Il serait «maladroit» de réinvestir dès maintenant dans le soutien aux élèves en difficulté, compte tenu du contexte budgétaire actuel, selon le ministre de l'Éducation, François Blais.
Le moment serait mal choisi pour refinancer le réseau, selon lui. L'équilibre budgétaire doit avoir la priorité.
En point de presse, vendredi, le ministre a convenu que la situation des élèves aux prises avec des difficultés d'apprentissage devenait de plus en plus complexe, et que cela nécessiterait l'ajout de sommes publiques supplémentaires.
Mais plus tard.
De plus, il faudra tenir compte du fait que ce type de problèmes relève à la fois du ministère de l'Éducation et du ministère de la Santé, a-t-il ajouté, en marge d'une interpellation en Chambre du député péquiste Alexandre Cloutier sur les coupes en éducation affectant directement les services aux élèves présentant diverses difficultés d'apprentissage.
Plus tôt, en point de presse, entouré de spécialistes au service de ces élèves et de leurs parents, M. Cloutier a pris un ton alarmiste pour sommer le ministre Blais de se porter à la défense de son ministère et du réseau scolaire.
Selon lui, on peut facilement répertorier des centaines de cas d'enfants en difficulté laissés pour compte récemment, faute de ressources.
L'Association québécoise des orthophonistes et audiologistes, présente au point de presse, fait état de 250 postes coupés de ces professionnels, cette année, dans les écoles du Québec.
L'impact des compressions en éducation sur le terrain «est plus que palpable et les répercussions sur les services aux élèves en difficulté ne laissent aucun doute», a soutenu la présidente de l'association, Marie-Claude Rousseau, réclamant un réinvestissement immédiat en éducation spécialisée.
Quant à lui, le ministre Blais assure que le nombre de professionnels a, au contraire, augmenté dans les écoles et que les budgets ont été maintenus cette année.
Du même souffle, il reconnaît cependant que pour contribuer à l'atteinte de l'équilibre budgétaire, il y a «un effort à faire» à court terme, en éducation comme ailleurs.
Par la suite, le gouvernement verra à réinvestir en éducation, a-t-il dit. Mais pourquoi pas maintenant? «Ce serait très maladroit de la part du gouvernement de faire ça», a répondu le ministre à la question d'un journaliste.
Il a ajouté que le réinvestissement à venir devrait se faire «de façon intelligente».
M. Cloutier a tenté de toucher le ministre en l'exhortant à entendre «le cri du coeur lancé par des milliers de familles» en détresse.
Il a invité le ministre à «sacrer son camp», s'il ne réussissait pas à convaincre le premier ministre Philippe Couillard de financer adéquatement le réseau scolaire, parce que «ça ne peut pas continuer comme ça».
Le porte-parole en éducation de la Coalition Avenir Québec, le député Jean-François Roberge, a jugé l'attitude du ministre Blais «irrespectueuse et inconsciente», lors d'un autre point de presse. Il lui demande de faire preuve de plus de compassion envers les enfants vulnérables de la société.
Selon Marie-Claude Rousseau, la situation est rendue telle que de plus en plus de parents se tournent vers le secteur privé pour obtenir les services d'orthophonie ou d'audiologie qu'ils n'obtiennent plus à l'école publique. Pour ces parents, pas nécessairement fortunés, la facture peut être rapidement très élevée.
On «assiste à une privatisation de l'éducation au Québec», a conclu le député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier.
De plus, la diminution de services spécialisés se traduira par une hausse du décrochage scolaire, selon lui. «On sait tous que le décrochage scolaire a des répercussions majeures sur l'économie du Québec», a-t-il dit, sans compter son impact social.
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