Le « Grand Dérangement »

Épilogue peu flatteur

Lu à Lac-au-Saumon (région du Bas-Saint-Laurent au Québec) le 7 août 2022 à l’occasion du 125e anniversaire de l’arrivée en 1896 des Acadiens en provenance des Îles-de-la-Madeleine

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Chronique de David Le Gallant

Je voudrais ajouter tel qu’on me l’a demandé, quelques bribes sur une certaine culture du silence vis-à-vis de ces « trois vagues planifiées de génocide » dont parle cette plaque.


C’est rare de nos jours qu’on ose dire toute la vérité sur la vraie nature de ce qui a été perpétré contre le peuple acadien par la Couronne britannique.


L’expression « Grand Dérangement » cache pudiquement sous des mots


en apparence anodins, un réalité d’une grande cruauté :



  1. déportation par des forces militaires ;

  2. dispersion de quelque 6 000 déportés dans les colonies britanniques éloignés situées tout le long de la côte américaine aux populations souvent hostiles ;

  3. séparations, dislocations et désunions imposées aux familles par l’embarquement forcé des hommes, des femmes et des enfants sur des navires différents, sans égard aux liens familiaux ;

  4. assassinats de ceux qui étaient parvenus à s’enfuir qu’on pourchassait ;

  5. dévastation et terre brûlée pour affamer ceux qui s’étaient réfugiés dans les bois ;

  6. emprisonnement arbitraire dans des conditions souvent inhumaines et dégradantes, déportés ensuite vers l’Angleterre où ils furent soumis à la misère et à la maladie ;

  7. incendie systématique de toutes les maisons, granges, bâtiments, dépendances et des moulins des Acadiens déportés ou qui étaient parvenus à s’enfuir, et destruction de leurs villages ;

  8. confiscation au profit de la Couronne britannique de 120 000 têtes de bétail et de toutes les céréales appartenant aux Acadiens « devant être appliqués au remboursement des dépenses que le gouvernement devait faire pour les déporter de ce pays... et j’en passe.


Somme toute, ce tableau de chasse britannique est d’une rare brutalité. Il est difficile dans les circonstances de ne parler que de « dérangement » même « grand ».  C’est d’un véritable génocide qu’il s’agit.


En apprenant toute la vérité sur ce qui a été perpétré contre le peuple acadien, c’est notre devoir moral de la communiquer aux autres... pour que justice triomphe au grand jour.  Il devrait être dans l’ordre des choses que le Parlement canadien reconnaisse enfin le génocide acadien comme il l’a fait pour d’autres peuples.


La simple mention sur votre 2e plaque qu’il y eut « trois grandes vagues planifiées du génocide acadien » ne passe pas inaperçue, Mesdames, Messieurs.


Avant toute autre considération, cette mention de mise contribue à briser cette infâme « culture du silence » à l’endroit de ce que l’essayiste Michel Roy appelait « la tragédie du peuple blanc le plus opprimé du monde par un autre peuple blanc», la tragédie inexorable des Acadiennes et des Acadiens de l’Amérique du Nord britannique.




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