Quatre ans après l’élection de la première hassidique, Outremont toujours sous tension

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Accommodements déraisonnables à sens unique





À l’occasion des élections municipales, notre équipe sillonne certains quartiers de Montréal pour raconter des enjeux, parfois négligés de la campagne. Aujourd’hui: Outremont, où la cohabitation entre hassidim et non-hassidim est toujours aussi difficile.


Il y a quatre ans jour pour jour, Mindy Pollak écrivait l’histoire en devenant la première juive ultra-orthodoxe à être élue au Québec.


Dans un français un peu cassé, la jeune femme prônait alors «le dialogue» entre les siens et les non-hassidiques, après une décennie marquée par de vives tensions entre les deux communautés.











Mindy Pollak




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Quatre ans plus tard


Un «dialogue» de sourds plus qu’autre chose, observe aujourd’hui Daniel Major. «C’est évident que Mme Pollak est seulement la porte-parole des hassidim. D’ailleurs, elle ne s’intéresse jamais aux sujets qui ne touchent pas sa communauté», remarque celui qui a assisté à plusieurs séances du conseil d’arrondissement depuis 2013.


M. Major, qui habite le secteur depuis près de quarante ans, est même d’avis que le climat s’est envenimé à Outremont depuis l’élection de Mme Pollak en 2013 sous la bannière de Projet Montréal. «Les hassidim n’en ont jamais assez. Ils nous en demandent toujours plus. Pour eux, les accommodements, ça marche juste dans un sens».


Un discours qui revient souvent dans le porte-à-porte de Chantal Raymond, qui tentera de déloger Mindy Pollak dimanche prochain. «Dans leur tradition, l’autobus scolaire s’arrête devant chaque maison où il y a un enfant. C'est correct, mais quand il y a vingt enfants sur la même rue, ça commence à faire pas mal de congestion en arrière de l’autobus à l’heure de pointe.»


Des gestes en apparence anodins, mais qui s’additionnent et finissent par irriter plusieurs résidents de cet arrondissement cossu.


Le référendum qui divise


Les tensions entre hassidiques, qui composent le quart de la population d'Outremont, et non-hassidiques ont culminé l’an dernier, lorsque le conseil d’arrondissement a interdit la construction de nouveaux lieux de culte sur l’avenue Bernard, la principale artère commerciale du quartier. Une résolution qui a été adoptée par tous les conseillers d’arrondissement, à l’exception de Mindy Pollak.


Les opposants au changement de zonage ont été assez nombreux pour exiger la tenue d’un référendum, qui a finalement conforté la décision de l’arrondissement.











L'avenue Bernard




libre de droits


L'avenue Bernard





Un enjeu électoral


Le débat n’est pourtant toujours pas clos et il est même devenu un enjeu majeur de l'élection dans Outremont.


«Si Projet Montréal remporte l’arrondissement. Il pourrait annuler le changement de zonage et permettre la construction de nouvelles synagogues sur Bernard, ce qui nuirait à la revitalisation commerciale de la rue. Contrairement à ceux qui ont exigé la tenue d’un référendum l’an dernier, nous, nous n’aurons peut-être pas notre mot à dire à cause de la nouvelle loi 122, qui prévoit abolir les référendums municipaux», s’inquiète Daniel Major.


Le gouvernement du Québec devrait préciser les modalités de la loi dans les prochaines semaines.


Entre temps, Mindy Pollak et Philipe Tomlinson, son attaché politique qui brigue aujourd'hui la mairie d’arrondissement pour Projet Montréal, ont décliné toutes nos demandes d’entrevue au cours de la campagne.