Au fond, le P.Q. ne pouvait espérer mieux que de devenir l’opposition
officielle. A-t-il seulement espéré autre chose ?
« Quatre années de vie perdue », selon la triste et belle formule de
G.E.Lapalme .Voilà ce que le Québec s’est donné comme plan de match. Le
plan Charest ! Voilà aussi ce à quoi le P.Q. a consenti.
Devenir l’opposition officielle ! Hé bien, le P.Q. a réussi. Cela est au
mérite de Mme Marois. Le P.Q formera donc l’opposition officielle à
l’Assemblée Nationale.
Toute une affaire, l’opposition !
Mais cela faisait déjà un certain temps que le P.Q.ne l’était plus,
l’opposition. Pas certain, non plus, que ce soit lui, maintenant, qui est
et sera demain l’opposition véritable au Québec. En fait, selon
l’importance qu’ont pris les sondages, l’opposition véritable ne siège
peut-être plus à l’Assemblée Nationale, tout simplement, comme jadis.
Faudrait voir.
L’opposition parlementaire officielle serait devenue jetable, comme il
vient d’arriver à l’A.D.Q. En conséquence, à moins d’un redressement, le
futur n’appartient peut-être déjà plus au P.Q.
Le P.L.Q. prétend devenir le parti de gouvernement. Et il faut reconnaître
qu’il a une base électorale solide, qui tend à s’élargir.
Je soumets que la règle d’or de l’alternance—si chère maintenant aux
parlementaires péquistes-- ne récompensera pas plus le P.Q. qu’elle n’a
récompensé l’A.D.Q.
Malgré les apparences, le P.Q.ne sera plus LE parti, mais UN parti
d’opposition. Certes, il sera celui de la joute et des palabres
parlementaires-- ce qui n’est pas rien !-- mais il sera celui, surtout, que
l’électorat aura ignoré une troisième fois de suite—cela aussi, ce n’est
pas rien !-- celui que le public observera palabrer, sans sympathie,
indifférent.
Un parti indépendantiste ne peut pas promettre ainsi de ne rien changer,
ni en éducation, sauf à la marge, et se contenter de se différencier
marginalement des libéraux sur la santé. Ce sont là des axes politiques
importants et quotidiens de la vie de l’électorat. Ces sujets nécessitent
un ton, et autre chose que des vœux pieux. Par ailleurs, les manifestes et
les programmes étant devenus des exercices de styles pour les seuls
experts, le public renonce et ne s’y intéresse plus. Et puis, enfin,
simplement promettre de geler ici et là les frais de ceci et de cela, et de
quoi d’autre encore, c’est proposer de geler proprement le Québec lui-même,
dans sa plus simple quotidienneté, celle la moins inspirante. C’est
finalement défendre le conservatisme, fut-il de gauche. La solidarité
n’exclut pourtant ni le rêve, ni la grandeur. Et la grandeur, ce n’est pas
précisément la soupe populaire, non plus que l’aide sociale.
Il ne suffira plus d’évoquer « le pays », sur le ton de la concession.
Un parti indépendantiste ne peut pas tenir sur tout le discours de ses
adversaires, et promettre en plus qu’il ne fera pas l’indépendance s’il
était porté au pouvoir. Cela n’a plus aucun sens.
La longue marche étapiste doit s’arrêter, GRADUELLEMENT. Le P.Q. a du
temps. De toute façon, cette marche ne mène nulle part, si ce n’est à
l’abandon. Évidemment, le pourcentage des votes de la dernière élection
peut réjouir. Il faut reconnaître ici l’immense mérite de Mme Marois.
(D’autant qu’elle a su trouver les mots qu’il fallait au soir de
l’élection). Mais le nombre de votes, en valeur absolue, montre une
mauvaise tendance. Malgré tout, à la fin, le peuple nationaliste a démontré
une fois encore sa très grande fidélité.
Le P.Q. est condamné d’une bien douce condamnation : la fidélité. Il est
condamné à l’indépendantisme. Et cela n’est pas une maladie. Ce serait
plutôt la santé. Et s’il n’y consent pas, ni ne s’y condamne pas lui-même,
calmement, graduellement, sans s’énerver, (en plein le style de Mme
Marois), l’électorat le lui indiquera, et le sanctionnera à nouveau, une
quatrième fois. Puis une cinquième, si besoin était. S’il ne prend pas ce
virage, s’il ne renoue pas avec son passé courageux, malgré qu’il restera
un parti politique puissant, il sera de plus en plus contesté, à
l’extérieur, sur sa droite et sur sa gauche, et finira par perdre à nouveau
jusqu’à son titre de l’opposition officielle à l’Assemblée Nationale. Le
P.Q.n’est pas, et ne sera jamais « le parti de gouvernement » (provincial).
Il n’est pas maître de jeu. C’est le P.L.Q. qui l’est.
Le P.Q. n’a pas pour destinée de se retrouver un jour dans le poulailler
de l’Assemblée Nationale, pas plus que peuple québécois celle de se
retrouver à la décharge de l’histoire du Canada.
Un redressement est nécessaire. C’est maintenant possible. Graduellement.
Comme en crescendo.
Une nouvelle génération prend sa place. Celle là qui a soufflé si fort en
direction de l’A.D.Q., en 2007, mais qui a été déçue, pourrait bien
s’apprêter maintenant à souffler en direction de sa propre liberté.
Quatre années de vie perdue ? Rien n’est moins certain.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
Quatre années de vie perdue?
Quatre années de vie perdue ? Rien n’est moins certain.
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5 commentaires
Marcel Haché Répondre
15 décembre 2008Je reconnais la volonté farouche, l’indignation justifiée, la détermination définitive, et la tristesse, aussi, de mes répondeurs.
Je partage cela. Je crois que nous sommes nombreux à ce partage.
Je n’ai jamais été amoureux du P.Q. Et j’en désespère de bien plus loin que 1995.
Je ne désespère pas du peuple québécois. Mon texte veut modestement rappeler qu’il est possible et souhaitable que le P.Q. effectue son propre redressement. C’est possible. POSSIBLE.
Je crois qu’on sous-estime trop la force d’une ¨position¨ politique. L’idée de l’indépendance du Québec est une idée radicale. C’est une idée claire, mais dans l’opposition. Il ne lui sert à rien—ABSOLUMENT RIEN-- d’avoir une position politique(P.Q.) soft, mi-figue mi-raisin, qui entretient davantage la suspicion de l’électorat qu’elle ne donne d’élan à son mouvement. L’idée est radicale !
Il semble qu’une grande partie de l’électorat adéquiste se soit abstenue de voter le 8 Décembre. Les professeurs de sc.po. pourront peut-être décortiquer les choses. Mais s’il s’avérait que cela soit vrai, SURTOUT, s’il fallait que ce soit plutôt les jeunes générations qui se soient abstenues de voter, il y aurait là un message de radicalisme à prendre en compte. Car c’est bien d’un taux de participation radicalement bas dont il s’est agi le 8 Décembre. Ce serait bien d’une façon RADICALE, qu’une partie du peuple québécois ne se serait pas rendu aux arguments, prétextes et inepties de Charest. Le P.Q. pourraient en prendre note…
Et puis, 4 ans…cela dépend toujours de la légitimité très politique du gouvernement (qui n’est pas la légitimité prévue constitutionnelle), la conjoncture pourrait raccourcir de beaucoup le temps gagné par les libéraux.
Par ailleurs, les libéraux ont-ils tant de légitimité ?
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
14 décembre 2008La rumeur veut que la marionnette de la Nébuleuse se retire avant la fin de ce mandat… Donc : Mission accomplie !
Le Pont d’Or, salaire à vie, Résidences luxueuses bien au-dessus des moyens d’un premierministreprovincial, l’ont dédommagé pour un détour de 10 ans dans son itinéraire de canadianPM. Ses marionnettistes, magnats des médias et de l’intrigue internationale sont satisfaits de ses talents de prestidigitateur.
Quand il récitait de mémoire les cassettes que les maîtres lui soumettaient au jour le jour, le peuple a cru qu’il parlait directement par le moyen de son génie. Le peuple a pensé qu’il était l’unique pilote habile pour affronter cette « tempête » qu’il a soufflée plus fort que les observateurs économiques compétents. Le peuple a cru que le milieu d’où il est issu (manipulateurs de l’info et du multiculturalisme francophobe) cherchait son bien sans comprendre qu’il le cherchait au profit du Canada uni, unilingue. Le peuple a été privé de revenu par le kidnapping de ses industries au profit de ces vampires de la finance. Le peuple a été privé de connaissance par l’appauvrissement de son système d’éducation (déséquilibre fiscal) et le rapt de ses médias. Le peuple a été décérébré par un CRTC vorace sur sa culture et sa langue. Le peuple ne réagit qu’à peine aux bouffées de mépris venues du Canada quand il fait mine de parler de fierté. Le peuple ne voit plus la force de sa masse et dans les crises, il cherche l’approbation des mieux vêtus, des mieux équipés de limousines, des porteurs d’entourloupettes verbales. Le peuple fragilisé, crédule, a perdu le sens de l’identité.
Charest retourné chez Harper, le peuple écoutera le tsar Libéral qui nous arrive avec la promesse d’enchâsser dans la canadian constitution notre parité avec la culture ukrainienne, la culture cantonaise, la culture portugaise, la culture tunisienne : en quoi serions-nous distincts de toutes ces belles cultures florissantes au Canada ?
Archives de Vigile Répondre
13 décembre 2008Si ce n'était que quatre, mais il y en a eu plus de perdues.
C'est une bonne quinzaine d'années que les Québécois ont perdues à penser que le PQ les mènerait au pays; mais ce n'est plus son objectif et ça depuis le passage de Bouchard, on s'en rend bien compte.
C'est à ce moment qu'il aurait fallu réagir en se dotant d'un véritable parti pour qui l'indépendance devait être entretenue avant, pendant et après les élections.
C'est toujours le temps mais pour beaucoup d'entre nous le temps presse. Mais tant et aussi longtemps qu'on croira que le PQ est le parti qu'il faut pour se donner un pays on pourra compter les écrits de toutes sortes sur le temps perdu et ce pendant longtemps encore.
Il existe des opportunités, au moins une le PI pour qui c'estla véritable raison d'être et peut-être QS, qu'il ne faut pas laisser passer. Prenons-les ou taisons-nous.
Un parti te trompe une fois, honte au parti! Le parti te trompe plusieurs fois, honte à toi!
Jean-François-le-Québécois Répondre
13 décembre 2008Quatre années de vie perdues, vous dites?
Moi, je le vois comme ceci: ce sont quatre années, pendant lesquelles Charest, ET par incompétence, ET avec un désir de canadianisation mal caché, va affaiblir le Québec.
Si Charest foncionne comme lors de son premier mandat, certaines choses seront imposéées de force à notre population, de manière arrogante; d'autres seront faites en catimini, derrière des portes closes, entre John James Charest et le amis de son régime...
Je crois bien que, historiquement, tous les peuples finissent par avoir leur Némésis, comme un personnage dont le but de l'existence-même, semble être de leur faire du mal... C'est juste que je trouve gênant, disons, que notre Némésis soit un petit homme, un «deux de pique», comme Charest. Et que nous, nous lui ayons donné bien volontairement le pouvoir, en tant que peuple souverain.
Archives de Vigile Répondre
13 décembre 2008Quatre années de vie perdue, oui, si l'on ne fait rien.
Aux politiciens de faire leur travail. À nous de faire des demandes.
Une campagne de "courriels" pour demander à nos politiciens un pays.
Et des manifestations si l'on ne nous accorde pas ce que nous demandons.
Oui, manifestons dans la rue notre désir d'un pays du Québec.
Daniel Roy, C.A.