Que veut-il dire par là? Ne serions-nous pas entrain de virer doucement vers le «nationalisme obtus de dernière génération»? Le pire d'un pays, c'est d'avoir des moyens pour nourrir les fantasmes de nationalistes sans vision. Georges Bush l'a prouvé, en engageant une puissance économique dans des spirales de guerres qui ruinent. La crise fatale pour les USA, on ne le dira ni bas ni à haut, est alimentée par l'incapacité à se libérer du militarisme belliciste et de la spéculation capitalistique. Car, le pays est pris en otage par des intérêts rapaces et voraces de ces deux univers. Un petit pays saurait arrêter les hémorragies, se tourner vers le terroir et assainir ses avoirs et ses pouvoirs. Le Canada de Paul Martin est un exemple parmi tant d'autre. Difficile cependant de prédire la réédition d’un tel exploit.
Cette crise en marche depuis plus de cinq ans n'est pas passagère. On a beau spéculer sur les recettes miracles, mais rien ne peut l'arrêter. Le capitalisme est devenu ce serpent qui mord sa queue, et y injecte des doses petites et moins petites de son venin. Nos économies et nos gouvernements carburent à la «croissance». Tous les gourous du capitalisme prescrivent la croissance contre la crise. Mais la crise est la manifestation de l'essoufflement de cette croissance. Une croissance à l’infinie, c’est Comment peut-on continuer à penser gros et gras lorsque les pâturages sont secs? Quels diplômes faut-il avoir que les américains n'ont pas, pour comprendre que c'est le temps de remettre les pieds à terre? Comme je le rappelais sur ce site il y a 2 ans, http://www.vigile.net/Du-mur-de-la-croissance-a-la, le mur de la croissance est atteint. Nos sociétés ne peuvent plus payer des salaires astronomiques en échanges de résultats mirobolants d’activités économiques ou de services publics. Qui doit payer ces augmentations chimériques? Il est clair que les peuples exploités vont de plus en plus s’affranchir et voudront prendre leur place à table. C’est le temps de repenser le partage du pain, et oublier le legs des miettes aux plus démunis. Plus fort que la pollution environnementale, l’épuisement des réserves de ressources nous frappe de plein fouet. Et pour cause, la pression de la demande de croissance et la croissance de la demande. Car tout le monde veut ces ressources pour soutenir ses tours d’avoirs et d’espoirs. Une chose est claire, autant une tour a pris de ressources pour se construire, autant il lui en faudra pour au moins se maintenir. Mais les ressources ne sont pas renouvelables, même la ressource humaine ne l’est plus. Les tours vont alors s’écrouler, inexorablement. Une à une, ou dans un tumultueux concert d’agonies. C’est horrible, ce qui s’annonce. Mais nous avons des options à prendre, pour en atténuer l’impact.
Au Québec, nous connaissons le secret du «small is beautifull». Des entreprises petites et de tailles moyennes, des rémunérations à la tâche, des gouvernances de proximité. Nous avons l’expérience des coopératives et de la coopération de travail et autre, notre culture me semble prête à faire face aux défis de la crise. Mais elle n’est pas exportable, hélas. Elle le serait, nous rachèterions la Louisiane aux Yankees. Que pourrait faire le Québec comme «pays» qu’un plus grand pays ne saurait réussir? S’il fallait faire un pays de coopérateurs, le Québec, ce serait un abri contre la crise. Mais il sied de veiller à ce que le virus du capitalisme moribond ne se cache dans nos fleurons coopératifs. C'est ce que je crois. A une autre révolution, Citoyens!

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François Munyabagisha79 articles

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Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    10 août 2011

    Je suis d'accord à 100%. Je présume que :
    si les USA s'effondrent, un président Noir sera blâmé. A t-il été propulsé au pouvoir pour prendre le rôle du bouc émissaire ? Un plan cogité par des Blancs,dans une association de malfaiteurs au plus haut niveau d'une oligarchie diabolique...? Un cauchemar à forte dose paranoïaque?
    Nous sommes tout près du gouffre chez nous, au Québec, beaucoup de gens sont dans l'inconscience totale parce qu'on néglige de renseigner les jeunes et les moins jeunes. Si j'apporte votre article ou que j'en parle, on me répond que :"ça toujours été comme ça, le capitalisme c'est ça, ça sera toujours ça.Et même si le Québec se sépare, ça va être pire avec les Québécois pissous, chialeux, téteux."
    Je prêche dans un désert désertique.
    Comment porter ce fardeau d'inculture ?
    La conversation s'arrête là.
    Les jeunes s'aiment, demeurent ensemble, achètent une maison, plein de meubles,une auto, un camion, un bateau et la paye mensuelle y passe.Et un beau jour, ils attendent un enfant. Ils ne s'arrêtent pas à la politique.
    J'ai entendu souvent :"MOI, j'connais rien de la politique, je me mêle pas de ça, j'ai assez d'troubles."
    Les gens qui s'intéressent à la coopération sont dans la quarantaine ou cinquantaine et ils sont admirables. Mais sans aide, tout est fini, tout rend l'âme, tout meurt.
    La véritable beauté de la vie survivra t-elle ?

  • François Munyabagisha Répondre

    9 août 2011

    Bonsoir Pierre
    En effet, vous renforcez mon analyse. Des petits pays résisteront mieux à l'effondrement du capitalisme sauvage, à la seule condition de ne pas être infectés de germes rapaces. L'Italie est infectée, la Belgique et la France, etc. Ils dégringoleront ensemble avec les USA.
    Je parle de culture de la coopération. Il ne s'agit pas obligatoirement de forme juridique, plutôt d'esprit et de modes d'organisation. La suisse s'est construite sur cette base d'état d'esprit. Même dans une grande entreprise, on manifeste des réflexes coopérateurs. Cependant, il ne faut pas être naïf. Les tentations de cultures capitalistes sont viruelentes. Personne n'y échappe. Mais une culture offrira de meilleures protections qu'une aventure.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 août 2011

    Alors, expliquez-nous pourquoi de petits pays comme les pays scandinaves (Norvège, Suède, Danemark et Finlande) en autres, réussissent mieux que de plus grands pays.
    C'est vrai. Quand on veut un pays, on n'a rien à perdre, surtout pas avoir le courage élémentaire de le mettre sur la table franchement, honnêtement et directement, lors d'une élection.
    C'est ce qui manque le plus à nos péquistes actuels : le courage.
    Pierre Cloutier