Prise deux: après la nomination avortée de Madeleine Meilleur, le gouvernement libéral espère avoir cette fois misé sur la bonne personne en arrêtant son choix sur le Franco-Manitobain Raymond Théberge pour le poste de commissaire aux langues officielles.
Personne, au gouvernement fédéral, n'a voulu confirmer l'information, mais La Presse canadienne a pu confirmer, jeudi, que l'actuel recteur de l'Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick, est bel et bien celui qui a été retenu.
Sa nomination doit être communiquée aux partis d'opposition, puis officiellement présentée au Parlement. Elle devrait faire des heureux au sein des communautés de langue française en situation minoritaire.
La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) souhaitait voir un candidat d'une autre province que le Québec et l'Ontario s'installer dans cette chaise de commissaire pour la première fois depuis la création du poste, il y a près de 50 ans.
La FCFA n'a pas souhaité réagir au choix du gouvernement Trudeau. «Par respect pour le processus, nous allons attendre une annonce officielle du gouvernement avant de commenter», a écrit dans un courriel le porte-parole de l'organisation, Serge Quinty.
Le porte-parole néo-démocrate en matière de langues officielles, François Choquette, n'avait pas de réaction à offrir, jeudi, disant n'avoir tout simplement pas eu le temps de se pencher sur la candidature du Raymond Théberge.
En revanche, «on peut saluer le fait que ce n'est pas quelqu'un qui vient du Québec ou de l'Ontario, comme c'est le cas historiquement», a-t-il offert en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.
Le bureau de la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, a refusé de confirmer la nomination de Raymond Théberge afin de ne pas «porter atteinte au privilège parlementaire», a fait valoir son attaché de presse, Simon Ross.
En vertu de la Loi sur les langues officielles, la nomination du commissaire doit être approuvée par la Chambre des communes et par le Sénat. Le comité sur les langues officielles disposera de 30 jours au préalable pour examiner la candidature et en faire rapport aux députés.
Les libéraux, qui avaient raté leur coup en désignant Madeleine Meilleur, doivent croiser les doigts pour que la nomination soit cette fois entérinée - en juin dernier, la libérale de longue date avait retiré ses billes en voyant se dessiner un blocage à la chambre haute.
L'opposition avait vertement critiqué cette nomination partisane - d'autant plus qu'elle découlait, avaient-ils accusé, d'un processus opaque. Tant les conservateurs que les néo-démocrates reprochaient aussi aux libéraux de ne pas les avoir consultés dans les règles de l'art.
Et selon le député Choquette, le gouvernement de Justin Trudeau n'a pas tiré de leçons de cette première nomination ratée d'un agent du Parlement.
«Le problème qui est arrivé avec le fiasco de la candidature de Madeleine Meilleur, c'est à cause du fait que les chefs de l'opposition n'avaient pas été consultés. Et encore une fois, on se retrouve dans la même noirceur, dans la même opacité», a-t-il regretté.
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