Souvenirs de Cuba en 1959

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Libération du Cuba des plages

J’ai eu le grand privilège d’être à Cuba, en août et septembre 1959, au moment de la libération des plages. Un moment unique, magique. J’ai eu aussi l’honneur de croiser Fidel Castro dans un petit resto de La Havane et de le croquer sur mon appareil-photo dégustant un repas chinois accompagné de la boisson la plus populaire de l’île après le rhum, le Coca-Cola. J’ai pensé que le court récit qui suit, écrit à l’époque et toujours conservé, pourrait intéresser les lecteurs du Devoir. Fin août 1959, un ami, chef scout, Maurice Da Silva, est à la recherche d’un couple avec voiture pouvant accompagner ses scouts pour quinze jours à Cuba afin de leur faire découvrir l’île qui a été libérée six mois auparavant. Nous devons fournir la voiture et l’essence. Le reste nous sera offert gratuitement, c’est-à-dire le gîte (sous la tente) et le couvert. Mon mari, Michel Chalvin, le poète Olivier Marchand et moi-même acceptons le défi. C’est une expérience unique. Traverser les États-Unis jusqu’à Key West où nous laissons les voitures pour prendre un ferry-boat qui nous amène à l’île de Cuba en quelques heures. Les chauffeurs-accompagnateurs logent dans un hôtel minable pendant que les scouts campent dans un parc municipal de La Havane. Nous allons le lendemain à Varadero pour visiter la campagne adjacente. Au hasard d’un arrêt dans un bistro, nous apercevons Fidel Castro accompagné de trois militaires qui mangent à une table voisine. Il accepte que des « Canadienses » le photographient, mais non des « Americanos ». Nous sommes très impressionnés. Il y a des revolvers déposés sur une table à deux pas de nous… Le plus beau souvenir que je garde de ce voyage, c’est d’avoir assisté à la libération des plages. Les Américains, propriétaires de luxueuses villas au bord de la mer avaient élevé de hautes clôtures pour protéger leurs propriétés et les plages, interdisant ainsi aux Cubains l’accès à la mer. Or, six mois après la Révolution, le nouveau gouvernement ordonne la suppression des clôtures. À partir de onze heures du matin par un beau dimanche ensoleillé de septembre, toutes les plages sont ouvertes aux Cubains. C’est par milliers qu’hommes, femmes et enfants, la plupart vêtus de jeans et de t-shirt, courent sur la plage et se jettent à la mer. Un désir brimé depuis tant d’années ! Avoir enfin accès à la mer… Je garderai toujours gravés dans ma mémoire la joie, le bonheur et l’ivresse de ce peuple libéré.


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