Subvention controversée - L’église Saint-James se défend

Alors que la CAQ refuse de retirer ses accusations envers André Boisclair, l’église affirme avoir mené sa réfection en toute transparence

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Duchesneau s'est tiré dans le pied (Merci Garnotte)

Québec — Alors que les accusations de Duchesneau à l’endroit d’André Boisclair continuent de semer l’émoi à Québec, le révérend de l’église Saint-James à Montréal se désole de voir « un si merveilleux projet » au centre d’une controverse qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Pourtant, jure le révérend Arlen Bonnar, tout a été fait en conformité avec la loi.
« C’est un merveilleux projet, qui a été acclamé par plein de gens. Depuis sa réfection, des centaines de milliers de personnes de partout à travers le monde ont visité notre église. Et là, il y a ces histoires politiques à Québec, ce n’est certainement pas agréable de voir le nom de son institution traîné dans la boue. »

En entrevue au Devoir, le révérend Bonnar affirme que malgré la tourmente autour de l’entrepreneur Paul Sauvé, ami d’André Boisclair, qui a réalisé une partie des travaux, il ne regrette pas d’avoir procédé comme il l’a fait. « Je ne regrette rien. Le projet a été mené de la façon dont nous le voulions, dans le souci de remettre le patrimoine culturel aux Québécois. C’est dommage qu’un si merveilleux projet soit aujourd’hui entaché par des détails, mais nous ne pouvons rien y faire. »

Le révérend ne compte pas déclencher une enquête interne à la suite des révélations de Paul Sauvé à la commission Charbonneau, mais il répète que tout a été fait en toute transparence et diligence avec les avocats de l’église Saint-James. « Dès le début, rien n’a été fait sans que nous ayons consulté notre avocat. »

Il avoue qu’il s’est senti heureux de recevoir la confirmation de la subvention avant le changement de gouvernement en 2003, mais répète que ce projet avait obtenu d’innombrables appuis des différents gouvernements, de même que de la Ville de Montréal, et ce, dès le début du projet de réfection dans les années 1990, comme le constate également le directeur du Conseil du patrimoine religieux, Jocelyn Groulx. « L’octroi de cette aide financière s’inscrivait dans une continuité, c’est une église qui a bénéficié de plusieurs aides à la restauration sur plusieurs aspects, tant pour les tours, le clocher et la maçonnerie. C’est un travail qui s’est échelonné sur plusieurs années, ce n’était donc pas une subvention spontanée. »

L’apport de Paul Sauvé

Au fil des années, l’église Saint-James a reçu des millions de dollars en subventions de différents paliers gouvernementaux pour sa réfection, dont une enveloppe de 800 000 $ par le ministère de la Culture du Québec, et ce, à peine deux semaines avant le déclenchement des mêmes élections de 2003. Comme la subvention de 2,5 millions accordée par André Boisclair, qui était alors ministre des Affaires municipales, l’enveloppe était adressée directement à l’église Saint-James, et non aux entrepreneurs. Par ailleurs, ce n’était pas une enveloppe réelle, mais une confirmation de l’admissibilité à une subvention « sous réserve de l’obtention par l’Assemblée nationale des crédits nécessaires ». Quant aux appels d’offres, c’est l’église elle-même qui en avait la responsabilité, précise le Conseil du patrimoine religieux, qui supervisait une partie des travaux de réfection.

Le révérend Arlen Bonnar se souvient que l’entrepreneur Paul Sauvé était arrivé à l’époque avec un plan de réfection qui les avait vivement intéressés, c’est pourquoi le conseil d’administration de l’église avait décidé de l’embaucher comme gérant de construction. Il était donc lié de près aux travaux et avait fait du démarchage auprès de différentes autorités à Québec pour aider l’église à obtenir ce prêt.

Duchesneau refuse de se rétracter

À Québec, Jacques Duchesneau a pour sa part refusé de se rétracter jeudi pour les accusations qu’il avait portées contre André Boisclair. Dénonçant l’octroi d’une subvention à quatre jours des élections, il avait fait le lien entre la consommation de cocaïne de l’ex-ministre et l’octroi de la subvention à un entrepreneur associé aux Hells Angels. Devant la mise en demeure du délégué général du Québec à New York, Jacques Duchesneau a même renchéri : « Mais où achetait-il sa drogue en 2003 lorsqu’il était ministre ? Où ? À la Société des alcools du Québec ? »

À ses côtés, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a encouragé son député dans ce sens. « Jacques Duchesneau a posé des questions qui sont pertinentes. Et la vérité finit toujours par se savoir. M. Boisclair réagit vivement. Il a tous les droits de se défendre. M. Boisclair a le droit de lancer une pétition, mais nous, on a le droit de poser des questions. »

François Legault jure qu’il n’était pas au courant de la subvention accordée à quatre jours du scrutin, et ce, bien qu’il ait fait à l’époque campagne aux côtés d’André Boisclair à titre de membre de l’équipe péquiste. La veille, il affirmait qu’une subvention accordée en campagne électorale était quelque chose de « très, très exceptionnel ». Pourtant, à deux semaines de cette fameuse élection de 2003, il a lui-même autorisé le projet de rénovation de l’urgence du Pavillon Saint-François d’Assise du Centre hospitalier universitaire de Québec, un projet de 14 millions de dollars « entièrement assuré par le ministère ». Questionné à cet effet, le chef de la CAQ s’est défendu en disant qu’il n’avait jamais donné d’argent « à un ami ».


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