Projet minier Arnaud - Le BAPE reproche à Québec son manque de transparence

E9543a01b85c2b20060ad891a1dc00f9

Inacceptable

Dans un geste sans précédent, le président de la commission d’enquête du BAPE sur le projet de mine Arnaud à Sept-Îles dénonce le manque de transparence de Québec, qui est promoteur dans le projet.

« J’aimerais signaler que la commission a été très insatisfaite de plusieurs réponses qu’elle a obtenues hier de la part des personnes-ressources, peut-on lire dans le compte rendu de la première partie des audiences publiques qui s’est tenue le 28 août dernier à Sept-Îles. Et j’insiste là-dessus parce que c’est la première fois de ma carrière qu’à la suite d’une première séance, même si elle a été longue, les analystes m’indiquent, entre autres choses, que pour les personnes-ressources, nous avons trois pages de questions en suspens qui n’ont pas été répondues [sic] et pour lesquelles les réponses doivent venir. »

Le président Joseph Zayed faisait référence aux discussions de la toute première journée des audiences, le 27 août dernier, où plusieurs questions des citoyens et des commissaires sont restées sans réponse de la part du promoteur, représenté par François Biron et une équipe d’ingénieurs et de spécialistes, de même que des représentants des ministères de l’Environnement, des Ressources naturelles et de la Santé, qui n’étaient pas en mesure de donner des réponses claires et complètes. Les questions litigieuses portaient notamment sur les risques pour la santé, la quantité de contaminants atmosphériques émis dans l’environnement ou demandaient de préciser à qui incomberait la responsabilité advenant une fuite ou une contamination du lac.

Malaise

Plusieurs opposants au projet, qui se sont présentés au micro pour obtenir des réponses à leurs questions, ont dénoncé le fait que l’actionnaire principal du projet était le gouvernement du Québec lui-même par la filière d’Investissement Québec et mettaient en doute l’impartialité du promoteur et des représentants des différents ministères qui oeuvraient à titre de personnes-ressources.

Cette situation n’a pas échappé au président Zayed qui a accusé les représentants de l’État d’amplifier cette impression en ne répondant pas aux demandes des citoyens et à celles des commissaires. « Plusieurs questions ont créé une certaine frustration ressentie chez l’auditoire et certainement bien cachée par la commission […] J’invite les personnes-ressources des organismes invités à faire ce qu’il faut pour répondre de façon diligente et avec rigueur aux questions qui leur seront posées pour éviter que des insatisfactions tant chez les participants que chez la commission puissent amener à des dérives éventuelles. »

Le président de la commission rappelle que c’est du « devoir » des intervenants et du promoteur de répondre avec précision aux questions. « Vraiment, je fais cette remarque à contrecoeur, ajoute Joseph Zayed dans son discours d’introduction. Ce n’est pas du tout dans mon tempérament de faire ce genre d’observation, mais hier, c’était trop évident et c’était démesuré. Donc j’espère qu’il y aura correction de tir. »

Un projet controversé

Cette mise au point du président a semblé rassurer certains citoyens qui remettaient en doute l’impartialité du BAPE, d’autant plus que son ancien président, Pierre Renaud, a été mandaté par Investissement Québec pour aider Mine Arnaud à préparer son passage devant la commission d’enquête, comme le révélait Le Devoir en mai dernier.

Mine Arnaud est une coentreprise entre Investissement Québec, organisme de développement économique créé par le gouvernement du Québec, et Yara International, le plus important fabricant d’engrais au monde. Le promoteur souhaite extraire un total de 556 millions de tonnes d’apatite - un minerai de phosphate utilisé dans la fabrication de fertilisant agricole - dans une fosse d’extraction à ciel ouvert de Sept-Îles. Le minerai serait par la suite envoyé par bateau en Norvège où il serait traité par Yara International. Ce projet est mal accueilli par une partie de la population de Sept-Îles qui craint des impacts sur la santé et l’environnement et qui réclame un référendum sur la question pour démontrer qu’il n’y a pas d’acceptation sociale.

La deuxième partie des audiences publiques reprend mardi à Sept-Îles. Le BAPE remettra son mémoire d’ici au 27 décembre prochain.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->