Hommes et femmes-grenouilles alignés les uns à côté des autres sous leur parapluie transparent, les dignitaires prenant part aux cérémonies soulignant le 400e anniversaire de Québec scrutaient le ciel, à l'affût de l'éclaircie attendue pour tarir les torrents d'eau se déversant sur la foule. Un portrait certes désolant pour un jour de fête, mais qui s'accordait parfaitement à l'austérité, la monotonie et la banalité des discours officiels.
Protocole oblige, il fallait sans doute subir cette suite de palabres, mais c'était à se pincer pour y croire: soucieux de ne pas trébucher sur la bourde diplomatique, les premiers ministres, gouverneure générale et maire venus honorer Québec ont soigneusement évité les envolées enthousiastes pourtant justifiées par un inégalable 400e. C'est du premier ministre français François Fillon qu'est venue l'audace de l'émotion, les autres optant qui pour la sobriété d'une ode à Champlain, qui pour les vagues commencements d'une nation.
Heureusement, après des semaines de faux pas et d'interprétations historiques nébuleuses entourant la vraie nature du 3 juillet 1608, voici venue l'heure de laisser place à des célébrations qui ne relèvent d'aucun cortège protocolaire, mais appartiennent plutôt aux citoyens venus rendre à Québec l'hommage qui lui revient.
Les préparatifs ne furent pas tout ce qu'il y a de plus joyeux: outre les difficultés d'organisation du départ, bien surmontées par l'équipe en place, on assista aux traditionnels accrocs politiques, chacun des ordres politiques tirant du gâteau la part qu'il voulait.
Mais sitôt le rideau de pluie tombé jeudi, la morosité des oraisons officielles a laissé place au faste de la fête. L'événement musical Rencontres, reproduit hier et aujourd'hui encore sous un soleil plus invitant que les trombes d'eau du 3 juillet, a gagné son pari: celui d'offrir à Québec, berceau de la civilisation francophone en Amérique, ville sacrée joyau du patrimoine mondial par l'UNESCO, les égards qui lui reviennent.
Le Québec, célébré un peu partout sur le globe pour son génie créatif, a prêté le talent de certains de ses plus fiers émissaires à ces fêtes grandioses: qu'on pense, pour un incomplet survol, à la solidité d'un Gilles Vigneault, l'électricité d'une Diane Dufresne, l'imaginaire de Robert Lepage, la folie de Franco Dragone, le regard de Jean-Claude Labrecque ou l'audace de Patrice Sauvé.
À chacun, désormais, de visiter les charmes de Québec en y refaisant le périple de Samuel de Champlain et ses acolytes; de remonter le cours de l'histoire au détour d'une exposition ou d'un événement multimédia; de sillonner les rues attachantes de son vieux quartier; de croiser le regard fier des gens de Québec, qui trépignent de célébrer leur ville. À chacun, enfin, de croquer sa part du gâteau, loin du désenchantement des caravanes politiques. Bonne fête Québec!
Que la fête commence !
Un portrait certes désolant pour un jour de fête, mais qui s'accordait parfaitement à l'austérité, la monotonie et la banalité des discours officiels.
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