Stephen Harper supporte ouvertement les dernières dictatures d’Amérique latine

Le Québec ne devrait pas être associé à cette mascarade colonialiste

Tribune libre

On ne parle vraiment pas assez de politique étrangère au Québec, c’est un fait indéniable. Une nouvelle preuve est la récente visite de Stephen Harper en Amérique latine, un évènement qui est passé comme un fait quelconque dans l’actualité québécoise, cynisme ambiant oblige. Cette tournée de Stephen Harper est pourtant loin d’être anodine, étant que Stephen Harper, qui s’autoproclame comme « parlant en notre nom », en a profité pour renouveler son support à la dictature colombienne, signant une entente commerciale de libre-échange qui enrichira les multinationales canadiennes et le gouvernement colombien, au détriment du peuple colombien, dont les droits humains sont quotidiennement bafoués dans le pays reconnu par les organismes internationaux comme celui affichant la pire fiche en matière de droits humains sur tout le continent américain.
Comme si cela n’était pas déjà assez, Harper en a rajouté en allant signer une entente similaire avec le gouvernement du Honduras, gouvernement oligarque assassin issu du coup d’état militaire de juin 2009, qui a mis à la démocratie au Honduras. Presque aucun gouvernement n’a à ce jour reconnu la légitimité du gouvernement putshiste du Honduras, ce qui fait fait du Canada l’un des seuls états dans le monde à s’être couvert de honte en le reconnaissant ainsi publiquement comme « légitime ».
Lorsqu’il avait été annoncé pour la première fois que Harper allait effectuer une tournée régionale dans quatre pays d’Amérique latine, j’avais dit qu’à part le Brésil, qui est une étape quasi-obligatoire dans une telle tournée vu son énorme poids économique, que Harper, par caprice idéologique dans une région majoritairement à l’opposé idéologique complet de l’extrême droite conservatrice néo-libérale, allait surement faire le reste de sa tournée en Colombie, au Panama et au Honduras. Il n’y a que le Panama pour lequel je me suis trompé, Harper ayant préféré le Costa Rica, voisin idéologiquement similaire du Panama.
Pour ce qui est de la Colombie, on sait que cela fait des années que le gouvernement conservateur cherche le bon moment pour conclure un accord de libre-échange avec le gouvernement fasciste de Colombie, qui est idéologiquement assez proche des conservateurs de Stephen Harper, surtout par rapport au fait que les deux voient des terroristes partout. J’avais déjà posé des questions à cet effet à l’ex-ministre et ex-député conservateur Jean-Pierre Blackburn, en février 2009. J’avais réussi à lui faire avouer que la Colombie ne respecte aucun des droits élémentaires des travailleurs et des travailleuses (sécurité minimale des lieux de travail, travail des enfants en bas âge, exploitation inhumaine, dignité des travailleurs, discrimination sexiste, menaces (et meurtres) contre les membres de syndicats, etc.). C’est là que Blackburn m’a répondu que « Bien-sûr, nous faisons pression sur les gouvernements fautifs pour qu’ils fassent respecter les droits élémentaires des travailleurs, mais nous sommes fier, au gouvernement canadien, d’inclure une clause punitive dans nos accords de libre-échange : Lorsqu’un état signataire ne respecte pas ses engagements en fait de droits humains, une pénalité de 15 millions de dollars lui est imposée, une somme qui lui sera ensuite rendue avec la garantie de l’état fautif qu’il réinvestira cette somme pour améliorer le sort des travailleurs dans le pays. » Une mesure totalement insignifiante, il n’y a pas beaucoup d’autres mots pour qualifier ça. Le pire, c’est que le gouvernement conservateur canadien tient sensiblement le même discours de « fierté » sur la question aujourd’hui, en 2011.
Au Honduras, Harper a pourtant réussi a faire pire encore dans le domaine de l’hypocrisie. Après la signature d’un accord de libre-échange avec le Honduras « qui va stimuler l’économie canadienne » (un faible 160 millions de dollars d’échanges commerciaux l’année dernière, au prix de l’exploitation toujours plus féroce des travailleurs honduriens), Harper a assuré aux quelques journaleux présents que les abus répandus des droits humains au Honduras (il n’a pas mentionné les assassinats de centaines d’opposants politiques, des leaders syndicaux et de dizaines de journalistes indépendants) n’étaient pas liés au gouvernement du Honduras. Comment il sait ça, Harper ? Il a demandé au président Lobo…
Vous savez, je me demande ce que Bachar el-Assad, le président de la Syrie, répondrait si on lui demandait si son gouvernement viole les droits humains de son peuple. Il répondrait sans doute quelque chose comme « Il n’y a pas de violations systématiques des droits humains en Syrie. Les quelques morts ici et là, ce sont des cas isolés. Mon gouvernement n’y est pour rien. »
Stephen Harper et son gouvernement conservateur réactionnaire constituent une honte non seulement pour le Canada, mais pour le Québec également, qui voit ce gros bonnet parler en notre nom, malgré le fait que son parti n’a récolté que 12% des votes au Québec lors de l’élection fédérale du 2 mai dernier. Stephen Harper, dont le gouvernement conservateur s’est empressé d’envoyer des avions de guerre bombarder la Libye « pour protéger la population civile » (en bombardant des hôpitaux, des écoles et des quartiers résidentiels) sur la base de fausses rumeurs répandues dans les médias, signe en notre nom des traités de libre-échange avec les seules dictatures restantes en Amérique latine, se foutant totalement de l’exploitation inhumaine, des assassinats et autres crimes perpétrés par les gouvernements de la Colombie et du Honduras. En appelle ça de l’hypocrisie, tout simplement.
Un jour, les peuples de ces deux pays se libèreront de leurs chaînes et remercieront ceux qui les ont supporté dans leur lutte, mais ils jugeront aussi ceux qui ont aidé à faire durer leurs souffrance. Lorsque ça arrivera, il serait bien que le Québec soit libre et n’ait pas à subir l’humiliation d’être associé injustement aux arrogants patrons impérialistes d’Ottawa.
-Gabriel Proulx, co-porte-parole du Parti communiste du Québec
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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    21 août 2011

    Monsieur Proulx,
    Il ne faut pas trop s'emporter avec le comportement de Harper. Il a prouvé à plus d'une reprise qu'il est un maître de la provocation, genre je n'ai pas de principes, je ne me soucie que du sort des riches et j'en suis fier.
    Ce sont les Canadiens et les Québécois qu'il faut convaincre qu'il est possible d'établir une société plus juste dans laquelle tous peuvent vivre décemment pas l'établissement comme le désirait le regretté syndicaliste Michel Chartrand d'un revenu universel.