Querelle inventée

Pourquoi le gouvernement central appuierait-il financièrement la construction d'une ligne de transmission alors qu'il ne l'a jamais fait dans le passé, notamment au Québec?

Ben oui, pourquoi donc?...



Mario Dumont avait tiré la première salve. Jean Charest s'est empressé (c'est devenu une habitude...) de monter le même cheval: «Il ne sera jamais question de ligne de transmission électrique fédérale au Québec. On n'accepte pas qu'on puisse passer sur le territoire québécois sans conditions.» (Note à M. Charest: les Québécois auraient apprécié que vous vous montriez aussi attaché au territoire du Québec pendant la campagne électorale, lorsqu'il fut question de la partition.)



Il serait en effet inadmissible que le gouvernement fédéral tente de faire passer sur le territoire québécois, sans le consentement du Québec, une ligne de transmission est-ouest. On comprend cependant difficilement les protestations de MM. Charest et Dumont: cette hypothèse n'a JAMAIS été évoquée par le gouvernement Harper.
La Constitution permettrait au gouvernement central de déclarer une telle ligne d'«avantage général» pour le Canada (c'est le «pouvoir déclaratoire»), d'exproprier les terrains nécessaires et de construire l'infrastructure en question. (Note à M. Dumont: l'entente de Charlottetown, que vous avez combattue, rendait à peu près inoffensif le pouvoir déclaratoire). Malgré des demandes répétées de Terre-Neuve, qui voudrait accéder aux marchés américain et ontarien sans avoir à négocier avec le Québec, Ottawa n'a jamais envisagé sérieusement d'utiliser ses pouvoirs constitutionnels à cette fin.
Pourquoi donc une telle levée de boucliers? D'abord, l'explication cynique: quand il n'y a pas de querelle entre le Québec et le reste du pays, les politiciens provinciaux québécois aiment bien en inventer une, histoire de pouvoir se draper dans le fleurdelisé.
Seconde explication: MM. Charest et Dumont ont voulu alerter les Québécois contre un projet beaucoup moins fâcheux, mais qui suscite à juste titre l'inquiétude: le financement par le fédéral d'une ligne reliant les grands marchés ontariens à une centrale que construirait le Manitoba dans le nord de son territoire. Le coût de montage de cette ligne de 1700 km est estimé à un milliard.
Déjà, l'Ontario et le Manitoba ont fait savoir qu'elles utiliseraient pour la construction de cette interconnexion une partie des fonds tirés de l'écoFiducie créée par Ottawa. On ne peut rien y redire: les provinces sont libres d'investir cet argent comme elles l'entendent.
Cependant, le plus récent plan fédéral de lutte aux émissions de gaz à effet de serre annonce d'autres investissements dans le projet. Pourquoi le gouvernement central appuierait-il financièrement la construction d'une ligne de transmission alors qu'il ne l'a jamais fait dans le passé, notamment au Québec?
Cette intervention serait d'autant plus mal venue qu'elle est superflue. À une époque où toutes les régions du continent sont à la recherche d'énergie propre, le commerce de l'électricité est devenu extrêmement rentable. L'an dernier, grâce à ses exportations, Manitoba Hydro a enregistré des profits records. Des subventions fédérales lui accorderaient un avantage concurrentiel indu par rapport à Hydro-Québec. Lorsque le marché fonctionne bien, il vaut mieux le laisser tranquille. Ce n'est pas aux conservateurs qu'on devrait avoir à le rappeler.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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