Samuel de Champlain, un père fondateur

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Gare aux images trop faciles

Nous avons récemment été surpris d’apprendre que le gouvernement fédéral songeait sérieusement à nommer le pont projeté, reliant Montréal à la Rive-Sud, « pont Maurice-Richard » plutôt que de conserver l’actuel nom de Champlain. Sans enlever quoi que ce soit à Maurice Richard, qui fut un grand joueur de hockey et qui contribua en son temps à l’éveil de la fierté des Canadiens français, ce choix souligne la méconnaissance de l’importance historique majeure de Samuel de Champlain à la fondation du Canada.

Géographe, navigateur et explorateur d’exception, Samuel de Champlain a, avec beaucoup de vision et de ténacité, réussi à fonder un établissement permanent à Québec, la source même de ce que sont devenus le Québec et le Canada actuels. Son oeuvre d’explorateur est intimement liée au grand fleuve qu’est le Saint-Laurent et à sa source, les Grands Lacs, plus particulièrement le lac Huron sur lequel il navigua en 1615. Les ponts Jacques-Cartier et Champlain sont complémentaires sur le plan de la mémoire des origines du Canada. Amputer les noms de l’un ou de l’autre nous semble inapproprié. Champlain était aussi un grand humaniste dont de nombreux succès reposaient sur des alliances fécondes avec plusieurs nations amérindiennes qu’il a côtoyées. Les Québécois peuvent être fiers d’avoir un tel homme à la source de la civilisation canadienne et québécoise qui a suivi.

Consensus nécessaire

Un changement de nom pour un ouvrage d’une telle envergure devrait d’abord faire consensus auprès des historiens et des autorités en toponymie. On ne peut effacer ainsi un personnage historique très respecté tant au Québec qu’en Acadie, au Canada et aux États-Unis. Pour ce nouveau pont, devant avoir une durée de vie très longue, le nom de Champlain serait plus évocateur d’un héritage à très long terme pour les nouvelles générations que celui de Maurice-Richard.

Les représentants d’enseignants d’histoire, d’historiens et de didacticiens que nous sommes savent aussi très bien qu’il est hasardeux de nommer un ouvrage aussi important d’une personne nous ayant récemment quittés, ne serait-ce qu’à cause du manque de recul. Au surplus, un tel changement de nom, inutile et non demandé, entraînera des coûts importants pour un gouvernement qui pense au péage pour financer ce pont.

Enfin, nous avons un devoir de mémoire et une obligation pour la conservation de notre patrimoine. En somme, il faut respecter notre histoire et maintenir, pour le nouveau pont, le nom de ce grand homme que fut Samuel de Champlain. Si l’on veut une distinction avec l’ancien pont, aussi bien le nommer conformément aux règles de toponymie : Samuel-de-Champlain.


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