Québec, ville «chouchou» de Stephen Harper

E5c42f2b93c6aab30f97e20715da8cdd

Avec un «mon'onc» pareil, les Québécois devraient se méfier

(Québec) Stephen Harper a sans conteste un penchant pour Québec. Depuis sa réélection en mai 2011, le premier ministre du Canada a visité la grande région de la Capitale-Nationale pour des événements orchestrés par le Parti conservateur du Canada (PCC) près de deux fois plus souvent que celle de Montréal qui pèse pourtant bien plus lourd économiquement et démographiquement.
Entre le début de son troisième mandat et le déclenchement de la campagne électorale le 2 août dernier, le chef du gouvernement s'est rendu dans la province à 53 reprises, a comptabilisé Le Soleil en épluchant les avis publics du bureau du premier ministre et ses sorties médiatiques.
La grande région de Québec, qui a fait élire trois des cinq députés québécois de son gouvernement, a reçu Stephen Harper 19 fois pour des annonces, des discours et des séances de photos soigneusement planifiées par son équipe. En comparaison, celui-ci s'est rendu 14 fois à l'autre bout de la 20, où les conservateurs n'ont aucun siège à Ottawa.
Mais de ce nombre, quatre visites n'étaient pas initialement prévues dans l'agenda du chef du PCC puisque c'est pour assister à des funérailles qu'il s'est déplacé dans la métropole. La famille et les amis de l'homme d'affaires Paul Desmarais, du militaire tué dans l'attentat de Saint-Jean-sur-le-Richelieu Patrice Vincent, du hockeyeur Jean Béliveau et du sénateur Pierre-Claude Nolin ont ainsi pu recevoir en personne les condoléances de M. Harper. La porte-parole du Parti conservateur, Catherine Loubier, souligne que chaque fois, le premier ministre a aussi rencontré des gens de tous les milieux en privé malgré le peu de temps de préavis.
Quant à la préférence de son patron pour Québec, Mme Loubier fait d'abord valoir que «c'est la porte des régions» et que lorsque Stephen Harper se déplace dans l'une ou l'autre d'entre elles, un arrêt est souvent prévu dans la Capitale-Nationale. «Il n'y a pas de grand agenda, assure la porte-parole. Le premier ministre rencontre les Québécois de toutes les régions comme tous les Canadiens.»
Mais dans les rangs conservateurs, on n'hésite pas à confirmer que Québec est un terrain fertile pour le parti alors qu'en 2006, la région a fait élire 6 députés sur les 10 issus de la province à la Chambre des communes. «Le premier ministre est particulièrement attaché à la région de Québec et, bien sûr, parce qu'on y trouve notre majorité dans la province», fait valoir le député sortant dans Lévis-Bellechasse, Steven Blaney. «Il reconnaît le rôle de la Capitale-Nationale et il a développé une complicité avec les gens de Québec», poursuit celui qui brigue un quatrième mandat. «Ils ont juste à élire plus de députés et il va y aller plus souvent!» conclut-il dans un éclat de rire.
Davantage depuis un an
Sans surprise, le rythme des visites officielles de Stephen Harper dans la Belle Province s'est accéléré depuis le début de sa quatrième année en poste et alors que l'échéance électorale approchait. Il y a mis les pieds à 20 reprises, soit neuf fois à Québec, six à Montréal (trois pour des funérailles) et cinq dans les autres régions. Uniquement au cours des trois derniers mois, il est allé à la rencontre des Québécois sept fois. La dernière remonte au 25 juin où il a annoncé à Québec le financement des Grands Voiliers et fait un saut à la base militaire de Bagotville, à Chicoutimi, pour promettre une enveloppe financière pour améliorer ses installations.
«Vous allez voir, dans les jours, les semaines et les mois à venir, M. Harper va continuer à visiter le Québec régulièrement, promet la porte-parole conservatrice, Catherine Loubier. Il l'a dit plus souvent, il veut plus de Québécois à la table des décisions.»
Stratégiques, les sorties publiques dans la province?
Les sorties publiques de Stephen Harper au Québec au cours de la dernière année de son mandat étaient-elles stratégiques? Pour tenter de répondre à cette question, Le Soleil a dressé un bref portrait de ses déplacements.
Grande région de Québec
Comme pour l'ensemble de son dernier mandat, Stephen Harper s'est déplacé plus souvent qu'à son tour dans la grande région de Québec, soit 9 fois sur les 20 où il a effectué des visites dans la province. Célébration du bicentenaire de George-Étienne Cartier en septembre, annonce pour la restauration des fortifications de Québec en décembre et salutations au Bonhomme Carnaval en février.
Au printemps, il a assisté à une partie de hockey de la Coupe Memorial à Québec et a aussi débloqué une aide financière pour la venue des Grands Voiliers en 2017. À l'extérieur de la Ville de Québec, il a visité ses trois circonscriptions conservatrices dans la région et la base militaire de Valcartier.
Circonscriptions conservatrices
Dans la dernière année, le chef de l'État a rendu visite à quatre des cinq circonscriptions représentées par ses députés québécois. Steven Blaney l'a reçu à Saint-Lazare-de-Bellechasse (Lévis-Bellechasse) à la Saint-Jean en 2014. Le lendemain, c'était au tour de Denis Lebel (Roberval-Lac-Saint-Jean) de l'accueillir pour une annonce sur le renouvellement de l'entente fédérale-provinciale sur la taxe d'accise tandis qu'en mars, le député de Lotbinière-Chutes-de-la-Chaudière Jacques Gourde a déroulé le tapis rouge pour le dévoilement d'une aide financière au centre multifonctionnel de Saint-Apollinaire. Et en juin, c'était au tour de Maxime Bernier de célébrer la fête des Québécois avec le premier ministre dans sa circonscription de Beauce.
Circonscriptions prenables
Stephen Harper s'est rendu dans deux circonscriptions québécoises où les conservateurs considèrent avoir d'importantes chances de faire des gains. Présent pour une annonce à Victoriaville en février, le premier ministre a fait de l'oeil au maire de la ville, Alain Rayes, qui a confirmé sa candidature «vedette» deux mois plus tard dans Richmond-Arthabaska. L'ex-bloquiste devenu indépendant, André Bellevance, occupe le siège à Ottawa.
Au printemps, le chef conservateur a fait un saut à Grosse-Île, au large de Montmagny, afin de confirmer un financement au lieu historique national. La circonscription de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup est passée aux mains du néo-démocrate François Lapointe en 2011 à la suite d'un dépouillement judiciaire. Le conservateur Bernard Généreux a perdu son siège par neuf voix et entend bien le reprendre le 19 octobre prochain.
Bases militaires
Avec la mission du Canada en Urkaine et celle contre le groupe armé État islamique, les bases militaires revêtent une importance particulière pour le gouvernement conservateur et sa politique étrangère. Valcartier (Portneuf-Jacques-Cartier) et Bagotville (Chicoutimi-Le Fjord) ont reçu Stephen Harper respectivement à l'automne et au printemps pour une séance de photos et l'annonce d'un investissement.
La communauté juive de Montréal
Sur ses 20 visites au Québec dans la dernière année, le premier ministre est allé à six reprises à Montréal, dont trois fois pour des funérailles de personnalités canadiennes. Lors de deux des trois déplacements planifiés par les conservateurs dans la métropole, il a participé à des activités avec la communauté juive, qui peut peser lourd dans la balance au scrutin d'octobre. Le 16 décembre, il a participé à une cérémonie de la fête de Hanoukka tandis que le 21 octobre, il a reçu un prix du Conseil de la communauté juive de Montréal pour son soutien à Israël.
La Saint-Jean dans des circonscriptions bleues
Le premier ministre du Canada se fait un point d'honneur de célébrer la fête nationale au Québec. Et particulièrement dans les circonscriptions où il a fait élire des députés au dernier scrutin fédéral.
Depuis sa réélection il y a quatre ans, Stephen Harper a eu l'occasion de souhaiter bonne fête aux Québécois à cinq reprises. Un chiffre qui correspond au nombre d'élus à Ottawa issus de la province. C'est donc dans leurs circonscriptions qu'il a démontré son attachement au Québec, le dernier en lice étant celui de Beauce, détenu par son ministre d'État à la Petite entreprise, au Tourisme et à l'Agriculture, Maxime Bernier.
Les années précédentes, M. Harper a souligné la Saint-Jean à Saint-Lazare-de-Bellechasse, dans la circonscription du ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney (Lévis-Bellechasse); à Dolbeau-Mistassini dans la circonscription de Roberval-Lac-Saint-Jean où le ministre de l'Infrastructure, des Collectivités et des Affaires intergouvernementales, Denis Lebel, est député; à Saint-Narcisse-de-Beaurivage dans Lotbinière-Chute-de-la-Chaudière représentée par Jacques Gourdes et, finalement, à Thetford Mines, située dans Mégantic-L'Érable, où Christian Paradis ne brigue pas de nouveau mandat.
«Tout le monde veut l'avoir [le premier ministre] pour la Saint-Jean», souligne la porte-parole du Parti conservateur, Catherine Loubier. «Ça aurait pu arriver autrement», fait-elle simplement valoir lorsque questionnée sur les lieux choisis par Stephen Harper pour souligner la fête nationale.
Le Carnaval «très cher» à Stephen Harper
Quatre hivers se sont écoulés depuis la réélection en 2011 du chef conservateur Stephen Harper à la tête du pays. Il n'y a qu'à celui de 2012 où le premier ministre n'a pas pratiqué son «lever de la jambe» avec Bonhomme Carnaval à Québec, et ce, uniquement parce qu'il était en déplacement en Chine, précise le parti. «C'est certain que le gouvernement conservateur est un grand partenaire du Carnaval depuis de nombreuses années», souligne la porte-parole du Parti conservateur, Catherine Loubier, questionnée sur la présence de son chef aux trois dernières éditions du Carnaval de Québec. Pourquoi pas d'autres festivals ou événements récurrents dans la province, comme le Festival de jazz à Montréal, ou encore, celui western de Saint-Tite? «C'est une manifestation publique qui est très chère au premier ministre», répond Mme Loubier. Chose certaine, les caméras et les photographes se régalent chaque fois que l'homme d'État réalise le célèbre pas de la vedette hivernale.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé