Peut-on imaginer que soudainement le gouvernement fédéral décide qu'il faut remplacer la date commémorative du jour du Souvenir canadien du « 11 Novembre » (date anniversaire de la fin des combats de la Première Guerre mondiale) par la date infâme de la déclaration en 1914 qui a causé le déclenchement de cette Grande Guerre (1914-1918)? Ne serait-ce pas plutôt de mise de retenir le 11 Novembre puisque cette date marque la fin officielle de tant de souffrances humaines et d'innocentes victimes?
Pourtant, c'est exactement ce que Patrimoine canadien en collusion avec des ferrures dorées de l'élite acadienne, fait chaque 28 juillet depuis 2005 (250e du début de la Déportation) à titre de Journée de commémoration du « Grand Dérangement » (sic), le terme qui édulcore ce qui constitue un véritable génocide! Il y a déjà 15 ans cette année que Patrimoine canadien « a institué » cela par Proclamation royale (9 décembre 2003) de la reine Elizabeth II, du chef du Canada!
Problème! À l'instar de Canadiens pour l'armistice du 11 novembre 1918 marquant la fin de tant de souffrances humaines, les Acadiens eux n'ont pas le choix judicieux de remémorer la fin officielle de leur génocide parce que leur statut d'exilés, de rebelles ou de sédicieux n'a jamais été abrogé par la Couronne britannique donc pas question de parler de date qui marquerait la fin officielle de tant de souffrances humaines qui ont été causées à l'endroit des Acadiens dont la mémoire demeure encore aujourd'hui hantée.
Remplacer la commémoration fédérale viciée du 28 juillet par un « Jour du Souvenir acadien » annuel
Il faut que soit abolie ladite « Journée de commémoration du Grand Dérangement » du calendrier fédéral ─ journée fomentée par Patrimoine canadien qui est, comme le disait l'Acadien québécois Stéphane Bergeron « une bouillabaisse insipide, incolore et inodore de bonnes intentions enrobées dans l'euphémisme dudit Grand Dérangement ». Les ultimes responsables de ce plus grand subterfuge canadien à l'endroit des Acadiens sont en premier lieu l'ancien premier ministre Jean Chrétien, Stéphane Dion, l'actuel ambassadeur canadien en Allemagne, Sheila Copps, alors à Patrimoine canadien mais plus significativement la députation libérale fédérale « acadienne » de l'époque dont Dominic LeBlanc, actuel ministre des Affaires intergouvernementales et du Nord et du Commerce intérieur.
Pourquoi la date annuelle du 28 juillet est-elle la plus exécrable qui soit à l'endroit des Acadiens?
Le 28 juillet 1755 est la date précise du dépôt du renvoi judiciaire de Jonathan Belcher, juge en chef et membre du gouvernement de la Nouvelle-Écosse. Des raisons purement politiques jugées de nécessité impérieuse ─ qui est la loi du moment ─ de protéger les intérêts de Sa Majesté dans la province, « obligeaient» le juge en chef Belcher de conseiller humblement la « déportation » de tous les habitants français. (Source : procès-verbal du 28 juillet 1755 émanant du Conseil de la Nouvelle-Écosse).
Qui plus est, le 28 juillet 1755, en présence à Halifax des représentants de Sa Majesté britannique George II ─ les amiraux britanniques Boscawen et Mostyn ─ est la date précise qu'on met en branle les mesures à prendre pour la Déportation ainsi que les lieux où « distribuer » les Acadiens, étant donné que la décision de déporter les Acadiens avait déjà été déterminée d'avance (toujours selon le procès-verbal du 28 juillet) : As it had been determined to send all the French inhabitants out of the Province if they refuse to take the oaths...
C'est cette date fatidique que Patrimoine canadien a ciblée par le biais de la Proclamation royale de 2003, promulguée au nom d'Elizabeth II, pour que les Acadiens commémorent annuellement leur génocide. Au bas mot, cette proclamation royale « canadienne » relève d'un nation-building fédéral des plus insidieux et étranglants pour exonérer l'institution de la monarchie d'origine allemande qui règne séparément au Royaume-Uni et au Canada. Plus probant encore, cette date commémore les « hautes oeuvres » du génocide acadien, en premières lignes celles du sanguinaire Robert Monckton. Comment les Acadiens peuvent-ils accepter que l'université francophone cosmopolite qui forme leur jeunesse porte le nom de ce criminel de guerre camouflé sous la graphie de « Moncton »?
Pour faire valoir plutôt la date anuelle du 13 décembre à titre de « Jour du Souvenir acadien »
Le 13 décembre 1755 est la date précise de la journée la plus meurtrière des huit années du Grand Dérangement (1755-1762). Cette plus grande perte de vies a eu lieu lors de la noyade de presque 400 Acadiens à bord du Duke William, le pire d’un convoi de trois naufrages totalisant plus de 850 noyés survenus en cinq jours en décembre 1758 (du 12 décembre au 16 décembre : d’abord au large des Cornouailles, les 12 décembre (Violet) et 13 décembre (Duke William), et ensuite aux Açores le 16 décembre (Ruby). Ces naufrages ont coûté aux Acadiens plus de vies que n’importe quel autre événement du Grand Dérangement. La plupart de ceux-ci étaient des enfants dont l’âge moyen était d’environ 15 ans.
Il s'avère que des recueillements en commémoration de cette journée la plus meurtrière du génocide acadien ont déjà et continuent à être observés depuis que M. Stephen White, généalogiste au Centre d'études acadiennes Anselme-Chiasson de l'Université de Moncton (Monckton), avait proposé en octobre 2000, lors du congrès de la Fédération des Associations de familles acadiennes (FAFA) : Que le 13 décembre soit désigné comme le Jour du Souvenir acadien ! Cette proposition a fait du chemin depuis la toute première commémoration du « Jour du Souvenir acadien » qui eut lieu le13 décembre 2004 à la chapelle Notre-Dame d'Acadie, au campus de l'Université de Moncton. S'ensuivirent des commémorations à Dieppe (2007), Memramcook (2009) et annuellement depuis 2008 à Port-Lajoie (en face de Charlottetown, Î.-P.-É). En passant, un avantage de la date du 13 décembre à titre de Jour du Souvenir acadien est que c'est un jour où les écoles peuvent participer ce qui n'est jamais le cas pour le 28 juillet, privilégiant la saison des vacanciers.
Maintenant que des Acadiens ont pertinemment mis en branle leur propre Jour du Souvenir bien à eux, pourquoi Patrimoine canadien et le Parti libéral fédéral persisteraient-ils à faire perdurer leur « Journée de commémoration du Grand Dérangement » sinon que pour nous rappeler annuellement les hautes œuvres infâmes du génocide acadien qui furent mises en branle dès le 28 juillet 1755. Un 28 juillet pas du tout commémorable...
De quel droit peut-on s'approprier le vécu transgénérationnel du peuple acadien pour lequel la famille royale britannique et son gouvernement de l'époque ont contemplé une « solution finale » ?
De quel droit moral aujourd'hui le gouvernement libéral majoritaire de Justin Trudeau utilise à tout bout de champ l'arme du sournois multiculturalisme canadien pour faire croire aux Acadiens et aux Acadiennes, à chaque 28 juillet, que la reine d'Angleterre s'est excusée pour les torts à leur endroit alors que c'est tout le contraire qu'on nous crache dans ladite Proclamation royale canadienne depuis 15 ans.
Pourtant ce peuple acadien est un des peuples fondateurs du Canada et non de l'immigration comme le préconise l'argumentaire toujours au nom du même multiculturalisme uniformisant invoqué par Justin Trudeau et les soudaines « nouvelles règles du jeu » de Mélanie Joly qui a dû récemment céder sa place à la barre de Patrimoine canadien... peut-être pour justifier de nouvelles règles de jeu asymétriques aux Langues officielles...
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1 commentaire
Me Christian Néron Répondre
4 septembre 2018En fait, Patrimoine Canada ne cherche pas à «« commémorer »» un
crime de génocide, mais à «« célébrer »» un haut fait de l'humanisme
anglo-saxon.