Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, poursuit son grand ménage de l’appareil gouvernemental. Cette fois, ce sont les employés de la fonction publique qui sont visés par une réduction de 2 % du nombre de postes. Comme tous ses prédécesseurs, il emploie des mots comme «modernisation» et «rénovation», «productivité» et «efficience», mais ce qu’il recherche, ce sont des économies pour atteindre le déficit zéro. Point.
L'objectif qu’il a présenté en point de presse mardi est l’abolition de 1150 des quelque 60 000 postes que compte la fonction publique. En soi, ce n’est pas beaucoup, ni dramatique. Mais tout de même, cela s’ajoute au 2 % de réduction que le gouvernement Couillard avait annoncé en s’installant au pouvoir. Et même si les efforts faits les années précédentes n’ont pas atteint leurs cibles, il reste que la taille de la fonction publique a peu à peu diminué. Voilà une décennie, elle était plutôt de 70 000 employés.
Ce que veut démontrer le président du Conseil du trésor est que, dans le contexte actuel d’austérité, l’effort sera réparti équitablement. Les contribuables en feront les frais par des augmentations de tarifs, comme dans les garderies, les fonctionnaires et les hauts fonctionnaires aussi. Sauf que les contribuables pourront en faire doublement les frais puisque la réduction d’effectifs finira par se traduire par une réduction des services rendus, en qualité et en quantité. Les gains de productivité ne peuvent combler tous les besoins.
À cet égard, Martin Coiteux prétend se distinguer de ses prédécesseurs par sa méthode de rationalisation. Ses coupes ne seront pas paramétriques. Elles varieront d’un ministère à l’autre, l’objectif étant d’atteindre au total la réduction de 2 %. La formule offrira davantage de souplesse et réduira le caractère arbitraire des mesures qui seront adoptées. Tant qu’à innover, il pourrait aller plus loin dans la recherche. Par exemple, au lieu de simplement abolir des postes, il pourrait mettre en place des programmes de réduction des semaines de travail, de quatre jours payés quatre jours. Mais au Conseil du trésor, l’imagination a ses limites. Ce qui compte est le nombre de postes abolis. On est fort en soustraction.
Ce processus de réduction des effectifs équivaut pour le ministre à rénover l’État, à « rénover la maison », selon ses mots. Toutefois, il ne dit jamais en quoi consiste cette rénovation, outre une réduction du nombre d’habitants de la maison, qui auront par ailleurs plus de tâches à accomplir. Une réingénierie de l’organisation gouvernementale s’impose. Malgré les énormes budgets consacrés à l’informatisation des services, l’appareil gouvernemental souffre d’un retard immense. Quels sont ses projets pour faire entrer l’appareil gouvernemental dans le XXIe siècle ? On ne le sait pas, et peut-être lui-même ne le sait pas.
Présenter aux employés de l’État les perspectives qu’entrevoit ce gouvernement pour l’avenir de l’appareil étatique apporterait un éclairage nécessaire alors que se préparent les grandes négociations du secteur public. Depuis des années, ceux-ci font les frais de compressions successives. Leur rémunération est en retard de 8 % sur le secteur privé, lequel s’accroîtra encore. De l’aveu du ministre, la prochaine offre gouvernementale correspondra à la croissance globale des dépenses du gouvernement, sans plus. Rien dans tout cela pour mobiliser les employés du secteur public. Bien avant les ministres et les députés, ce sont eux qui, dans une large mesure, sont l’État.
FONCTION PUBLIQUE
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