Sans complaisance: Entre le temps gagné et le pays perdu

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Ferretti circonspecte devant l'effet PKP

Le soudain radicalisme du Parti québécois sur la question nationale m’inquiète presque autant qu’il me réjouit.
Il ne faut pas être grand analyste politique pour comprendre que Pauline Marois n’avait pas du tout prévu la tournure prise par la campagne électorale sous l’impulsion d’un Pierre Karl Péladeau, justifiant son choix de rallier le Parti de Pauline Marois, par son objectif de donner un pays à ses enfants.
Cette déclaration a transformé avec tambour et trompette une campagne prudente pour l’obtention d’un gouvernement majoritaire, appuyée essentiellement sur la popularité du projet de Loi 60 sur la laïcité, en campagne référendaire.
Avec ses avantages et ses dangers.
Si, malgré la multiplication des attaques vicieuses des partis fédéralistes canadiens et québécois et celles massives des médias, y compris ceux qui sont propriétés de Québécor, Pauline Marois gagne cette élection, en faisant élire un gouvernement majoritaire, il ne pourra lui être reproché d’avoir caché son option. Cette victoire accroîtra du même coup son attrait auprès des Québécois qui y sont encore réfractaires. Elle augmentera aussi son rapport de forces avec tous les adversaires de l’indépendance. Or, même si Ottawa cédait à quelques-unes des revendications mineures du Québec, le Parlement fédéral et tous les partis qui y siègent adopteront des mesures politiques et stratégiques plus radicalement que jamais contraires aux besoins et intérêts québécois, faisant voir très rapidement les limites du pouvoir de gouverner de l’État québécois.
Le principal avantage, toutefois, que comporte la tournure de la campagne est que si elle mène à la victoire, elle fera gagner quatre ans, peut-être plus, à la marche vers l’indépendance.
En revanche, si cette campagne imprévue mène à la défaite, c’est l’existence même de notre nation qui est mise en danger. La question nationale sera alors mise sous le boisseau pour longtemps, sinon à jamais, compte tenu de la minorisation galopante de la majorité historique, la seule qui a un intérêt vital à l’advenue d’un État québécois indépendant et souverain.
Outre ce danger principal, cette campagne imprévue, et donc improvisée, en comporte plusieurs autres, même si le Parti québécois remporte l’élection.
En effet, elle entraîne Pauline Marois à exposer d’ores et déjà les modalités d’exercice de la souveraineté, alors que le contexte à l’intérieur et sur la scène internationale de sa réalisation est imprévisible et risque d’être fort différent de celui d’aujourd’hui.
Elle entraîne Pauline Marois, sans préparation adéquate et sans véritable mobilisation à cette fin des troupes, sur le terrain de l’ennemi qui, lui, appuie son combat sur une stratégie délibérée et ficelée, précisément élaborée sur la volonté de faire peur au peuple en brandissant la menace de la tenue d’un référendum sur l’indépendance.
Bref, je crois qu’il faut exiger de Pauline Marois qu’elle évite de tomber à pieds joints dans ce grossier traquenard. Il faut lui rappeler qu’elle est la chef du Parti québécois et qu’elle ne doit d’aucune manière se laisser bousculer par les événements, si heureux soient-ils, comme celui de la prestigieuse et puissante candidature de PKP, en s’écartant de sa stratégie initiale. Il faut pourtant et dans le même souffle exiger qu’elle continue, comme elle le fait enfin depuis dimanche, à démontrer clairement que l’indépendance est l’axe principal de l’essor du Québec.
Je déclare ici que j’ai confiance en son intelligence politique. Mon espoir de ne pas mourir en pays étranger s’accroche à sa détermination de mener notre nation à bon port.
Andrée Ferretti

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Andrée Ferretti124 articles

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"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "

Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.





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