Age et passage des indépendantistes québécois

Mort du souverainisme par Ambiguité linguistique

Tribune libre

Je suis certes fédéraliste, encore convaincu, mais pas congénital. L'option indépendantiste ne m'est donc pas indifférente, plutôt est-elle également intéressante. Ce qui compte après tout, ce n'est ni la feuille d'érable ni la fleur de lys flottant dans mon coeur, plutôt le réalisme d'un pays de mon rêve. Le Canada en est-il un? Pas sûr! Et je dirais même, plus du tout, avec Mr Harper et les autres.
Je n'écrirai pas plus sur le pays de mon rêve, un pays pacifiste et paisible, respectueux de vies et d'environnement, de justice sociale et non colonialiste. Ce pays peut-il exister? Je ne saurais répondre. Car bien de pays naissent dans la brouillard de l'ambiguïté idéologique. Si le Québec devait accéder au statut de «pays», il ne serait pas différent. Aujourd'hui, souverainistes, séparatistes et indépendantistes sont dans la brume. Les châteaux s'écroulent, leurs pensionnaires n'en croient pas leurs yeux. C'est la débandade, ou presque. D'aucuns, sur ce site croient que le rêve a fait son temps. Ils sont fatigués, ca se voit, de prédire sans voir. Là est l'erreur. Il faut faire, passer à l'action.
Le projet de pays pour les Québécois est torpillé de l'intérieur, non pas par ceux qui y croient de moins en moins, plutôt par tout le monde. Un projet a des chances d'aboutir lorsqu'il est dépourvu de tout ambiguïté. Qu'en est-il de celui-ci? Le français qui en est le fer de lance selon certains, véhicule les germes d'ambiguïté contreproductive. Vous ne me croyez pas, mais c'est pourtant sérieux. Nous parlons tantôt de souveraineté, tantôt de séparation, tantôt d'indépendance, tantôt de pays, etc. Tous ces mots ne renvoient pas à une même représentation, n'évoquent pas un même état d'esprit ni les mêmes dispositions d'agir. Ainsi, nous divisons inconsciemment ce projet et ses porteurs. Prenons-en conscience, et posons le bon geste, stratégique: adoptons une image unique, un langage sans ambigüité. «Se séparer» du Canada est selon moi plus clair, que vouloir être souverain. Autrement de quoi parle-t-on au juste?
Je crois encore en cette option. Elle est d'avenir, et ne nous appartient pas. Mon voisin m'a récemment confié que selon lui, après René Lévesque et Jacques Parizeau, l'indépendance du Québec a changé de figure. Il voulait dire que l'indépendance avec Lévesque ou Parizeau, n'est pas pareille avec un autre. Et c'est vrai! Les militants de ce Rêve montent en âge et se relayent le passage dans l'histoire. Ainsi Lévesque n'est plus au podium, bien que présent dans le décor. Le temps pour le Québec de devenir un pays n'est pas contrôlable. Il est du domaine de l'aléatoire. Il suffirait d'une banale gaffe par exemple, de la Reine ou du Roi, d'un Premier Ministre, pour que le vent dans le ventre des citoyens change de direction. Surveillez les vents du Nord vers le sud, et renouez avec la patience. Vouloir faire un pays avec nos mains est contreproductif. Nous en voulons un, préparons nos enfants et petits enfants. Après tout, nous le voulons pour eux et pour les générations futures. Notre pays à nous est sous nos pieds et dans nos veines.

Featured fe9afadda1a28be00ea079040169d59b

François Munyabagisha79 articles

  • 52 541

Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





Laissez un commentaire



7 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    7 juillet 2011

    Manquer de peur?
    La Révolution Tranquille fut pacifique mais s’est étouffée dans le confort de ses débuts. Passés de porteurs d’eau, les Canadiens français du Québec se sont crus libres dès qu’ils ont eu des autobus jaunes pour aller apprendre que le curé n’avait pas toutes les réponses.
    L’urbanisation nous libérant de l’essouchage, nous avons été reconnaissants aux multinationales de nous donner des téléphones portables pour nous rejoindre le dimanche matin, dans notre chevrolet, pour aller chercher un bloke à l’aéroport… Une révolution avortée dans la dénationalisation. Rendus à ce point d’assimilation, le peuple québécois n’ira pas troquer son confort pour affronter dans la rue la main armée d’un État chauffé à bloc par une récente victoire majoritaire.
    Peur, disions-nous, peur de perdre ces petits acquis.

  • Isabelle Poulin Répondre

    7 juillet 2011

    Vous avez telment raison quand vous dites que notre pays est sous nos pieds et dans nos veines !
    Oui nous aurons notre pays ! Quand nous aurons assez peur pour voir qu'il disparait de plus en plus sous nos pieds. Dans nos veines nous serons de plus en plus souverains quand nous aurons assez peur pour voir qu'on nous empoisonne.
    Il faut parfois avoir peur de perdre quelque chose pour réagir, pour se protéger.
    Il faut avoir peur au moins un jour par année ! LOL Ensuite gérer sa peur en prenant action pour changer les choses.
    Essayons ensemble d'avoir peur de quelque chose de différent de ce qu'on nous présente quotidiennement. C'est peut être un premier pas vers notre autonomie !

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juillet 2011

    [1] De quel pays êtes-vous originaire, monsieur?
    [2] Est-ce un pays souverain ou une colonie faisant partie d'un empire colonial?
    [3] Y a pas un peuple sur la terre qui refuse la liberté. Pas un, à moins d'être colonisé à l'os.
    [4] Si vous êtes immigrant et que vous êtes entré au Québec par le Cadenas, vous avez donc prêté serment d'allégeance à la Reine et au Cadenas. Vous n'êtes plus objectif et vous avez choisi votre camp qui n'est pas le mien.
    [5] Le Cadenas n'est pas mon pays. Son drapeau n'est pas mon drapeau et son hymne national - qu'on nous a volé soit dit en passant - n'est pas mon hymne.
    [6] Je n'en veux pas aux immigrants de vouloir s'intégrer aux canadians et à la communauté anglaise, car ils sont sur le continent américain et veulent le bien-être de leurs enfants.
    [7] Je leur en veux cependant d'être les complices de l'ennemi et de nous empêcher comme peuple d'avoir accès à la liberté. Je suis en tabarnak contre eux, mais nous ne pouvons rien y faire car c'est Ottawa qui a les pleins pouvoirs en matière d'immigration et de citoyenneté. Nous sommes un peuple conquis et colonisé, n'oubliez jamais cela monsieur et ces gens-là veulent nous assimiler doucement comme ils l'ont fait avec les Louisianais et les Acadiens. Le tout avec la complicité des immigrants. C'est promptement dégeulasse et on va s'en souvenir.
    [9] C'est pas vrai qu'on va se laisser faire sans rien dire.
    Nous sommes des résistants.
    Pierre Cloutier

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    7 juillet 2011

    Problèmes de sémantique par manque de conviction: nous laissons l'ennemi diaboliser notre vocabulaire.
    Chaput et Dallemagne: Séparation
    Bourgault: Indépendance
    Lévesque: Souveraineté-Association
    Bouchard: Conditions gagnantes
    Mario: autonomisme (comme Duplessis)
    Marois: gouvernance souverainiste
    Toujours, les anglos disent: "The Separatists"
    Sur la clôture, Jack parle des deux côtés de la bouche: Les Québécois comme les Canadiens... Lapsus qui pourrait régler le différend! Pour un bon voisinage, à chacun son pays. À nous de comprendre pourquoi le Canada s'y oppose tant! Nous nous unirons alors dans l'action.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 juillet 2011

    Pour commencer, il faudrait que les Québécois n'utilisent que le mot INDÉPENDANCE et bannissent pour de bon le mot souveraineté qui a été utilisé à outrance par le PQ pour diluer le mot INDÉPENDANCE et pour ne pas faire peur au monde afin que ce parti maintienne le statu quo actuel et la minable gouvernance provincialiste dévalorisante pour notre peuple. Il m'a fait plaisir.
    André Gignac 7/7/11

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    7 juillet 2011

    La confusion tient au fait que depuis 40 ans le mouvement souverainiste n'est pas arriver a se doter d'une doctrine politique claire.
    Quand on veut changer le statut d'un État pour en faire un État souverain, il n'y a qu'un langage que tous les autres État parlent entre eux: Et c'est le langage statutaire.
    Commençons simplement: Le projet est de changer le statut du Québec pour en faire un État souverain.
    JCPmerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    6 juillet 2011

    Pour ma part, mon but n'est pas de me "séparer du Canada", mais de donner au Québec la souveraineté, l'indépendance qui est sa destinée.
    Je ne suis pas contre le Canada (même s'il me déplaît) mais pour le Québec, c'est pas mal différent.
    "Voilà ce que nous voulons, une voile pour la mer." (Paul Piché)